Seulement 37 nations ont soumis à l'ONU leurs engagements chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui doivent permettre de limiter à 2°C le réchauffement climatique. Une deuxième salve d'engagements est espérée en juin, une autre en septembre, en tout cas avant le 31 octobre, c'est à dire un mois avant l'ouverture de la grande conférence sur le climat à Paris. Déjà des voix s'élèvent pour appeler à plus d'ambition pour permettre de limiter le réchauffement de la planète à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle. Pour Laurence Tubiana, négociatrice pour la France, les engagements nationaux seront sans doute insuffisants. Mais c'est l'enjeu de l'accord de Paris de rattraper progressivement la trajectoire des 2°C, en prévoyant un système pour revoir à la hausse les engagements. Voici les principaux engagements déjà connus:
Union Européenne Début mars, l'UE (12% des émissions, 3e rang mondial) a été la première à transmettre son plan: réduire d'au moins 40% d'ici à 2030 ses émissions par rapport à leur niveau de 1990, en cohérence avec l'objectif de long terme d'une réduction de 80-95% d'ici 2050. La Norvège s'est alignée sur les chiffres européens. La Suisse a un objectif de -50% à horizon 2030 (par rapport à 1990). Ces engagements insufflent une dynamique positive, mais ces pays ont encore la capacité d'améliorer leurs contributions d'ici Paris, souligne la Fondation Hulot, tandis que le Climate Action Tracker, regroupant plusieurs centres de recherche spécialisés dans les politiques climatiques, juge moyen le niveau d'engagement européen.
Etats-Unis Le 2e émetteur mondial affiche un objectif de réduction de 26% à 28% de ses émissions d'ici 2025 par rapport à 2005. En deça des Européens, mais au-delà des précédentes contributions américaines, résument les experts. Les Etats-Unis sont au moins désormais présents sur la scène internationale avec un plan crédible qui amorce le virage vers une économie faible en carbone, souligne Jennifer Morgan, du World Resources Institute, jugeant que l'administration Obama est la première à véritablement s'attaquer au problème et utiliser tous les outils à sa disposition. Ces objectifs restent compatibles avec la cible de -83% d'ici 2050 (annoncée à Copenhague), elle-même compatible avec les scénarios de maintien sous 2°C, analyse l'Institut pour le développement durable (Iddri).
Russie Le 5e émetteur mondial, derrière l'UE et l'Inde, assure viser moins 25 à 30% entre 1990 et 2030. Mais si l'on retire l'effet positif généré par les vastes forêts du pays, ce n'est plus qu'une réduction des émissions de GES industriels de 6 à 11%, souligne le Climate Action Tracker, qui évoque une effort inadapté.
Canada Le pays, dont le gouvernement conservateur a décidé en 2011 de sortir du protocole de Kyoto, annonce une réduction de 30% d'ici 2030 par rapport à 2005. Un effort inadapté, selon le Climate Action Tracker, soulignant que la projection exclut l'élément forêt: c'est en fait une réduction de -21% par rapport à 2005 et -2% par rapport à 1990. Le Canada n'est pas sérieux quand il s'agit d'action climatique. Sans mesure nouvelle, ses émissions vont gonfler jusqu'en 2030, le pétrole issu des sables bitumineux prenant une place importante, relève Bill Hare, de Climate Analytics. Le Québec a regretté qu'Ottawa ait fixé son objectif sans concertation avec les provinces. Première province à annoncer son objectif pour 2030, l'Ontario a indiqué qu'elle comptait réduire ses émissions de 37% par rapport à 1990.
Autres Le Mexique a été le premier pays émergent à dévoiler ses objectifs, prévoyant un pic d'émissions en 2026 et le Gabon, le premier pays africain. Ce dernier s'est engagé à réduire de 50% ses émissions en 2025 par rapport à 2000. De grands pays émetteurs manquent à l'appel. Fin 2014, après un accord avec les Etats-Unis, la Chine, premier émetteur mondial (plus de 25% des GES), s'est engagée à ce que ses émissions cessent d'augmenter à partir de 2030. Elle devrait publier sa contribution officielle dans les semaines à venir. L'Inde reste plus prudente sur la date et la portée de son engagement. L'Australie et le Japon - en retrait sur les questions climatiques - sont prochainement attendus, ainsi que le Brésil.