Faire appel à l'immigration pour relancer la croissance en France, telle est la recommandation de la Commission pour la libération de la croissance confiée par Sarkozy à Jacques Attali, sherpa de François Mitterrand. La commission, à l'oeuvre depuis quatre mois, doit remettre ses conclusions, environ 300 propositions, au président français, le 23 janvier. Jean-Marie Le Pen, qui a accusé Sarkozy de plagiat sur l'immigration en s'inspirant de la politique du Front national, a aussitôt dénoncé le verdict d'Attali de proposition “absurde et criminelle”, à l'image de la politique d'immigration menée depuis 30 ans en France et qui a abouti, selon lui, à faire entrer en France dix millions d'étrangers ! Pour le leader de l'extrême droite, en perte de vitesse depuis que Sarkozy est à la tête de l'Etat français, la seule alternative c'est de faire “des Français en France”, c'est-à-dire de relancer le baby-boom français et de renvoyer chez eux tous les immigrés, y compris leurs enfants français au motif qu'ils ne s'intègrent pas dans la civilisation française. Ce discours est identique à celui développé par Brice Hortefeux, le ministre de l'Immigration et de l'Identité française, qui s'est désolé de n'avoir pas atteint en 2007 l'objectif de 25 000 expulsions d'étrangers (en situation irrégulière) : le quota que lui avait assigné pour 2007 Sarkozy. Le rapport Attali préconise de “faciliter la délivrance de visas aux étrangers, pour faire face à un marché du travail en tension et parce que l'immigration est en tant que telle une source de création de richesse, donc de croissance”. Ce qui est en porte-à-faux avec Sarkozy qui vient encore de plaider pour une immigration “maîtrisée”, avec l'instauration de quotas que doit publier Hortefeux au fur et à mesure de la demande en main d'œuvre. Une liste a été ouverte mais, selon l'association France terre d'asile, elle n'est pas à la hauteur de l'enjeu de relance de la croissance de l'économie française. Quoi qu'il en soit, la liste des métiers ouverts à l'immigration n'a concerné que les ressortissants des nouveaux pays européens. Quant aux autres, les populations des rives du sud de la Méditerranée, ils devront attendre le “codéveloppement” qui sera relancé par la fameuse union méditerranéenne que va lancer en juillet Sarkozy. Les pays du sud de la Méditerranée doivent, pour leur part, se préparer à recevoir les charrettes d'indésirables en France. Le président français espère imposer durant la présidence française de l'UE (juillet 2008) un pacte européen de l'immigration, dont l'accord qu'il vient d'arracher à l'Espagne donne un avant-goût. Sarkozy et Zapatero ont décidé de lutter ensemble contre l'immigration en procédant notamment à des “expulsions communes” d'indésirables vers leurs pays d'origine. L'Italie devrait être également associée à cette vaste opération de retour. D. B.