"Si l'Algérie n'avait pas combattu le terrorisme dans les années 1990, Aujourd'hui je ne serais pas là à vous parler", a déclaré, hier, de Constantine, le président français, M. Nicolas Sarkozy lors d'une allocution prononcée à l'université Bachir-Mentouri, en présence du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. M. Sarkozy, qui effectuait une visite à Constantine, dernière étape de sa visite d'Etat de trois jours en Algérie, a déclaré, devant les étudiants : "J'ai souhaité parler à la jeunesse algérienne, parce qu'elle tient dans ses mains une partie du destin d'une grande civilisation qui a tant apporté à l'humanité de sagesse, d'art, de culture, de science et dans laquelle tant d'hommes dans le monde espèrent encore". Pour le président Sarkozy, l'amitié "c'est la jeunesse qui la fera vivre", précisant que "les gouvernants peuvent en faire le principe de leurs politiques, mais en fin de compte, elle (l'amitié) sera l'œuvre de la jeunesse algérienne et de la jeunesse française". "Parce qu'elles ont choisi de se faire confiance, l'Algérie et la France se sont mises d'accord pour réfléchir à la mise en oeuvre d'une politique d'immigration qui serait décidée ensemble", a-t-il poursuivi. Cette politique permettrait, selon M. Sarkozy, aux jeunesses des deux pays de pouvoir aller étudier plus facilement là où elles le souhaitent, aux entrepreneurs, aux hommes d'affaires, aux chercheurs de circuler librement. Elle permettrait, en outre, relève le président français, de "mieux lutter ensemble contre une immigration clandestine" et de définir ensemble les incitations à mettre en place pour que l'élite de la jeunesse algérienne soit encouragée à revenir en Algérie (à) qui a tant besoin de son intelligence, de ses compétences, de son énergie et de son imagination. A ce propos, M. Sarkozy a indiqué avoir proposé au président Bouteflika de "réfléchir à la création d'une université commune algéro-française", ainsi que des "pôles d'excellence communs composés d'universitaires, de chercheurs et de techniciens de nos deux pays que nous allons mettre en place dans la médecine, la microbiologie, l'eau, les énergies renouvelables ou les risques majeurs". Par ailleurs, le président français Nicolas Sarkozy a proposé, hier, à l'Algérie de construire avec la France "l'Union méditerranéenne sur la base de l'amitié franco-algérienne". Un projet qui, signalons-le, n'a suscité jusqu'ici qu'un intérêt poli des pays concernés, notamment dans l'Union européenne où l'on redoute la concurrence de ce projet avec le partenariat euro-méditerranéen lancé en 1995. "Comme la France offrit jadis à l'Allemagne de construire l'Union de l'Europe sur l'amitié franco-allemande, la France est venue aujourd'hui proposer à l'Algérie de bâtir l'Union méditerranéenne sur l'amitié franco-algérienne", a déclaré M. Sarkozy. "C'est parce qu'il y avait tant de douleurs à surmonter que ce que firent le chancelier Adenauer et le général de Gaulle eut une telle importance pour l'Europe. C'est parce qu'il y a tant de douleurs à surmonter que ce que vont faire ensemble l'Algérie et la France a tant d'importance pour ce qui va advenir de la Méditerranée", a-t-il ajouté. "L'Union de la Méditerranée, c'est un pari (...) dicté par l'idéal autant que par la raison. Un pari qui n'est ni plus, ni moins raisonnable que celui de l'Europe il y a soixante ans", a également jugé le chef de l'Etat français, relevant que "les sceptiques doutent qu'une telle entreprise puisse réussir". "Ce pari, la France propose à l'Algérie de le gagner avec elle", a insisté M. Sarkozy. "La civilisation méditerranéenne n'a jamais été grande que par l'échange, le mélange, et j'ose le dire, le métissage. Elle ne résistera pas autrement demain à l'aplatissement programmé du monde", a-t-il insisté. "La diversité, l'échange, le métissage, l'ouverture à l'autre, tels sont les principes qui doivent fonder l'Union de la Méditerranée", a-t-il conclu. Cependant, en ce qui concerne la paix au Proche-Orient, le président français Nicolas Sarkozy a lancé, hier, un appel à la tolérance religieuse et à la paix dans cette région. "Je lance un appel à cet islam de progrès pour qu'il reconnaisse au peuple d'Israël qui a tant souffert le droit de vivre libre", déclare-t-il. "Je lance un appel au peuple d'Israël pour qu'il n'inflige pas au peuple palestinien la même injustice que celle qu'il a subie lui-même pendant tant de siècles", a-t-il poursuivi. "Je lance un appel aux dirigeants du peuple israélien et du peuple palestinien pour qu'ils saisissent la paix qui est aujourd'hui à la portée de leurs mains s'ils savent se montrer capables de surmonter la haine qui se nourrit du souvenir de leurs malheurs respectifs", a ajouté le président français. Le président français Nicolas Sarkozy a estimé, par ailleurs, que l'accord de coopération en matière de nucléaire civil, le premier du genre avec un pays arabo-musulman, signé mardi à Alger était une "marque de confiance" de la France envers l'Algérie. "L'accord de coopération dans le nucléaire civil que nos deux pays ont conclu est la marque de cette confiance que la France fait à l'Algérie" dira-t-il. "Je le dis au nom de la France, le partage du nucléaire civil sera l'un des fondements du pacte de confiance que l'Occident doit passer avec le monde musulman", poursuit-il. Cet accord, paraphé mardi à Alger, ouvre, en effet, à l'Algérie les portes de l'énergie nucléaire civile. Il couvre la recherche, la production d'électricité et la formation, ainsi que la prospection et l'exploitation de gisements d'uranium algériens. R. T.