La plupart des places financières étaient de nouveau orientées à la baisse mercredi, les mesures de relance de l'économie chinoise prises la veille par Pékin n'étant pas jugées suffisantes par les investisseurs. La Bourse de Shanghai a une nouvelle fois terminé en territoire négatif mercredi alors qu'en Europe, Paris, Francfort et Londres ont ouvert en fort repli, dans le sillage de Wall Street qui a clôturé mardi en recul de plus de 1%. "Malgré l'intervention de la Banque Populaire de Chine, les inquiétudes persistent sur la santé de la deuxième puissance économique mondiale car les mesures adoptées pourraient se montrer trop timides pour relancer durablement l'économie", estiment dans une note les analystes de Saxo Banque. La banque centrale chinoise (PBOC) a réduit le taux d'emprunt à un an de 25 points de base, tout en abaissant les ratios des réserves obligatoires imposées à certaines banques, ce qui équivaut à une injection massive de liquidités. Las, malgré cette cinquième baisse des taux d'intérêt depuis novembre, Shanghai n'a pas réussi à rebondir, finissant en baisse de 1,27% au terme d'une séance en montagnes russes. L'indice composite s'était effondré de presque 8,5% lundi, puis de 7,63% mardi dans un climat d'affolement général. La Bourse de Shanghai a perdu plus de 40% depuis mi-juin. Les autres places asiatiques ont fini en ordre dispersé, Tokyo rebondissant par exemple de plus de 3% après six séances négatives. Hong Kong en revanche a terminé en baisse de 1,52%. Les analystes estiment que les marchés boursiers chinois ne reflètent guère l'état de l'économie réelle. Mais au-delà de l'indice du marché shanghaïen, les interrogations perdurent sur la capacité de la Chine à continuer de jouer son rôle de locomotive pour la croissance mondiale. L'économie chinoise montrait déjà des signes d'essoufflement mi-juin quand les actions affichaient encore une hausse de 150% sur 12 mois. Et les derniers indicateurs n'ont fait que confirmer le ralentissement de l'activité dans le pays... une évolution préoccupante, alors que la Chine compte pour plus de 13% de l'activité mondiale. Un indicateur-clé sur l'activité manufacturière chinoise est ainsi tombé en août à un plus bas depuis six ans, témoignant d'une nouvelle violente contraction.
Risques de krach Nombre d'investisseurs se demandaient si ces interventions de la PBOC sont vraiment suffisantes pour relancer la machine. "Si les difficultés des marchés financiers chinois et de l'économie réelle dans le pays s'aggravent, sans que le gouvernement ne parvienne à redresser la situation, alors un krach financier et économique de grande ampleur pourrait se produire", commentait Christophe Donay, stratégiste de Pictet Wealth Management. "C'est à présent le plus gros risque pour l'économie et les marchés mondiaux", a-t-il estimé. "La confiance en a déjà pris un coup. Les doutes sur l'efficacité des mesures prises grandissent, et le marché va rester sous pression à la vente pendant un moment (...) quoi que fasse le gouvernement", a renchéri de son côté Ronald Wan, analyste chez Partners Capital International à Hong Kong, interrogé par l'agence Bloomberg. De l'avis général, bien que bienvenus, les assouplissements monétaires de la PBOC devraient peiner à relancer vraiment l'activité économique, les investissements et la consommation, à moins de fortes interventions supplémentaires du gouvernement, notamment en termes de relance budgétaire et de dépenses publiques. "Il faut dissiper l'excès de pessimisme et restaurer la confiance (des investisseurs). Des mesures de soutien supplémentaires seront nécessaires dans les prochaines semaines et les prochains mois", insistait Frederic Neumann, économiste de HSBC à Hong Kong, cité par Bloomberg News. Après des décennies de croissance à deux chiffres, les autorités chinoises doivent convaincre que l'avenir passera par une hausse de l'activité bien plus modérée mais plus durable... soutenue par la consommation intérieure, plutôt que par les exportations et l'investissement. Mais la manoeuvre se fait dans la douleur. La Chine a dévalué sa monnaie d'environ 2% le 11 août, assurant qu'il s'agissait de rapprocher le yuan de sa valeur "réelle". Ce geste a toutefois été interprété comme un effort pour relancer ses exportations et a suscité des interrogations sur l'état de ses finances.