Malgré les efforts déployés par l'Etat pour réduire la facture d'importation des céréales, celle-ci ne cesse d'augmenter. D'ailleurs, l'Algérie est considéré comme l'un des plus gros importateurs de blés au monde. Aussi en dépit de l'augmentation de la production qui est passée de 20 millions de quintaux à 50 millions de quintaux par an, les responsables du secteur estiment que ces quantités demeurent insuffisantes face à la hausse de la demande. En effet, M. Mohamed Belabdi a indiqué dans un entretien accordé a l'APS que notre pays pourrait atteindre l'autosuffisance du blé dur "Si nous arriverons à réaliser, à l'horizon 2019, l'objectif retenu de 600.000 ha de céréales en irrigué avec un rendement moyen de 30 quintaux/ha, nous pourrons facilement atteindre l'autosuffisance en blé dur", avance le directeur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic). Outre la céréaliculture est largement dépendante de la pluviométrie en Algérie puisque sur une superficie totale de 3,4 millions d'ha, seulement 240.000 ha bénéficient actuellement de l'irrigation, soit 7% de cette superficie, a-t-il fait savoir . Entre autre, les importations des céréales (blés, maïs, orge) ont atteint 1,89 milliard de dollars (md usd) au 1er semestre 2015, contre près de 1,77 md usd à la même période de 2014 (+7,3%), a appris hier l'APS auprès des Douanes algériennes. Les quantités importées ont connu la même tendance en atteignant près de 6,93 millions de tonnes contre 5,86 millions de tonnes sur la même période de l'année 2014 (+18%), précise le Centre national de l'information et des statistiques des douanes (Cnis). Pour le blé, la facture des importations s'est chiffrée à 1,36 md usd contre près de 1,24 md usd (+10%), tandis que les quantités importées ont augmenté en passant à 4,38 millions de tonnes contre 3,78 millions de tonnes (+16%). Par catégorie de blés, les importations de blé tendre se sont établies à 879,54 millions usd (3,41 millions de tonnes) durant la première moitié de l'année 2015 contre 831,41millions usd (2,741 millions de tonnes) à la même période de 2014, en augmentation de près de 5,8% en valeur. La facture du blé tendre a, ainsi, représenté plus de 46% de la totalité des importations des céréales. Pour les importations de blé dur, la facture a augmenté à 482,31 millions usd (970.042 tonnes) contre 407,44 millions usd (1,04 million de tonnes), en hausse de 18,38% en valeur alors que les quantités ont diminué de 6,8%. Les importations de blé dur correspondent à plus de 25% de la facture globale des céréales. Pour le maïs (semence et autres), les importations se sont chiffrées à 437,69 millions usd (2,13 millions de tonnes) contre 452,54 millions usd (1,78 million de tonnes), en baisse de près de 3,3% en valeur, mais la quantité a augmenté de près de 19,7%. Cette baisse en valeur est due essentiellement à un recul des prix mondiaux du maïs. Concernant l'orge, l'Algérie en a importé pour 99,44 millions usd (412.067 tonnes) contre 78,36 millions usd (296.099 tonnes), en hausse de 27% en valeur et de plus de 43% en quantité. En 2014, la facture des importations des céréales s'était établie à 3,54 milliards de dollars, en hausse de 12% par rapport à 2013.
La récolte 2014-2015 meilleure que la précédente Le directeur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic), a fait savoir que "Nous sommes en train de booster la filière blé dur et orge, des produits qui sont à notre portée étant donné que l'Algérie, historiquement, est un producteur de blé dur de bonne qualité". Selon lui, la bonne conduite des cultures a eu un impact positif sur la récolte qui s'achève: "Ce n'est pas une mauvaise année comme certains le prétendent. C'est plutôt une année moyenne mais meilleure que la précédente". Une production de 40 millions qx en 2015 contre 34 millions qx durant la saison précédente, prévoit l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic). C'est que les prévisions du quinquennat 2015-2019 tablent sur une production céréalière de 69,9 millions de quintaux (qx), soit environ le double de la récolte actuelle, et ce, en tablant sur l'extension des surfaces irriguées d'un (1) million d'ha supplémentaires dont 600.000 ha seront réservés à la culture céréalière. Les rendements de blé dur se sont relativement améliorés ces dernières années grâce à la nouvelle politique de soutien et d'accompagnement adoptée par les pouvoirs publics depuis 2009, en passant de 10 qx/ha à 20 qx/ha. Mais la facture des importations continue à peser puisqu'elle avait atteint plus de 784 millions de dollars en 2014 pour une quantité de 1,98 million de tonnes, contre plus de 434 millions de dollars en 2013 (1,09 million de tonnes). "Le blé dur coûte deux fois plus cher que le blé tendre sur un marché mondial constamment instable", observe M. Belabdi expliquant l'intérêt porté par l'Oaic à la réduction des importations en s'impliquant dans le développement de la production nationale. Surtout que les importations des céréales en général (blés dur et tendre, orge et maïs) se sont établies à 3,54 milliards de dollars en 2014, contre 3,16 mds usd en 2013 (+12%). Ainsi, pour augmenter la superficie céréalière irriguée, l'Oaic conduit et vulgarise un programme soutenu par les pouvoirs publics, destiné à l'équipement des parcelles céréalières en systèmes d'irrigation (pivots, asperseurs...) notamment au sud du pays. Grâce à un crédit bancaire, la superficie équipée a atteint, jusqu'à maintenant, 30.000 ha contre 24.000 ha en 2014. Le coût de cette opération est soutenu à hauteur de 50% par l'Etat, le reste étant remboursé par le producteur sur trois années en livrant sa production à cet office céréalier qui a passé une commande de matériels d'irrigation à Anabib pour équiper des agriculteurs dès la prochaine saison. "Cette année, les producteurs, qui ont apporté une irrigation d'appoint et respecté l'itinéraire technique de culture, ont enregistré des rendements appréciables malgré la sècheresse qui a sévi durant mars et avril avec des températures record atteignant 38 degrés", affirme le même responsable. Concernant les rendements, l'office, qui rachète la production des agriculteurs, a enregistré 10 à 50 quintaux/ha à sec (production dépendante de la pluviométrie) et 60 à 75qx/ha en irrigué. Pour la saison prochaine, l'Oaic, qui encadre la campagne labours-semailles, compte aussi introduire de nouvelles variétés de semences de blés et augmenter les quantités de semences certifiées commercialisées ainsi que les engrais. De surcroît, dans le but d'améliorer les rendements et de résorber la jachère, cet organisme compte porter de 10.000 à 40.000 ha la superficie dédiée à la culture des légumineuses alimentaires (pois chiches, lentilles, fèverole, luzerne, pois fourrager...). "Nous avons passé une grande commande de semences de légumineuses alimentaires pour la saison agricole 2015-2016 en vue de résorber la jachère qui se situe dans les bassins céréaliers en haute plaine", fait-il savoir. Outre la production des besoins de consommation de légumes secs et fourrages, cette "rotation" des cultures permet d'enrichir les sols et d'obtenir, par ricochet, de meilleurs rendements céréaliers. Pour rappel, la production céréalières de la saison agricole 2012-2013 a atteint 49,1 millions de quintaux au niveau national, en recul de 900.000 quintaux par rapport à la saison précédente. Ce recul de la production est dû, selon les professionnels, à une sécheresse qui avait touché les wilayas de l'Est du pays, d'où provient le gros de la récolte nationale. A cet effet, l'Etat a décidé de soutenir les agriculteurs pour créer de nouveaux périmètres irrigués en vue d'accroître la production céréalière.