Le yuan chinois est en bonne voie pour rejoindre le panier des monnaies de référence du FMI et doper la reconnaissance de Pékin sur la scène économique internationale. Dans un rapport, les experts du Fonds monétaire international jugent que la monnaie chinoise "remplit les conditions" pour rejoindre les Droits de tirage spéciaux (DTS), l'unité de compte du FMI actuellement composée de quatre devises (dollar, euro, livre et yen), a indiqué la patronne du Fonds Christine Lagarde. "Les équipes du FMI estiment que le RMB (renminbi, autre nom de la monnaie chinoise, ndlr) (...) doit être inclus dans le panier des DTS", ajoute dans un communiqué Mme Lagarde, qui dit "soutenir" cette recommandation faite dans le cadre de l'examen quinquennal de ce panier de monnaies. Le rapport, qui n'a pas été rendu public, a été remis au conseil d'administration du Fonds, qui représente ses 188 Etats membres et rendra la décision finale sur ce dossier le 30 novembre, précise le communiqué.
Victoire diplomatique Un feu vert représenterait une grande victoire diplomatique pour Pékin qui ambitionne d'élargir l'usage de sa monnaie hors de ses frontières en l'intégrant dans les DTS, l'unité de compte dans laquelle sont notamment libellés les plans d'aide du FMI. Deux conditions sont requises pour qu'une devise puisse intégrer le panier du Fonds: qu'elle soit "largement utilisée" dans les transactions internationales et qu'elle soit "librement utilisable". C'est ce dernier point qui était le plus litigieux, Pékin continuant d'exercer un strict contrôle sur l'appréciation de sa monnaie. Dans un rapport publié début août, le FMI estimait ainsi qu'un "important travail" restait à accomplir avant qu'une recommandation claire puisse être faite sur le yuan. Depuis, les autorités chinoises ont toutefois décidé de réformer la façon dont est fixé le taux de référence du yuan pour le rapprocher de sa véritable valeur de marché. Cette mesure, prise subitement en août, s'était traduite par une dépréciation de 5% de la monnaie chinoise vis-à-vis du dollar. La Chine a par ailleurs accepté en octobre d'adhérer à un mécanisme du FMI permettant d'améliorer la qualité de ses statistiques économiques, dont la fiabilité est régulièrement mise en doute.
Soutien prudent des Etats-Unis Ces changements ont semblé convaincre les équipes du FMI qui, dans le rapport, "estiment que le RMB est une monnaie +librement utilisable+", a révélé Mme Lagarde. Même si elle sera in fine tranchée par le FMI, cette question s'invitera sans doute dans les débats du sommet du G20 qui doit se tenir dimanche et lundi à Antalya, en Turquie. Les regards seront particulièrement braqués sur les Etats-Unis, qui accusent régulièrement la Chine de déprécier artificiellement sa monnaie pour doper ses exportations mais semblent désormais ouverts à un changement. "Nous avons l'intention de soutenir l'inclusion du renminbi dans le panier des Droits de tirage spéciaux à condition que la devise remplisse les critères existants du Fonds monétaire international", a indiqué un porte-parole du ministère du Trésor américain. "Nous examinerons le rapport du FMI à cette aune", a-t-il poursuivi dans un communiqué transmis. Premiers actionnaires du FMI, les Etats-Unis ont récemment atténué leurs critiques contre la politique économique chinoise. Dans un rapport publié mi-octobre, ils avaient ainsi estimé que le yuan n'était plus "considérablement sous-évalué" mais qu'il était simplement "inférieur à sa juste valorisation sur le moyen terme". Si elle était approuvée, l'inclusion du yuan ne sera toutefois pas immédiatement effective et n'entrera en vigueur qu'en septembre 2016, selon une décision prise par le FMI à la mi-août pour donner le temps nécessaire aux acteurs financiers de se préparer ce changement. La dernière modification de ce panier de devises remonte à 2000 quand l'euro avait remplacé le franc et le deutsche mark.
Un nouveau billet de 100 yuans anti-contrefaçon La Chine a mis en circulation une nouvelle version du billet de 100 yuans, qui ajoute au portrait de Mao Tsé-toung des modifications pour empêcher les contrefaçons. A peine introduit, il était toutefois rejeté par des guichets automatiques et certains magasins. Le billet de 100 yuans, de couleur rosée, est la coupure la plus élevée disponible dans la deuxième économie mondiale. On y trouve toujours d'un côté une représentation de Mao, fondateur de la Chine populaire, et de l'autre, le Grand palais du Peuple, bâtiment de la place Tiananmen à Pékin et emblème du pouvoir central. Mais, confrontées à une explosion des contrefaçons, les autorités ont ajouté à cette nouvelle version des nuances dorées et une bande réfléchissante plus large - rendant le billet si brillant qu'il a été aussitôt surnommé ironiquement "tuhao jin" par les internautes (c'est-à-dire "l'or des nouveaux riches").
Battage médiatique Ces ajouts à la précédente version (2005) vont "aider le public à distinguer plus facilement les faux billets des vrais" et "rendra plus commode leur reconnaissance par des systèmes automatisés", selon la banque centrale chinoise (PBOC). Mais la mise en circulation de la nouvelle coupure, débutée en fanfare jeudi à grand renfort de battage médiatique, ne s'est pas faite sans accrocs. Ainsi, les guichets automatiques de certaines banques, programmés pour accepter les dépôts d'argent, refusaient obstinément vendredi les nouveaux billets, rapportait le Dongya Jingmao Xinwen, un journal économique de Changchun (nord-est). Un responsable d'un établissement bancaire, cité par le quotidien, a expliqué que ces guichets automatiques devaient subir une "mise à jour" de leurs logiciels avant de pouvoir reconnaître la nouvelle coupure.
Mal endémique Certains supermarchés refusaient également le nouveau billet "doré", celui-ci déclenchant immanquablement les sonneries stridentes de leurs machines détectrices de faux billets, ajoutait le journal. La contrefaçon de billets de banque reste endémique à travers le pays, en dépit d'opérations coup de poing des forces de l'ordre. La police de la province du Guangdong (sud) avait annoncé en septembre avoir saisi des stocks massifs de faux billets de 100 yuans, d'une valeur nominale totale de 210 millions de yuans. Le gouvernement a par ailleurs insisté cette semaine sur le fait qu'il n'avait pas l'intention de lancer des coupures supérieures à 100 yuans, de façon à "contrecarrer à la fois les faux-monnayeurs et la corruption", alors que la pratique des pots-de-vin gangrène le Parti communiste au pouvoir, selon l'agence Chine nouvelle.