Le PSG se déplacera à Angers puis à Nice cette semaine. Deux équipes performantes dans des styles quasiment opposés qui peuvent menacer l'invincibilité du champion d'automne. Cela aurait pu être la semaine de tous les dangers pour le PSG. Elle l'aurait été, si le triple champion de France en titre ne comptait pas déjà 13 points d'avance en tête de la Ligue 1 après seulement 15 journées. Paris se balade tellement qu'il envisage de boucler la saison sans la moindre défaite en championnat. Dans cette optique, il lui faudra bien négocier la semaine qui vient. Celle où il aura deux déplacements consécutifs, chez des équipes en forme de cette première moitié de saison. S'il est encore possible de parler de difficulté pour Paris en championnat, elle ne réside pas tellement dans le fait de jouer deux fois consécutivement à l'extérieur. Mais plutôt dans la différence radicale entre ses deux prochains opposants, Angers, mardi, et Nice, samedi. Ils n'ont pas affiché des qualités similaires pour s'installer dans le premier tiers du classement. Ces deux équipes ont même des styles quasiment opposés.
Angers, la solidité incarnée On retrouve le PSG et Angers au coude à coude dans un classement avant leur duel mardi à Jean Bouin : celui des défenses de Ligue 1. Ce n'est pas vraiment une surprise de voir que le triple champion de France en titre n'a concédé que 8 buts jusqu'ici. Ça l'est bien davantage de constater qu'un promu n'en a encaissé que 9 après 15 matches. Il a réussi à conserver son but inviolé à 9 reprises, soit 3 matches sur 5. Angers, c'est du solide. Peut-être davantage que toutes les formations rencontrées par le PSG en championnat jusqu'ici. L'entraîneur angevin Stéphane Moulin estime, à juste titre, que la réussite d'Angers ne se résume pas à sa solidité défensive. Ni à son efficacité sur coups de pied arrêtés, l'autre point fort du SCO. L'équipe angevine est la plus prolifique de L1 sur ces phases de jeu avec 7 buts inscrits, à égalité avec Monaco et Montpellier. Mais elle est la seule du championnat de France à avoir marqué plus de buts sur coups de pied arrêtés que dans le jeu (5). Son efficacité dans ce domaine, due aussi à la précision du pied de Thomas Mangani, peut permettre à Angers de menacer le PSG. Mais là où l'équipe de Stéphane Moulin peut gêner Paris, c'est sur sa puissance athlétique, nettement au-dessus de la moyenne en Ligue 1. Le SCO est un savant mélange de taille, avec Cheikh Ndoye (1,92m), Romain Thomas (1,93m) ou Romain Saïss (1,90m), et de la vitesse avec Abdoul Razzagui Camara ou Billy Ketkeophomphone. Un paramètre physique qui explique en partie la cohésion et la complémentarité d'un collectif difficile à bouger. Reste à savoir s'il résistera à celui du PSG.
Nice, le jeu tout feu tout flamme Après avoir eu à faire à la solidité angevine, Paris se frottera à un adversaire d'un tout autre type. A l'instar du SCO, les Aiglons talonnent eux aussi le PSG dans un des classements de Ligue. Mais c'est celui des attaques cette fois-ci. Derrière l'attaque parisienne, la plus prolifique de Ligue 1 avec 37 buts inscrits, celle du Gym a fait trembler les filets à 30 reprises et se détache assez nettement de la concurrence. Lorient, troisième attaque de L1, pointe à six unités de la formation de Claude Puel (24 buts). Si Angers se distingue par sa puissance physique, Nice se démarque par sa qualité technique. Avec le PSG, l'OL et l'OM, les Aiglons sont les seuls à afficher une possession moyenne supérieure à 55% et un pourcentage de passes réussies supérieur à 83%. Et si le SCO affiche une efficacité remarquable sur coups de pied arrêtés, Nice, lui aussi adroit dans ce domaine avec 5 buts marqués, est surtout redoutable dans le jeu avec 19 buts inscrits. Seul le PSG fait mieux (27 buts). Paris devra aussi s'adapter à un tout autre type de gabarits. Après les grands gaillards angevins, il lui faudra maîtriser les petits formats niçois. La particularité des Aiglons, c'est ce trio du milieu terrain à la taille "barcelonesque" composé par Nampalys Mendy, Vincent Koziello et Jean-Michaël Seri, tous trois à 1,68m sous la toise. Trois hommes au cœur d'un collectif dont la mobilité et la vivacité contrastent avec la puissance et la solidité de celui d'Angers. Pour Paris, le programme de la semaine s'annonce vraiment varié. Pointer les joueurs du doigt, la stratégie douteuse et discutable d'Aulas et Fournier Jean-Michel Aulas et Hubert Fournier n'ont pas hésité à mettre la responsabilité des difficultés de l'OL sur les joueurs. Un choix discutable, sur la forme comme sur le fond. Il ne fait pas bon être joueur de l'OL en ce moment. Les Lyonnais viennent de connaître une semaine noire avec deux lourdes défaites en championnat, à Nice (3-0) et contre Montpellier à Gerland (2-4), et une en Ligue des champions face à La Gantoise (1-2), synonyme d'élimination de toutes coupes européennes. Fatalement, les critiques pleuvent sur les vice-champions de France dans la presse.
Mais s'il n'y avait que la presse… Après le revers contre La Gantoise, les joueurs de l'OL ont été pointés du doigt par leur entraîneur, Hubert Fournier, qui a critiqué l'état d'esprit de ses joueurs. Quelques jours plus tard, le président lyonnais Jean-Michel Aulas, peut-être dans une manœuvre pour soulager Fournier d'une pression grandissante, a lui aussi fustigé le comportement de ses hommes après le match perdu à Gerland face à Montpellier (2-4). Fournier et Aulas n'ont pas hésité à mettre la responsabilité de la période difficile traversée par Lyon sur les joueurs. C'est déjà un choix de communication risqué. Après cette série de trois défaites consécutives, et avant une semaine délicate qui verra Lyon se déplacer à Nantes mardi (19h00) puis recevoir Angers samedi (17h00), il eut peut-être été plus judicieux de tenir un autre discours en affichant un soutien à des joueurs touchés moralement. Surtout en tenant compte de la jeunesse du groupe des Gones, peu habitué à un tel traitement. Cette stratégie de communication est contestable sur la forme, mais aussi sur le fond. Si Aulas et Fournier ne sont pas sur le terrain, ils ont cependant eux aussi leur part de responsabilité dans les performances insuffisantes l'OL cette saison.
La stratégie d'Aulas ne porte pas ses fruits La vague de prolongations de contrats à Lyon l'été dernier n'est pas sans rappeler celles de Bordeaux après le titre de 2009. Avec les mêmes conséquences : des joueurs en baisse de régime une fois payés. Aulas a augmenté quelques salaires pour éviter de voir ses pépites partir à peu de frais. Mais beaucoup ont déjà perdu de leur valeur rien que sur leur manque de rendement sportif cette saison. Anthony Lopes est l'exception qui confirme la règle, tandis que Nabil Fekir a eu une grave blessure. Mais pour Alexandre Lacazette, Corentin Tolisso et, à un degré moindre, Jordan Ferri, Samuel Umtiti et Maxime Gonalons, les promesses de la saison passée n'ont pas été tenues. C'est le sujet qui revient le plus régulièrement au moment d'évoquer les déboires lyonnais : le manque d'impact des recrues estivales. Les investissements du président lyonnais sont loin de porter leurs fruits. Notamment les deux plus importants, Sergi Darder (12 millions d'euros) et Mapou Yanga-Mbiwa (8 millions d'euros). Claudio Beauvue et Rafael ont couté moins cher, mais ils n'apportent pas plus sur le terrain. Quant à Mathieu Valbuena, il est peut-être le moins décevant de tous, mais son rendement n'est pas non plus celui attendu d'un cadre de l'équipe de France.
Les choix de Fournier sont discutables A sa décharge, l'entraîneur lyonnais n'est pas aidé par les blessures. En attaque, il a déploré très tôt la grave blessure de l'individualité clé de son secteur offensif, Nabil Fekir. L'OL souffre terriblement de son absence, et n'a pas d'autre joueur de son profil dans son effectif. En défense aussi, les pépins physiques ont touché Christophe Jallet, Milan Bisevac et dernièrement Samuel Umtiti. Fournier n'a pu aligner que cinq fois sa charnière titulaire Bisevac-Umtiti en 15 journées. Pour un bilan de trois victoires, deux nuls, et un seul but encaissé. Ça traduit l'impact de ce duo sur les Gones. L'entraîneur de l'OL a des circonstances atténuantes, mais ses choix tactiques restent quand même discutables. Vendredi, face à Montpellier, son onze de départ n'était pas cohérent. Fournier a choisi une charnière Gonalons-Bisevac loin d'être complémentaire, alors qu'il avait la possibilité d'aligner Jérémy Morel dans l'axe et Henri Bédimo à gauche. Il a préféré faire reculer Gonalons, et utilisé Corentin Tolisso dans un rôle de sentinelle où le jeune Lyonnais a sombré. Il a laissé sur le banc Rachid Ghezzal, l'un des plus performants face à La Gantoise, et l'un des rares à pouvoir apporter de la créativité et une capacité d'élimination à des Gones qui en manquent cruellement.