La Banque centrale de Chine (PBOC) va réduire ses taux d'intérêt et abaisser les ratios de réserves obligatoires de certaines banques, dans l'espoir de conforter le crédit et l'activité face à une conjoncture maussade, a-t-elle annoncé, juste après un effondrement des Bourses chinoises. A partir de dimanche, le taux de prêts à un an est abaissé de 25 points de base et ramené à 4,85%, et le taux des dépôts à un an, également réduit de 25 points, tombe à 2%, a indiqué l'institution. Il s'agit de la quatrième baisse de ses taux d'intérêt en moins de huit mois. Cette décision, censée encourager les banques à accroître les prêts qu'elles accordent, est dévoilée au lendemain d'un plongeon spectaculaire (-7,4%) de la Bourse de Shanghai. Celle-ci s'est effondrée de presque 20% en deux semaines: un épisode traumatisant qui met fin à une longue envolée euphorique sur un an, largement dopée par un endettement massif. "La banque centrale ne voulait clairement pas que cette déroute boursière provoque une panique générale", sapant la confiance et entraînant "une instabilité financière", commentait Shen Jianguang, économiste de Mizuho Securities, cité par Bloomberg Newswires. Simultanément, la banque centrale va abaisser de 50 points de base les ratios des réserves obligatoires pour certains établissements: les banques commerciales desservant les régions rurales, ou accordant une partie importante de leurs prêts au secteur agricole et aux petites entreprises.
Enrayer le ralentissement Comme précédemment, l'objectif affiché est d'inciter les banques à accroître le crédit de façon ciblée, et de prêter à des conditions plus avantageuses. La PBOC dit vouloir favoriser "une meilleure allocation des capitaux" --vers des secteurs et projets de développement encouragés par Pékin, plutôt que d'alimenter in fine les envolées boursières. Commentant le nouveau reflux des taux d'intérêt, la PBOC a mis en avant son souci de "soutenir le développement durable et équilibré de l'économie" et de "continuer à abaisser les coûts de financement" pour les entreprises. Confrontée au vif ralentissement de l'activité dans la deuxième économie mondiale, la banque centrale ne ménage pas sa peine: depuis novembre, elle avait déjà par trois fois réduit ses taux d'intérêt et abaissé les ratios de réserves obligatoires, tout en intensifiant ses injections de liquidités. Avec un succès mitigé: certes, comme insistait samedi la PBOC, "avec les effets progressifs de ces mesures, les taux (réels) sur les marchés monétaires et obligataires ont baissé significativement". ais pour autant la conjoncture continue de s'assombrir, sur fond de demande intérieure terne, de net repli des échanges extérieurs et de contraction du secteur manufacturier. Le géant asiatique devrait enregistrer cette année sa plus faible croissance depuis un quart de siècle.
Signal après la chute boursière Sous l'aiguillon de la PBOC, le volume des prêts accordés par les banques chinoises a sensiblement progressé en mai. Mais, face à des salves de défauts de paiements et peu habituées aux prises de risques, les banques commerciales restent très frileuses, préférant toujours prêter aux grandes entreprises d'Etat plutôt qu'aux firmes privées, et pour ces dernières le coût pour se financer demeure élevé. Et, dilemme pour la banque centrale, ces derniers mois, une partie des nouvelles liquidités venaient irriguer les marchés boursiers plutôt que l'économie réelle. De l'avis des experts, la PBOC se trouvait cependant condamnée à assouplir encore davantage sa politique et surtout à émettre des signaux rassurants après la récente dégringolade des Bourses chinoises. Le gouvernement central avait déjà annoncé mercredi la disparition du plafond qui restreignait jusqu'à présent le volume total de prêts que peuvent accorder les banques commerciales. Mais le courtier Nomura se montrait alors circonspect, expliquant que cela n'allait pas résoudre des problèmes comme la faible progression des demandes de prêts (reflet d'une consommation atone) ou les réticences des banques. La PBOC s'est dite prête samedi à agir plus avant, en "utilisant pleinement divers outils de politique monétaire" pour "s'adapter activement à la nouvelle normalité" d'une croissance ralentie. Pékin vante volontiers ses efforts pour rééquilibrer son modèle économique, en rognant les groupes étatiques non rentables, en dopant la consommation, en promouvant une montée en gamme de l'industrie et les services. Mais soucieux d'éviter toute décélération trop brutale, le gouvernement associe désormais aux efforts de la PBOC des mesures de relance budgétaire, gonflant les dépenses publiques dans certaines infrastructures.