La Bourse de New York a fini en baisse vendredi, une série de statistiques décevantes et des résultats mitigés finissant par ébranler l'optimisme des investisseurs au dernier jour d'un mois étonnamment bon: le Dow Jones a cédé 0,52% et le Nasdaq 0,40%. Selon des résultats définitif, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a reculé de 92,26 points à 17.663,54 points, et le Nasdaq, à dominante technologique, de 20,53 points à 5.053,75 points. L'indice élargi S&P 500, particulièrement surveillé par les investisseurs, a perdu 0,48%, soit 10,05 points, à 2.079,36 points. Au total sur l'ensemble d'octobre le S&P a tout de même accumulé une hausse de 8,30%, la meilleure performance pour ce mois depuis quatre ans. "La plupart des bonnes nouvelles de la journée étaient isolées, sans que le tableau général apparaisse positif", a résumé Jack Ablin, chez BMO Private bank. Les indices ont oscillé autour de l'équilibre tout au long de la séance, des résultats d'entreprise plutôt meilleurs que prévu ne parvenant pas à faire oublier des statistiques médiocres: décélération marquée des dépenses et revenus des ménages, décélération de l'inflation, et moral des ménages à peine en hausse en dépit du calme revenu sur les marchés. "Les indices sont en phase de consolidation et se positionnent avant les indicateurs principaux de la semaine prochaine", en particulier les chiffres mensuels de l'emploi attendus le 6 novembre, a commenté Peter Cardillo, chez Rockwell Global Capital. Selon Patrick O'Hare, chez Briefing, "le marché se trouve dans une situation où il est un peu surévalué, et il devrait se détendre un peu". Mais la tendance reste positive, maintenant que la saison des résultats approche de sa fin, et que le Congrès a fini par relever le plafond de la dette américaine, repoussant la menace d'un défaut de paiement de l'Etat fédéral.
Pétroliers en hausse Du côté des résultats, dont le rythme des annonces commence à refluer, les investisseurs devaient une nouvelle fois composer avec des performances inégales, bien que souvent supérieures aux attentes. Le géant pétrolier ExxonMobil a vu ses bénéfices et son chiffre d'affaires du troisième trimestre plonger respectivement de 47,5% et de 37%, mais affichait néanmoins une résistance un peu meilleure qu'attendu. Il a promis de continuer à réduire ses coûts, mais sans beaucoup de détail. L'action a gagné 0,62% à 82,74 dollars. L'autre major du secteur Chevron s'affichait en hausse de 1,10% à 90,88 dollars après s'être montré plus précis, avec l'annonce de 6.000 à 7.000 suppressions d'emploi. Son bénéfice trimestriel a chuté de 63% et son chiffre d'affaires de 37%, mais là aussi ils ont mieux résisté que prévu. Le fabricant de produits d'hygiène et ménagers Colgate-Palmolive a chuté de 4,16% à 66,35 dollars, son chiffre d'affaires ayant un peu déçu, souffrant comme d'autres groupes de grande consommation du dollar fort. Electronic Arts, qui a relevé ses prévisions avant la sortie d'un nouveau jeu vidéo basé sur la saga de la Guerre des Etoiles, a perdu 5,25% à 72,07 dollars après être tombé dans le rouge au deuxième trimestre de son exercice décalé, même si ses performances ont un peu dépassé les attentes. La société de biotechnologies canadienne Valeant, soupçonnée de manipulations comptables, a dégringolé encore de 15,90% à 93,77 dollars à New York, restant engagée dans une descente aux enfers qui l'a vu perdre près des deux tiers de sa valeur depuis début août. Tentant d'enrayer la débâcle, il a coupé ses liens avec un distributeur à l'origine de soupçons de ventes virtuelles. Le groupe internet chinois Baidu, qui a dégagé des bénéfices meilleurs que prévu au troisième trimestre, où ses activités mobiles ont enregistré une forte croissance, s'est envolé de 10,94% à 187,47 dollars. Autre valeur internet en hausse, le réseau social professionnel LinkedIn a décollé de 11% à 240,87 dollars après avoir annoncé une hausse des bénéfices et un chiffre d'affaires meilleurs que prévu, également appuyés sur l'essor de l'internet mobile, ainsi que l'international. Le marché obligataire a fini en hausse. Le rendement des bons du Trésor à dix ans a reflué à 2,142%, contre 2,175% jeudi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,926% contre 2,962% auparavant.
Paris va scruter les publications d'entreprises La Bourse de Paris va tenter de conserver les niveaux atteints en octobre en continuant de scruter les résultats d'entreprises la semaine prochaine, mettant temporairement de côté les banques centrales. Le marché achève une semaine durant laquelle il a préféré limiter la prise de risques pour conserver "la performance assez forte" réalisée en octobre, remarque Jean-Louis Mourier, un économiste du courtier Aurel BGC. La cote a temporisé et perdu 0,53% au cours de la semaine et terminé vendredi à 4.897,66 points. Ses gains depuis le début de l'année s'élèvent à 14,63%. Après s'être inscrite en forte hausse à la fin de la semaine précédente, aidée par le soutien assuré de la Banque centrale européenne (BCE), la cote parisienne a passé une partie du début de la semaine à attendre "le fameux communiqué du FOMC", le Comité de politique monétaire de la banque centrale américaine, poursuit l'économiste. Dans son compte-rendu publié mercredi soir à l'issue d'une réunion de deux jours, la Fed a enlevé sa référence à l'environnement économique et financier mondial qui pouvait freiner l'activité économique aux Etats-Unis, laissant en outre la porte entrouverte à un relèvement des taux en décembre. Si les marchés américains ont salué le texte, il n'a "pas eu d'impact" significatif le lendemain sur les marchés européens, constate M. Mourier. La Fed a récemment semé le trouble sur les marchés financiers en ne relevant pas ses taux d'intérêt lors de sa réunion de septembre, notamment en raison du ralentissement de l'économie chinoise et de ses possibles conséquences sur le reste du monde. Ainsi, cette semaine, la position de la Fed a pu sembler "plus claire" aux investisseurs, estime Jean-Jacques Friedman, directeur des investissements chez Vega IM, ce qui explique en partie cette réaction modérée. "Le marché était prêt à accepter une hausse des taux" mais la Fed avait "introduit un doute" en choisissant le statu quo lors de sa dernière réunion, rappelle-t-il. Selon les économistes de Crédit Mutuel-CIC, la Fed envisage donc de "remonter ses taux directeurs en décembre. Cette volonté s'appuie sur un sentiment plus positif sur l'économie américaine conforté par les chiffres de croissance du troisième trimestre", ajoutent-ils. Publiée jeudi, la première estimation de la croissance économique des Etats-Unis pour le troisième trimestre a toutefois fait état d'un ralentissement en raison de l'accumulation des stocks mais reste soutenue par l'appétit des consommateurs. Hors effet stocks, la croissance est "tout à fait suffisante pour augmenter les taux" aux Etats-Unis, soutient M. Friedman.
Les banques centrales mises de côté Les investisseurs devront désormais attendre la dernière réunion de la Fed de l'année, prévue à la mi-décembre, pour en savoir plus, se contentant entre temps de discours de certains membres de l'institution, qui pourront apporter un éclairage supplémentaire. Les indicateurs d'activité la semaine prochaine aux Etats-Unis, mais aussi en Europe et en Asie, ainsi que le rapport mensuel sur l'emploi américain d'octobre, seront également surveillés de près, au vu de ces possibles changements de politique monétaire. La BCE est également attendue au tournant mais pas avant le mois de décembre après avoir laissé entendre qu'elle pourrait renforcer son soutien à l'économie de la zone euro lors de sa dernière réunion de l'année. Ilyas A.