Brice Hortefeux, ministre français de l'Immigration a dévoilé, en début de novembre, la liste des métiers qui intéressent la France dans le cadre de la migration de travail. C'est la fameuse immigration choisie du président Sarkozy. Deux listes ont été élaborées : une réservée aux ressortissants européens et qui concerne des métiers qui ne demandent pas de qualification particulière ; une seconde liste qui renferme des métiers à haute qualification et réservée aux pays d'immigration non européens. Quand on jette un coup d'œil sur cette liste, on se rend compte que les autorités françaises visent la crème des ressources humaines des pays d'émigration. Ce sont des secteurs professionnels pointus qui intéressent la France. Certains observateurs constatent aussi que la vision française tend à organiser par-là une "fuite de cerveaux organisée". La question qui se pose est : le gouvernement français compte-t-il lever les obstacles existant toujours dans la libre circulation des personnes ? Pour Nicolas Sarkozy, qui a accordé, hier, un interview, à l'APS, l'immigration choisie est celle qui correspond aux besoins de la société et de l'économie française. Les pays d'immigration, comme les Etats-Unis, le Canada ou l'Australie sont, également, très sélectifs, et beaucoup plus que la France. Selon lui, l'Algérie, elle-même, commence à être confrontée à ce type de problématique. "Mais il ne s'agit pas de permettre la fuite des cerveaux dont vous mentionnez le risque, à très juste titre. Car l'immigration choisie peut aussi être une immigration concertée, qui répond à la fois aux besoins des pays d'origine et de destination", expliquera-t-il. "C'est dans cet esprit que nous avons instauré une carte "compétences et talents" qui prévoit le retour de son bénéficiaire au bout de 3 ans, et qui est renouvelable une fois seulement, ce qui fait que celui-ci revient dans son pays d'origine pour mettre la compétence acquise à son service. Cette carte ne s'applique malheureusement pas, pour le moment, aux ressortissants algériens séjournant en France, qui relèvent d'une convention particulière, celle de 1968", plaidera le président français. Pour lui, les textes adoptés au lendemain de l'indépendance ne doivent pas rester figés. Selon le président Sarkozy, il y a actuellement un peu plus de 21.000 étudiants algériens en France. Chaque année, ce sont environ 3000 étudiants algériens supplémentaires qui s'inscrivent dans des universités françaises, par le canal des centres pour l'enseignement en France. "Il est difficile d'obliger ces étudiants à revenir chez eux s'ils ne le souhaitent pas. Mais il faut leur proposer un suivi, qui n'existe pas du tout actuellement et ne relève pas principalement des autorités françaises, les informer sur les possibilités d'emploi dans leur pays d'origine. Voilà quelles sont, à mon avis, les vraies questions, sur lesquelles tous, nous devons nous interroger", dira-t-il. Quant à la question de la circulation des personnes, Sarkozy a déclaré que "le président Bouteflika a eu l'occasion de me dire, et même de m'écrire, que c'était pour lui un sujet important, et je vous assure qu'il ne l'est pas moins pour moi. Je vous rappelle que c'est moi qui, en novembre 2006, aie négocié avec nos partenaires la fin de la consultation préalable Schengen dans les procédures d'attribution des visas. Je suis, en effet, convaincu qu'il faut faciliter les échanges humains des deux côtés de la Méditerranée, sans pour autant ignorer l'existence d'une forte pression migratoire, dont témoigne le drame des harraga". L'objectif, selon Sarkozy, c'est de parvenir avec les autorités algériennes à une gestion concertée des flux migratoires. "Les choses se sont améliorées de notre côté, avec l'ouverture du Consulat général à Oran en septembre dernier, conformément aux engagements pris, et le rapatriement en Algérie, depuis le mois de juillet, de toutes les procédures de visas", expliquera-t-il, tout en ajoutant que "nous avons développé les visas de circulation de longue durée, qui représentent actuellement le quart des demandes de visas (ce qui explique aussi la baisse du nombre de visas demandés et accordés, car il y a plus de voyageurs pour le même nombre de visas). Mais je veux faire plus. Je veux que ces visas de circulation soient beaucoup plus systématiques pour les personnes qui ne présentent pas de risque migratoire, je veux qu'ils aient la durée la plus longue possible. Et tout cela, je le souligne sur la base de la réciprocité, car il ne faut pas voir les choses dans un seul sens, Algérie-France, mais aussi France Algérie". Cependant, les hommes d'affaires français ou les experts qui viennent dans le cadre des accords de coopération n'obtiennent que des visas de très courte durée. Pour Sarkozy, la question est en train d'évoluer dans le bon sens.En effet, la biométrie, qui sera introduite en Algérie dans le courant de 2008, devrait permettre, selon le président français, une diminution du taux de refus, actuellement assez élevé, grâce à une approche plus personnalisée et donc plus fine des dossiers. "Sachez, en tout cas, que j'ai donné des instructions pour que l'on attache une attention prioritaire à ces problèmes, et que l'on traite les demandeurs de visas avec le maximum de respect et d'humanité", conclut Sarkozy à ce sujet. Par ailleurs, parmi les préoccupations communes, il y a la lutte contre le terrorisme et l'action concertée contre ce phénomène transnational. A ce sujet, Nicolas Sarkozy, a déclaré que "la sécurité de l'Algérie, c'est notre sécurité, et inversement. Il existe entre nos deux pays une coopération importante et particulièrement efficace. Je suis bien placé pour le savoir, car nous avons beaucoup fait avec mes homologues algériens lorsque j'étais ministre de l'Intérieur, pour développer cette coopération. Progressivement, des relations de grande confiance se sont tissées entre les services spécialisés. C'est essentiel, car le terrorisme est notre ennemi commun".