Des méfaits et des souffrances que l'Etat français continuera de traîner comme un boulet, tant qu'il n'aura pas le courage de reconnaître une bonne fois pour toutes la réalité de ce qu'a été le colonialisme pour les peuples colonisés. La visite du président français aura valu par cette décantation qui s'est produite dans le débat sur le travail de mémoire qui a longtemps miné les rapports algéro-français. Mais au-delà de tout, ce sont les bonnes conditions de séjour du président français en Algérie et, malgré tout, la chaleur de l'accueil qui lui a été réservé partout là où il s'est déplacé, qu'il faut mettre en exergue. Une visite qui a finalement pu venir à bout de toutes les appréhensions qui l'avaient entouré, surtout lorsque des voix s'étaient élevées à Alger comme à Paris pour demander son annulation pure et simple. Certes, nous sommes encore très loin de cette euphorie qui avait enveloppé ce déplacement qualifié d'historique à Alger d'un Chirac venu préparer le terrain au “traité d'amitié”, mais le voyage de Sarkozy a été tout au moins utile dans le sens où il a été une bonne opportunité saisie par le président français pour exprimer l'évolution de sa perception du fait colonial. Et dans ce registre, les déclarations de Sarkozy tranchent profondément avec une certaine opinion véhiculée par une partie de la classe politique française à propos du fameux “rôle positif” du colonialisme. Le chef de l'Etat français n'a pas hésité cette fois-ci à vilipender un système colonial “injuste par nature” et qui “ne pouvait être vécu autrement que comme une entreprise d'asservissement et d'exploitation”. Cela demeure, de toute évidence, insuffisant comme l'ont d'ailleurs souligné les responsables algériens, eu égard à la longue page des crimes coloniaux commis en Algérie et ailleurs. Des méfaits et des souffrances que l'Etat français continuera de traîner comme un boulet, tant qu'il n'aura pas le courage de reconnaître une bonne fois pour toutes la réalité de ce qu'a été le colonialisme pour les peuples colonisés. Et cela doit impérativement un jour ou un autre passer par le mea-culpa. Cependant, les choses semblent évoluer positivement, et le contact direct du président français avec la population, notamment les étudiants de Constantine, tout cela sans aucun incident, va contribuer, sans nul doute, à dépassionner les rapports entre les deux pays pour ouvrir la voie à la construction d'une relation basée sur la confiance et la sincérité. Mais, pour cela, le volet des échanges humains entre les deux rives, qui n'a pas été traité tel qu'il se doit lors de cette visite, doit bénéficier de toute l'attention qu'il mérite, car c'est assurément de là que peut jaillir un nouveau départ dans les relations jusqu'ici tumultueuses entre les deux pays. H. S.