Depuis le jour de mon élection, j'ai souhaité faire du renouveau de la relation entre nos deux pays une priorité de mon action“, a souligné Nicolas Sarkozy dans une allocution prononcée, hier, lors d'un déjeuner offert en son honneur par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. “Nous somme prêts à regarder en face cette partie de notre histoire (passé colonial) et à la considérer sans tabou, y compris dans ce qu'elle a de plus sombre”, a poursuivi le président Sarkozy. “Depuis l'indépendance de l'Algérie, nos deux pays ont entrepris de bâtir une relation enfin dégagée de l'injustice profonde du système colonial. Vous avez vous-même combattu ce système, qui était contraire aux valeurs fondatrices de la République française, comme l'avait si éloquemment exprimé (feu) Ferhat Abbas”, a fait remarquer l'hôte de l'Algérie. Il a saisi cette occasion pour rendre hommage au “sacrifice des dizaines de milliers d'Algériens tombés lors des deux guerres mondiales”, saluant par la même “la mémoire de toutes les victimes de la guerre d'Algérie, civiles et militaires”. “Votre histoire a connu d'autres souffrances et je souhaite exprimer la solidarité de la France avec les victimes du terrorisme qui frappa votre pays dans les années 1990”, a ajouté le président Sarkozy, indiquant que cette violence “aveugle” a également frappé son pays sur “son propre territoire, comme à travers ses ressortissants qui vivaient ici, qui travaillaient avec vous, à vos côtés”. Le président français a souligné que “l'Algérie a su rester debout et résister avec courage, souvent seule et incomprise à l'époque”. “ Le président Sarkozy a affirmé, par ailleurs, que la France “peut et doit aider” l'Algérie à entrer dans le club des pays émergents, précisant que cela est dans l'intérêt commun des deux Etats car, a-t-il dit, “leurs destins sont liés”. “Si la rive sud de la Méditerranée ne réussissait pas son décollage économique, comment la rive nord pourrait-elle vivre dans la sécurité”, s'est-il interrogé en outre, relevant que la prospérité, la sécurité, les espoirs et les déceptions de l'Algérie sont également ceux de la France. Abordant les relations entre les deux pays, le président Sarkozy a souligné “l'ardente obligation de bâtir ensemble un avenir partagé (...) pour refonder la relation algéro-française autour d'un triptyque : former, investir, échanger”. Concernant l'investissement, le président français a affirmé que “les entreprises françaises le font déjà”, soulignant, cependant, qu' “il faut, ensemble, les inciter, les aider à passer à une autre échelle (...)“. Pour l'énergie, le chef de l'Etat français a indiqué qu'il s'agit d' “un élément structurant de la relation entre (les) deux pays”, ajoutant que les signatures qui ont eu lieu hier dans les domaines du gaz et du nucléaire “renforcent les liens indissolubles qui existent entre (les) deux pays et préparent l'après-pétrole pour les générations futures”. A propos des échanges entre les deux peuples qui représentent “la dimension humaine” du partenariat entre les deux pays, il a indiqué que “la communauté algérienne en France est de loin la plus importante communauté étrangère présente sur notre sol et elle joue un rôle particulièrement dynamique dans (les) échanges”. Le président Sarkozy a affirmé qu'il attache une “très grande importance” à la circulation des personnes, soulignant la nécessité de poursuivre et d'approfondir “de part et d'autre” les progrès faits sur ce sujet. Concernant les conflits du Proche-Orient, il a indiqué: “Après la conférence d'Annapolis, nous devons continuer à peser de tout notre poids, Français et Algériens, pour aider à la relance d'une véritable dynamique de paix (...)”. S'agissant de la question du Sahara occidental, le président Sarkozy s'est réjoui de la nouvelle dynamique à l'œuvre avec la tenue des rencontres directes entre les parties, sous l'égide des Nations unies, conformément aux résolutions 1754 et 1783 du Conseil de sécurité. “Avec l'appui de tous les pays de la région qui ont une influence sur cette question, au premier rang desquels l'Algérie, j'espère vivement qu'une solution durable, réaliste et acceptable par toutes les parties pourra être trouvée”. Enfin, le président français a invité l'Algérie à être “l'un des moteurs” du projet de l'Union de la Méditerranée, qu'il a initié.