L'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a achevé dans la nuit de lundi à mardi une tournée de dix jours dans la région dans le cadre du processus pour relancer les négociations entre le Maroc et le Front Polisario en vue de régler le conflit au Sahara occidental. L'émissaire de l'ONU avait choisi l'Algérie comme première étape de son périple visant à faciliter les négociations entre les parties concernées par le conflit du Sahara occidental, qui l'a également conduit au Maroc, dans les camps des réfugiés sahraouis et en Mauritanie. Suite à cette tournée, qui intervient dans une conjoncture marquée par les appels des Nations unies à la nécessaire relance des négociations entre les deux parties (Maroc et le Front Polisario), Christopher Ross devrait tenir le 8 décembre prochain un "briefing" au Conseil de sécurité de l'ONU sur la question du Sahara occidental, une sorte de réunion d'informations sur ses dernières visites dans la région. Elle sera suivie par la présentation d'un rapport détaillé au Conseil de sécurité sur la mission de médiation de M. Ross pour la résolution du conflit du Sahara occidental dans l'attente d'une visite dans la région, prévue début 2016, du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui souhaite apporter lui-même une contribution à la recherche d'une solution à ce conflit qui a duré troplongtemps. L'émissaire onusien est également attendu dans les prochains jours en Europe pour coordonner le programme de coopération entre les parties en conflit conformément aux résolutions du Conseil de sécurité en vue d'une solution "juste et définitive" garantissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Les derniers pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario remontent au mois de mars 2012 à Manhasset (Etats-Unis). M. Ross avait entre temps tenté de lancer de nouveaux pourparlers dans un pays européen, mais ce qui devait être le second round des négociations n'a jamais eu lieu.
La tournée en quatre étapes En Algérie, pays observateur du processus de paix dans le Sahara occidental avec la Mauritanie, l'envoyé personnel du SG de l'ONU, avait été reçu par le président de la République Abdelaziz Bouteflika ainsi que par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra et le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel. Lors de cet entretien avec le Président Bouteflika, Christopher Ross avait exprimé sa reconnaissance envers l'Algérie pour son soutien au processus onusien visant à la recherche d'une solution au conflit du Sahara occidental, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. Il avait, alors, indiqué avoir eu avec le président de la République des "échanges utiles" sur les derniers développements concernant le dossier sahraoui, ajoutant que "le Président Bouteflika m'a encouragé sur cette voie et m'a assuré du soutien de l'Algérie en ce sens". La position de l'Algérie s'adosse à la résolution onusienne 1514 qui consacre le droit des peuples à l'autodétermination. Après deux jours en Algérie, M. Ross s'était rendu au Maroc, où il avait rencontré le chef de la diplomatie marocaine, Salaheddine Mezouar, dont les récentes déclarations, selon lesquelles Rabat ne pourra pas accepter que l'émissaire onusien se rende dans les territoires occupés, avaient été clairement rejetées par le Conseil de sécurité, qui a exprimé son soutien inconditionnel aux efforts de Christopher Ross. Dans les camps des réfugiés sahraouis, troisième étape de sa visite, M. Ross a été reçu par le Président sahraoui, Mohamed Abdelaziz avant de rencontrer la délégation sahraouie aux négociations, des responsables du Front Polisario ainsi que des ministres et hauts fonctionnaires sahraouis. A l'issue de sa rencontre, qualifiée de "profonde et de franche", avec l'envoyé personnel du SG de l'ONU, le président Abdelaziz avait dénoncé la "politique de fuite en avant" adoptée par les autorités marocaines dans le conflit du Sahara occidental, exprimant la "grande préoccupation" de la partie sahraouie à ce sujet. Le représentant du Front Polisario auprès de l'ONU, Ahmed Boukhari, a pour sa part déclaré: "Nous sommes un peuple qui milite pour un droit inaliénable et reconnu au plan international", réitérant la disposition de la partie sahraouie à soutenir les efforts onusiens et "sa position claire à l'égard de la décolonisation". Le ministre de la Défense sahraoui, Mohamed Amine Bouhali, a, quant à lui, estimé que le refus du Maroc du règlement pacifique du conflit au Sahara Occidental replaçait le peuple sahraoui "dans les conditions de guerre" . Le président de l'Assemblée nationale sahraouie (ANS), Khatri Addouh, a, de son côté, souligné que la position "encourageante" de l'ONU concernant le conflit sahraoui "doit être appuyée par le Conseil de sécurité" en vue d'aller vers un règlement pacifique de cette question. La partie sahraouie a, ainsi, dénoncé les provocations du Maroc, qui rejette les démarches de l'émissaire onusien dans la région et entrave la relance du processus de règlement pacifique du conflit à travers l'organisation d'un référendum d'autodétermination en tant que mécanisme démocratique permettant au peuple sahraoui de décider de son sort. En Mauritanie, dernière étape de sa tournée, M. Ross a eu des entretiens avec le Premier ministre mauritanien, Yahia Ould Hademine, en présence de la ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères du pays, Khadidja M'barck Fall. Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.