Une fois de plus, le président français, Nicolas Sarkozy, au dernier jour de sa visite d'Etat en Algérie, a réitéré, à partir de Constantine, sa condamnation du colonialisme. "Le système colonial ne pouvait être vécu autrement que comme une entreprise d'asservissement et d'exploitation", a-t-il déclaré lors du discours qu'il a prononcé devant les étudiants de l'université Mantouri hier matin. Depuis son arrivée à Alger, lundi dernier, le chef de l'Etat français n'a pas cessé ainsi de qualifier le système colonial comme étant "injuste de nature" eu égard à toutes les retombées condamnables qu'il provoque. Mais, dans le discours d'hier, il y a lieu de souligner que le patron de l'Elysée a tenu à apporter un détail qui ne peut pas être fortuit en déclarant que "beaucoup de ceux qui étaient venus s'installer en Algérie (durant l'époque coloniale en l'occurrence), je peux vous le dire, étaient de bonne foi. Ils étaient venus pour travailler et pour construire, sans l'intention d'asservir, ni d'exploiter personne". Parlant ainsi, Sarkozy fait allusion, bien évidemment, aux anciens colons et pieds-noirs auxquels il voudrait faire allégeance. Le président français croit donc gagner de la sympathie en Algérie en évitant de raviver des remous à son encontre au sein des communautés pieds-noirs en France. Faute d'une reconnaissance ferme et publique des massacres commis par l'armée coloniale contre les populations algériennes, le président Sarkozy tente de jouer l'"équilibrisme" et "le juste-milieu". En tout cas, un regard rétrospectif sur les trois jours de visite qu'il vient d'effectuer en Algérie permet de se rendre compte combien ce lourd passif, qui date de l'époque coloniale, continue de peser sur les relations bilatérales entre les deux pays. Même si les échanges commerciaux algéro-français sont toujours à leur niveau appréciable, il n'en demeure pas moins que le rapprochement entre les deux économies restera toujours empreint des émotions du passé. Et c'est là que réside, d'ailleurs, la raison pour laquelle le président Sarkozy n'a pas pu faire autrement que de commencer son discours devant les chefs d'entreprises du Medef et du FCE, lundi passé, par la condamnation des injustices du colonialisme. En outre, aujourd'hui, il est clair que la présentation d'excuses officielle quant aux exactions commises par l'armée française en Algérie ne dépend pas de la seule volonté du président français tant que les cercles hostiles à cette démarche ont toujours de l'influence dans les centres de décision en Hexagone. Déjà, pour l'effort, aussi timide soit-il, qu'il a fait en reconnaissant "l'injustice du colonialisme", Sarkozy a provoqué une polémique au sein de la classe politique française. Au sein du parti de la majorité présidentiel, l'UMP, autant qu'au sein du parti socialiste, des remous ont, d'emblée, commencé quant aux déclarations faites par le locataire de l'Elysée en Algérie. A l'UMP, des voix se sont élevées pour contester la condamnation du colonialisme par Sarkozy, tandis qu'à gauche, au sein du PS, l'on regrette que le président français a condamné ce qui a été fait durant l'époque coloniale sans être "plus ferme" dans la condamnation des propos qualifiés d'antisémites du ministre des Moudjahidine.