Orienter les investissements français vers les PME et stimuler les investissements partenariaux entres industriels français et algériens. C'est, en gros, ce qu'attend le patronat algérien des partenaires français. Le président du Forum des chefs d'entreprise, M. Réda Hamiani, et le président de la Confédération de patronat algérien, (CAP) M. Boualem Merrakech, s'accordent à dire qu'il y a encore beaucoup de choses à faire en Algérie. Pour le président du FCE, M. Réda Hamiani, il serait souhaitable d'élargir le domaine de coopération. Il rappellera, dans ce contexte, que les échanges commerciaux entre les deux pays se portent bien et que la balance commerciale est orientée vers la hausse. Ainsi, les marques françaises sont très présentes sur le marché algérien à la grande satisfaction des consommateurs. Le président du FCE a toutefois, relevé qu'il restait encore beaucoup à faire pour que l'Algérie offre enfin des conditions d'investissement plus favorables aux partenaires étrangers. "L'Algérie reste attractive uniquement pour le commerce. Aujourd'hui, elle aspire à être regardée autrement que comme un déversoir de produits étrangers", a-t-il dit. Pour ce qui est de l'investissement, le président du FCE a indiqué que les "partenaires français, pour de multiples raisons, devraient occuper une place de poids, notamment dans la reconstruction de l'économie nationale et dans la nouvelle stratégie industrielle". "Nous ne sommes pas inquiets pour les investissements dans les hydrocarbures, mais nous voulons un signal fort qui doit stimuler les investissements partenariaux entre industriels français et algériens", a-t-il dit sur les ondes de la Radio nationale (chaîne III). Au nombre des domaines où les opérateurs français pourraient "apporter leur contribution", le président du FCE a cité les branches de coopération traditionnelles de l'agroalimentaire, de l'industrie pharmaceutique et de l'automobile, mais aussi des domaines plus actuels comme l'industrie des composants électroniques ou encore la sous-traitance. M. Hamiani a affirmé que des projets de ce type allaient être présentés lors la rencontre de ce lundi avec le Medef dans le but, a-t-il dit, d'"inscrire (la coopération économique algéro-française future) dans des domaines précis, concrets et réalisables rapidement". M. Hamiani a refusé, pour des raisons de "confidentialité", de communiquer le détail des accords dont la conclusion est attendue lors de ces retrouvailles. Tout en admettant que les montants des investissements français hors hydrocarbures en Algérie étaient "prometteurs" et en augmentation depuis 2003, il a souhaité qu'ils soient orientés davantage vers le développement des petites et moyennes entreprises et, plus généralement, en direction des secteurs prioritaires établis dans le cadre de la nouvelle stratégie industrielle. Par ailleurs, le patron du FCE a indiqué, dans une déclaration à notre confrère Liberté qu'il souhaitait la création d'une "zone franche industrielle" pour favoriser l'investissement industriel français en Algérie, "point faible" de la coopération entre les deux pays. Pour sa part, M. Merrakech a souligné que la France sait que le marché algérien est le plus grand marché de la Méditerranée et que l'Algérie a réuni un certain nombre de conditions qui devraient stimuler l'investissement étranger. Il a ajouté qu'aujourd'hui une économie ne peut plus compter seulement sur les hydrocarbures, mais tire sa force de l'entreprise. Dans ce cadre, il a appelé à la mise en place d'un mécanisme susceptible d'offrir le maximum d'avantages aussi bien aux investisseurs algériens qu'à leurs partenaires étrangers. Le président de la CAP a affirmé que son organisation patronale adhère au projet de l'Union méditerranéenne dans la mesure où la création de cet espace favorisera la création des richesses. En outre, il a précisé que les solutions doivent se discuter entre les opérateurs économiques, notamment algériens et français tout en réaffirmant que les capacités et les mécanismes en faveur de la coopération et de l'investissement existent en Algérie "qui n'est pas un pays protectionniste". M. Merrakech a également mis l'accent sur les efforts déployés par son organisation patronale pour la mise en place d'une union économique maghrébine. Même si les contrats qui vont être signés aujourd'hui entre les deux Etats n'ont rien à voir avec la PME algérienne, pour le président de la CAP, le patronat a passé son message aux opérateurs français et au président Nicolas Sarkozy concernant l'investissement dans les PME. Il faut noter que la présidente du Medef, Laurence Parisot, et une centaine de chefs d'entreprise ont accompagné le président français, Nicolas Sarkozy, en visite d'Etat de trois jours en Algérie durant laquelle plusieurs contrats seront signés en Algérie par les groupes français à l'occasion. A rappeler que les deux organisations patronales, le Medef (France) et le Forum des chefs d'entreprise (FCE - Algérie), se concertent régulièrement. Selon des sources françaises, alors que le stock d'investissements français en Algérie est de 2,1 milliards de dollars, 5 milliards supplémentaires à court et moyen terme sont en projet, dont la moitié dans le secteur énergétique. La compagnie Total, en association avec la Sonatrach, doit investir 1,5 milliard de dollars pour la construction d'un vapocraqueur, dont le coût global est estimé à 3 milliards d'euros. Total a d'autres projets dans l'exploration et la production, de même que Gaz de France (GDF), à hauteur d'un milliard de dollars. GDF doit reconduire ses contrats d'approvisionnement en gaz algérien. Il s'agit aussi de 2,5 milliards de dollars qui doivent être consacrés au programme de privatisation en Algérie et d'autres investissements prévus par des grands groupes comme Lafarge, Air Liquide et Saint-Gobain. Ces derniers ont été autorisés à racheter respectivement les entreprises publiques Alver, Sovest et Sidal.