La Bourse de New York a terminé à l'équilibre au terme d'une séance hésitante vendredi, les investisseurs semblant faire une pause au dernier jour d'une folle semaine marquée par d'énormes mouvements de balancier: le Dow Jones a cédé 0,07% et le Nasdaqa gagné 0,32%. Selon des résultats définitifs, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a reculé de 11,76 points à 16.643,01 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, a progressé de 15,62 points à 4.828,32 points. L'indice élargi S&P 500, très surveillé par les investisseurs, a gagné 0,06% à 1.988,87 points. "On dirait que le marché reprend son souffle, c'est un soulagement", a commenté Chris Low, chez FTN Financial. Reste que "les investisseurs continuent à surveiller les Bourses mondiales. Or ça n'a pas été bon en Europe, et ils hésitent à porter le marché américain trop haut", a-t-il ajouté. Mais il s'est réjoui que, pour le moment du moins, "les spéculateurs qui espéraient faire des bénéfices sur la volatilité du marché sont hors jeu, ce qui signifie que la volatilité devrait se calmer et les investisseurs qui s'intéressent aux fondamentaux commencer à revenir". "Il est très difficile de prolonger les gains enregistrés ces deux derniers jours, mais nous avons vu un coup d'arrêt" à la correction suivie par les indices entre la semaine dernière et mardi, a relevé pour sa part Mace Blicksilver, chez Marblehead Asset Management. Pour autant, "il y a toujours beaucoup d'inquiétudes sur la croissance, et nous ne savons toujours pas ce que la Réserve fédérale va faire", même "entre les membres de la Fed, il y a beaucoup de confusion sur la bonne politique à suivre", a-t-il relevé. Le comité de politique monétaire de la banque centrale américaine doit décider d'ici le 17 septembre de relever ou non des taux d'intérêt proches de zéro depuis près de sept ans, au risque de renchérir le dollar et de freiner les investissements. Vendredi, le vice-président de la Fed Stanley Fischer a assuré que l'institution n'avait pas encore pris de décision, sans manifester de très grande inquiétude pour la volatilité des marchés ni pour le ralentissement de l'économie chinoise, préférant "attendre de voir" les prochaines statistiques pour affiner sa pensée. Après le très bon chiffre de la croissance du deuxième trimestre paru jeudi, les investisseurs ont découvert vendredi que la progression des dépenses des ménages américains restait anémique, tout comme l'inflation, qui reste calée à 0,3% sur un an selon l'indice des prix associé aux dépenses de consommation (PCE). C'est loin de l'objectif de 2% recherché par la Fed. "Les gens ont peur que le marché d'actions ne soit en surchauffe et qu'il puisse flancher" avec une hausse des taux, a noté M. Blicksilver.
Départ chez Apple Du côté des valeurs, Apple, première capitalisation mondiale a arraché in extremis une hausse de 0,33% à 113,29 dollars, après avoir visiblement inquiété avec l'annonce du départ de Ian Rogers, un responsable clé pour ses activités dans la musique, arrivé chez le groupe informatique américain lors du rachat l'an dernier de Beats Electronics. le laboratoire de biotechnologies Mylan a perdu 2,18% à 50,37 dollars après que ses actionnaires ont approuvé ses efforts pour avaler pour plus de 35 milliards de dollars l'irlandais Perrigo, ouvrant la voie à l'ouverture d'une offre publique d'achat hostile. Facebook, qui a passé jeudi le cap du milliard d'utilisateurs en une seule journée, a gagné 1,43% à 91,01 dollars. Le fabricant d'armes Smith & Wesson, après des résultats supérieurs aux attentes, a relevé ses prévisions annuelles et bondi de 11,16% à 18,03 dollars. L'éditeur de jeux Activision Blizzard et la compagnie aérienne United Continental bénéficiaient de l'annonce de leur prochaine intégration au sein de l'indice S&P 500. Le premier a gagné 4,62% à 29,22 dollars et la deuxième 7,05% à 57,12 dollars. Le marché obligataire était en hausse, le rendement des bons du Trésor à dix ans s'affichant à 2,182% contre 2,190% jeudi soir, et celui des bons à 30 ans baissant à 2,915% contre 2,929% auparavant.
Paris va regarder du côté de la macroéconomie Après sa déroute dans le sillage de l'Asie, la Bourse de Paris a retrouvé un peu de sérénité et va entrer dans une semaine chargée sur le plan macroéconomique, avec un réunion de la BCE et une salve d'indicateurs. L'indice parisien a traversé "une semaine agitée", relate Marc Riez, directeur général de Vega IM. Le CAC 40 a connu plusieurs séances de très fortes variations, allant jusqu'à perdre plus de 8% en séance lundi, dans un mouvement d'inquiétude alimentée par les craintes d'une contagion du ralentissement chinois au reste du monde. Pour autant, "aucun élément nouveau ne justifiait une décote aussi importante et aussi brutale des marchés", estime M. Riez. Les investisseurs ont été déstabilisés dès la mi-août par une dévaluation surprise du yuan, avant de voir leurs doutes sur l'économie chinoise renforcés par un indicateur décevant. La forte chute des marchés asiatiques qui en a découlé s'est propagée aux autres places financières mondiales. "Les marchés ont largement sur-réagi à cet ajustement", soutient cependant M. Riez. Sur la semaine écoulée, l'indice CAC 40 a finalement pris 0,95% pour terminer à 4.675,13 points. Sur un an, il a gagné 9,42%. Les autorités chinoises semblent être parvenues à calmer le jeu même si "les investisseurs ne sont pas complètement rassurés", note Jean-Louis Mourier, un économiste du courtier Aurel BGC. Cependant, "les indicateurs vont plutôt dans le sens d'économies américaine et européenne qui restent solides", souligne-t-il. A ce titre, les investisseurs auront du grain à moudre la semaine prochaine avec une salve d'indicateurs prévus à travers le monde, parmi lesquels l'emploi aux Etats-Unis, un chiffre toujours très regardé, l'inflation en zone euro ou encore des enquêtes d'activité.
"Inévitable et irréversible" Ces chiffres donneront pour certains d'entre eux "une idée plus précise de l'impact" des derniers événements sur les marchés financiers et du ralentissement chinois "sur la confiance des agents économiques", indique M. Mourier. La série d'indicateurs attendue sera également scrutée à l'aune du positionnement des banques centrales sur la teneur de la reprise économique des deux côtés de l'Atlantique. La banque centrale américaine (Fed) publie mercredi soir son Livre Beige sur l'état de l'économie américaine, à deux semaines d'une réunion cruciale de son comité de politique monétaire (FOMC). "Le questionnement a repris" sur le calendrier qu'adoptera la Fed pour remonter ses taux directeurs, fait remarquer M. Mourier. Les investisseurs redoutent cette échéance qui va mettre fin à des années de politique économique ultra-accommodante dont les marchés ont largement profité. Ils suivront avec attention les déclarations de certains responsables de la Fed, réunis à Jackson Hole avec les banquiers centraux du monde entier jusqu'à ce week-end. Pour M. Riez, "nous sommes au début d'une phase inévitable et irréversible de remontée des taux américains", justifiée par la tenue de l'économie du pays. Les investisseurs auront aussi un oeil sur une réunion de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi et seront particulièrement attentifs à sa position sur l'évolution de l'inflation. Une première estimation dans la zone euro pour le mois d'août sera publiée lundi, dans un contexte de fort recul des prix du pétrole qui pourrait peser sur cet indicateur très suivi par l'institution monétaire de Francfort. "Les conditions monétaires dans la zone euro se sont tendues, principalement en raison d'un renchérissement de l'euro", ajoutent les économistes de BNP Paribas, qui s'attendent désormais à "une extension du programme de rachat d'actifs de la BCE au-delà de septembre 2016".