La présidence française de la conférence sur le climat (COP21) a soumis, hier, le projet d'accord final aux 195 pays présents à Paris. Ce texte avait été finalisé durant la nuit. "Nous sommes parvenus à un projet d'accord ambitieux et équilibré qui reflète les positions de parties", a notamment déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Ce texte "est juste durable et juridiquement contraignant", a-t-il souligné. S'il est adopté, le projet de texte se fixe pour objectif de "contenir l'augmentation de la température moyenne bien en-deçà de 2° et de s'efforcer de limiter cette augmentation à 1,5° ce qui permettrait de réduire significativement les risques et l'impact du réchauffement climatique", a déclaré M. Fabius. "Ce texte contient les principales avancées, dont beaucoup d'entre nous pensaient qu'elles seraient impossibles à obtenir." Le président français François Hollande a ensuite exhorté les pays participant à la COP21 à adopter le projet de texte qui leur a été soumis. "L'accord décisif pour la planète, c'est maintenant", a-t-il lancé.
"Un espoir considérable" Pour François Hollande, le texte préparé est "ambitieux et réaliste". S'il est adopté, "ce sera un acte majeur pour l'humanité". Il a exhorté les délégations à l'adopter et ainsi "se hisser à la hauteur de l'enjeu. Il en va de notre crédibilité collective. Un espoir considérable s'est levé". Le texte a été mis au point au terme d'une nouvelle nuit d'échanges autour du président de la COP Laurent Fabius. Il a été envoyé au petit matin pour traduction dans les six langues de l'ONU. Le document a été distribué aux représentants des pays à l'occasion d'une séance plénière.
Les principaux chiffres du réchauffement climatique L'accord attendu à Paris a pour ambition de contenir le réchauffement planétaire à 2°C par rapport à l'époque pré-industrielle. Rappel des éléments clés sur ce phénomène, selon des données du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec).
Gaz à effet de serre (GES) L'effet de serre est un phénomène naturel consistant en l'absorption par un certain nombre de gaz d'une partie du rayonnement infrarouge de la Terre, retenant ainsi de la chaleur. Ce phénomène est accentué par le relâchement plus important dans l'atmosphère de gaz dû aux activités humaines. Ce surplus provoque un réchauffement accéléré du climat. Le dioxyde de carbone (CO2, gaz carbonique) est le principal gaz à effet de serre d'origine anthropique (76% des émissions). Les autres sont le méthane (16%), le protoxyde d'azote (6%) et les gaz fluorés (2%). Chaque gaz a une capacité différente à retenir de la chaleur.
Emissions de GES Les émissions annuelles de GES sont plus élevées que jamais. En 2010, elles ont atteint 49 gigatonnes d'équivalent CO2. La hausse des émissions s'accélère: +2,2% par an de 2000 à 2010, contre +1,3% par an entre 1970 et 2000. Les énergies fossiles et l'industrie ont représenté 78% des émissions entre 1970 et 2010. Les secteurs les plus émetteurs de GES sont: la production d'énergie (35%), l'agriculture et la forêt (24%), l'industrie (21%), les transports (14%), le bâtiment (6%). Les principaux pays émetteurs sont: la Chine (environ 24%), les Etats-Unis (15,5%), l'Union européenne (11%), l'Inde (6,5%), la Russie (5%).
Concentration dans l'atmosphère Les concentrations actuelles de GES dans l'atmosphère sont les plus élevées depuis 800 000 ans. La concentration moyenne de GES était de 430 ppm CO2eq (équivalent CO2 en parties par million) en 2011. Pour avoir la meilleure chance (entre 66 et 100%) de limiter la hausse de la température globale à 2°C, cette concentration ne doit pas dépasser environ 450 ppm CO2eq en 2100.
Hausse des températures : situation actuelle La moyenne globale à la surface de la planète a gagné 0,85°C entre 1880 et 2012. Selon l'Institut météorologique britannique, en 2015, la hausse des températures mondiales aura atteint +1° par rapport à l'ère pré-industrielle. La hausse n'est pas homogène: elle est plus importante sur les continents et au niveau des pôles. Les trois dernières décennies ont été successivement les plus chaudes depuis 1850. La température à la surface des océans s'est élevée de 0,11°C par décennie entre 1971 et 2010.
Ce qui nous attend Quatre scénarios ont été modélisés par le Giec: en l'absence de nouvelles mesures pour réduire les émissions, la hausse globale des températures atteindra probablement à la fin du 21e siècle 3,7 à 4,8°C par rapport à 1850-1900. Le seuil de 2°C implique que les émissions cumulées ne dépassent pas environ 2 900 Gt de CO2. Il implique de réduire de 40 à 70% les émissions de GES d'ici 2050 (par rapport à 2010) et de les faire disparaître en 2100. Réduire fortement les émissions exige des investissements de plusieurs centaines de milliards de dollars par an d'ici à 2030. Pour espérer contenir le réchauffement à seulement 1,5°C, l'effort est encore plus important et paraît presque irréalisable au regard des niveaux d'émissions actuels.