Les cours du pétrole s'apprêtent à subir de nouvelles pressions à la baisse dans un contexte de recul de la demande face à une offre de plus en plus surabondante et la phase de réajustement des marchés pourrait se prolonger jusqu'à l'an prochain, a déclaré vendredi l'Agence internationale de l'Energie (AIE). L'agence s'attend à un ralentissement de la croissance de la demande mondiale à 1,2 million de barils par jour (bpj) en 2016 contre 1,4 million cette année, nettement insuffisante pour compenser la croissance continue de la production, tant des pays de l'Opep qu'hors Opep. "Il se peut que le point bas du marché soit encore à venir", écrit l'agence dans son rapport mensuel. "Le mouvement de rééquilibrage, qui a commencé lorsque les marchés ont lancé une première phase de baisse des cours de 60% il y a un an, n'est pas fini. De récentes évolutions laissent penser que le processus se prolongera largement en 2016." "Le marché pétrolier était largement excédentaire au deuxième trimestre de 2015 et le reste aujourd'hui. De même, il apparaît clairement que la capacité du marché à absorber l'excédent ne devrait pas durer. Les capacités de stockage terrestre sont limitées, ainsi que la flotte de pétroliers." La surabondance de l'offre provient d'une forte augmentation de la production américaine liée au développement du pétrole de schiste et de la décision de l'Opep de ne pas réduire sa production afin de conserver ses parts de marché. Mais la récente chute des cours, à 50-60 dollars le baril contre 115 dollars il y a un an, n'a pour l'instant pas d'impact notable sur la production nord-américaine. "Le calendrier attendu du rééquilibrage s'est quelque peu modifié mais le scénario n'a pas changé. La réponse de l'offre à la baisse des cours est en route", dit l'AIE, ajoutant qu'il faudra peut-être une nouvelle baisse des cours pour que cette réponse se déploie en totalité. L'offre de pétrole des Etats-Unis a augmenté d'un million de bpj au cours des cinq premiers mois de 2015, en baisse par rapport aux 1,8 million de bpj de 2014. L'offre totale des pays hors Opep, après avoir augmenté de 2,4 millions de bpj en 2014, semble ralentir à un rythme de croissance d'un million de bpj en 2015 pour ne plus augmenter en 2016. La croissance de la demande mondiale semble elle avoir atteint un pic au premier trimestre 2015, à 1,8 million de bpj, et devrait fléchir le reste de l'année et en 2016. Ce qui signifie que les besoins en pétrole de l'Opep se situeront à 30,3 millions de bpj l'an prochain, en hausse d'un million par rapport à 2015, mais encore en retrait de 1,4 million par rapport à la production du cartel.
Le rebond du pétrole s'essouffle à New York Les cours du pétrole ont échoué vendredi à prolonger leur rebond de la veille à New York, cédant sous le poids d'une surabondance de l'offre ne donnant aucun signe d'affaiblissement. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en août a perdu juste 4 cents à 52,74 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a en revanche terminé la séance en hausse, gagnant 12 cents à 58,73 dollars. Vers 17h00 GMT, une heure et demie avant la clôture du marché new-yorkais, la société de services pétroliers Baker Hughes a annoncé qu'il y avait cinq puits de pétrole en activité de plus que la semaine dernière, où il y en avait déjà eu 12 de plus que la semaine précédente. Selon Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, c'est le signe que les producteurs (de pétrole américains) ont suffisamment réduit leurs coûts de production pour se remettre à pomper du brut. Or, mercredi, le ministère de l'Economie (DoE) avait fait déjà état d'une progression de la production nationale, le tout dans un contexte international d'offre surabondante, confirmé vendredi par l'Agence internationale de l'Energie (AIE), alors que l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) dépasse également largement ses plafonds officiels de production. Enfin, le marché suit de près les négociations sur le programme nucléaire iranien. Une énième date limite est passée vendredi sans accord, mais personne n'est parti pour de bon de Vienne où se tiennent les pourparlers, a relevé M. Lipow. Un nouveau délai court jusqu'à lundi. Un accord entre l'Iran et les grandes puissances entraînerait une levée des sanctions frappant la République islamique, et un afflux de brut supplémentaire sur les marchés - dans ce cas, les cours pourraient descendre jusqu'à 50 dollars le baril de WTI selon M. Lipow. A l'inverse, si les négociations sont rompues sans accord, les cours pourraient regagner jusqu'à 3 dollars, a-t-il estimé. La journée a été marquée par une évolution en dents de scie, plusieurs investisseurs jugeant exagérée la chute de 13% des cours entre le 30 juin et le 8 juillet. Les analystes de Commerzbank ont souligné à cet égard que la forte hausse des marchés d'actions en Chine ces deux derniers jours a donné un coup de fouet, atténuant les craintes sur l'impact de l'effondrement récent des places boursières sur l'économie du pays et donc la demande. La Chine est le plus gros importateur de pétrole au monde. Le retour de l'optimisme sur les Bourses européennes et le renforcement de l'euro, après les nouvelles propositions de la Grèce pour régler le problème de sa dette, pouvait également trouver un écho sur les marchés des matières premières.