Après le calme enregistré durant le week-end, en raison des congés aux Etats-Unis et au Japon, les courtiers ont eu la surprise, hier, à l'ouverture des marchés, de découvrir que les cours du pétrole taquinaient à nouveau le seuil des 100 dollars. Le prix du baril de pétrole Brent de la mer du Nord a atteint à Londres un nouveau record historique de 96,55 dollars, améliorant de deux cents son précédent pic. A New York, le prix du baril a poussé jusqu'à 99,11 dollars, tout près de son récent record à 99,29 dollars. Vers 11H30 GMT, le baril de brut, pour livraison en janvier, valait 96,46 dollars à Londres et 99 dollars à New York. Il y a un an exactement, un baril de Brent coûtait 60 dollars. Il a pris 60% depuis lors. A New York, les prix ont progressé d'environ 62% depuis un an. Les cours sont soutenus par la faiblesse du dollar, ainsi que par la perspective d'une forte baisse des températures dans le Nord-Est des Etats-Unis, premier consommateur mondial de fioul de chauffage. Les opérateurs surveilleront par ailleurs cette semaine le moindre signe allant dans le sens d'un relèvement de la production de l'Opep avant la réunion du 5 décembre à Abou Dhabi. Les raisons de fond expliquant la hausse des prix de l'or noir sont donc les mêmes depuis des mois. Les acteurs du marché craignent que l'offre ne suffise pas à satisfaire une demande qui croît à un rythme soutenu. Dans ce contexte, ils observent avec inquiétude la fonte des stocks des pays de l'OCDE, et en particulier américains. Dans ce contexte, le même débat sur le relèvement de la production de l'Opep refait surface. La réticence de l'Organisation, dont les pays représentent 40% de l'offre mondiale de brut, à augmenter franchement sa production continue d'être considérée par les consommateurs comme un facteur aggravant. Le cartel pétrolier impute, pour sa part, la flambée des prix à la spéculation et aux infrastructures de raffinage. Certains membres du cartel comme l'Arabie saoudite plaident pour une hausse des quotas, tandis que d'autres estiment que le marché est suffisamment approvisionné. Selon des professionnels observant les mouvements des pétroliers, les livraisons de l'Opep devraient augmenter de 720 000 barils par jour sur les quatre semaines au 8 décembre. Le ministre iranien du Pétrole a reconnu samedi que certains Etats membres au sein de l'Opep préconisaient un relèvement des quotas de production du cartel lors de la réunion des délégués le 5 décembre à Abou Dhabi. "Certains pays s'entendent sur un accroissement de la production et d'autres pensent qu'il existe à l'heure actuelle un équilibre entre l'offre et la demande de pétrole", a déclaré Gholamhossein Nozari. Les investisseurs estiment que l'offre mondiale va peiner à satisfaire la demande dans les mois qui viennent d'autant plus que l'hiver sera rigoureux. Les températures dans le Nord-Est des Etats-Unis sont actuellement conformes aux normales saisonnières, selon le site de la chaîne de télévision américaine The Weather Channel, mais les experts du Centre national de la météorologie anticipent des températures en deçà de ces normales au cours des six à dix prochains jours. A cela s'ajoutent des tensions géopolitiques chez les plus gros producteurs mondiaux, tels que l'Irak, l'Iran et le Nigeria, une énorme spéculation et des facteurs techniques comme la faiblesse du dollar, de quoi entretenir la spirale haussière des prix.