Pour dénoncer les mauvaises conditions dans lesquelles ils évoluent, plusieurs centaines d'étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou sont sortis hier dans la rue, à la faveur de la marche qu'ils ont organisée depuis le campus Hasnaoua jusqu'au siège de la wilaya.Parmi les principales revendications de la communauté estudiantine de cette wilaya, il y a, entre autres, l'amélioration de la situation au sein des résidences universitaires, à savoir, l'allégement des surcharges dans les cités, l'amélioration du service dans les restaurants et le règlement du problème du transport universitaire. Au volet pédagogique, c'est la suppression du nouveau système LMD (Licence, Master, Doctorat) que les étudiants continuent à revendiquer en plus de l'amélioration de la qualité de l'enseignement dispensé. La situation conflictuelle dans cette université, dont les effectifs dépassent les 37 000, ne date pas d'hier, puisque le bras de fer opposant les étudiants à la rentrée de l'année en cours, 2007/2008. Ainsi, le climat de tension actuel n'est pas propre à l'université de Tizi Ouzou, puisque, des quatre coins du pays, les voix s'élèvent de plus en plus pour dénoncer un statu quo similaire. Que ce soit à Béjaïa, à Oran, à Djelfa, à M'sila ou ailleurs, aucun établissement universitaire n'est épargné par la grogne qui va crescendo au fur et à mesure que l'année universitaire avance. Les organisations estudiantines font état, presque quotidiennement, d'un malaise ambiant qui règne au sein des campus et la contestation ne manque pas d'avoir des répercussions de plus en plus négatives sur le cursus des étudiants. Il y a quelques semaines, des centaines d'étudiants de l'université d'Oran ont manifesté leur colère. Ces derniers protestaient contre le manque de places pédagogiques en organisant une marche. Le même climat de tension est signalé du côté de l'université de Sidi Bel Abbès, où des étudiants de plusieurs facultés ont observé plusieurs journées de grève. A Tiaret, les étudiants ont eu également recours à la grève comme moyen de protestation. Ces étudiants réclamaient plus d'encadreurs, de manuels de références, un programme précis des sorties scientifiques, la délivrance dans les délais des attestations et diplômes. Les associations des étudiants ne cessent pas de dénoncer le déficit en matière d'hébergement et de restauration, l'absence de bibliothèques, le manque d'accès à l'Internet et autres infrastructures culturelles et sportives. Face à cet état de fait, il est plus qu'urgent que la tutelle se penche sur la situation afin de prendre les mesures qui s'imposent au plus vite pour que l'année universitaire en cours ne soit pas compromise. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a tous les atouts pour remédier à cette phase cruciale que traverse l'université algérienne, d'autant plus que cette période coïncide avec l'ouverture, au niveau de la première chambre du Parlement, des débats sur les défis auxquels est confrontée l'université algérienne et les mutations qui s'opèrent en son sein. Avant-hier, lors des débats en plénière à l'APN, plusieurs députés ont relevé la problématique du nouveau système pédagogique, LMD, et son inadéquation avec la réalité de l'université algérienne. Les élus à la chambre basse du Parlement ont été également nombreux à avertir le ministre de tutelle quant à une éventuelle ouverture des services universitaires, y compris la pédagogie, au privé. Ces députés se sont "opposés" à toute forme de privatisation de l'université algérienne.