La banque italienne UniCredit a présenté mercredi un vaste plan d'économies prévoyant 18 200 suppressions d'emplois dont 6 900 en Italie, pour tenter de se relancer face à ses concurrentes, au moment où le secteur bancaire italien relève timidement la tête. Ces coupes, plus importantes qu'attendu, comprennent environ 6 000 suppressions de postes correspondant à la vente prévue des activités de la banque en Ukraine et d'une coentreprise dans la gestion d'actifs entre sa filiale Pioneer et la banque espagnole Santander, pour laquelle un accord définitif a été signé mercredi. Elles devraient ramener les effectifs de la banque à environ 111 000 équivalents temps plein (ETP) en 2018, précise la banque dans cette mise à jour annoncée de longue date de son "plan stratégique 2013-2018", dont la première version, qui prévoyait déjà plusieurs milliers de suppressions d'emplois, remontait à mars 2014. En outre, 800 succursales seront supprimées en Italie, Allemagne et Autriche. Les coupes annoncées devraient permettre des économies totales de 1,6 milliard d'euros, a détaillé la banque. Selon le directeur général Federico Ghizzoni, il s'agit d'un projet "rigoureux, ambitieux (...) réaliste et totalement autofinancé", c'est-à-dire ne nécessitant pas de nouvelle augmentation de capital. Selon le Financial Times, un nouveau recours aux actionnaires, qui aurait été le quatrième en sept ans, était susceptible de coûter son poste à M. Ghizzoni.
"Plan de contraction" Le plan prévoit aussi la restructuration ou la cession d'activités peu performantes, comme la banque de détail en Autriche et le leasing en Italie, des investissements de 1,2 milliard d'euros dans l'"agenda numérique". Les filiales d'Europe de l'Est, jusqu'ici gérées via une sub-holding basée en Autriche le seront à partir de 2016 depuis Milan, faisant de la banque un groupe "plus simple et plus intégré". Au final, la banque espère ainsi parvenir en 2018 à un bénéfice net de 5,3 milliards d'euros et à une rentabilité de ses fonds propres (ROTE) de 11%. Le ratio de fonds propres durs (core capital CET1 fully-loaded), indice très suivi par les analystes devra atteindre 12,6%. Le plan a été initialement bien accueilli à la Bourse de Milan mais le titre UniCredit s'est ensuite replié et a terminé quasi-inchangé. Mauro Morelli, secrétaire général du syndicat des employés du secteur bancaire, la Fabi, s'est pour sa part déclaré "contrarié face au énième plan de contraction et non de relance d'UniCredit, qui encore une fois choisit la voie du redimensionnement des activités dans toute l'Europe plutôt que celle de l'expansion". UniCredit a par ailleurs dévoilé ses résultats pour le troisième trimestre: elle a dégagé un bénéfice net de 507 millions d'euros, en baisse de 29,8% par rapport à 2014, mais supérieur aux attentes des analystes (412 millions d'euros). La banque, née en 1998 de l'agrégation de neuf banques italiennes, suivie de sa fusion avec l'allemande HVB et l'italienne Capitalia, souligne que "la consolidation de la reprise économique et le fort engagement du groupe à contenir ses coûts vont continuer à soutenir ses résultats au dernier trimestre". Ces résultats sont publiés alors que le secteur bancaire italien, très malmené pendant la crise de la dette en zone euro au début de la décennie, commence à remonter la pente. L'agence de notation Moody's a annoncé mardi soir avoir revu de "négatif" à "stable" sa perspective pour le secteur bancaire italien, une décision qu'elle a justifiée par une légère amélioration de leur situation sur le front des créances douteuses, qui handicapent fortement les établissements italiens. "Les provisions pour risques de crédit ont représenté le plus grand poids sur les profits ces dernières années, et une réduction de leurs niveaux devrait permettre aux banques de revenir à une modeste rentabilité en 2015 après deux ans de pertes", a souligné Carlo Gori, analyste de Moody's, qui dit aussi tabler sur davantage de mariages entre les groupes les plus faibles du pays, notamment les anciennes banques coopératives. Par ailleurs, rappelle Moody's, le gouvernement italien continue de négocier avec Bruxelles la mise sur pied d'une "Bad bank" destinée à aider les banques à faire face à leurs crédits à problème, de quoi alléger ainsi leurs bilans.