Les cours du pétrole étaient de nouveau orientés à la baisse hier en Asie, avant la publication attendue des chiffres des réserves et de la production américaines. Les cours ont été très instables cette semaine, en se maintenant cependant très bas, les investisseurs redoutant que la situation d'excès d'offre ne se poursuive en 2016. La veille, le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février perdait 67 cents à 37,20 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, également pour livraison en février, reculait de 46 cents à 37,33 dollars. Les analystes s'attendent à ce que les stocks de brut aient reculé aux Etats-Unis durant la semaine de Noël. Mais selon Bloomberg, ils demeureraient supérieurs aux 120 millions de barils, soit au-dessus des moyennes saisonnières des cinq dernières années. La production américaine devrait demeurer au-dessus des 9,1 millions de barils par jour (bpj), ce qui ne sera pas de nature à régler la situation de surabondance de l'offre jugée responsable de la dégringolade des cours observée depuis 18 mois. "Les chiffres des stocks sont probablement les plus importants de la semaine", a estimé dans un commentaire de marché Daniel Ang, analyste chez Phillip Futures. "Il est très probable que les chiffres de la production nous décevront." Les cours ont également été plombés par la décision il y a quelques semaines de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de ne pas réduire ses niveaux de production. Les cours du pétrole ont terminé en nette hausse la veille à New York, annulant l'essentiel de leurs pertes de la veille dans un marché espérant voir un nouveau reflux des stocks de brut aux Etats-Unis. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février a gagné 1,06 dollar à 37,87 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance a fini à 37,79 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 1,17 dollar par rapport à la clôture de lundi. Deux choses ont catalysé le mouvement aujourd'hui, a estimé Oliver Sloup, chez iiTrader.com. D'une part on anticipe que les chiffres de l'association API ce soir et ceux du ministère de l'Energie demain montreront un nouveau reflux des stocks de brut, a-t-il dit. Et d'autre part, des investisseurs préparent leurs bilans de fin d'année, soucieux de ne pas s'exposer à des risques inconsidérés en pariant trop sur la baisse des cours. Pour autant, M. Sloup a souligné que les cours n'avaient guère évolué depuis l'ouverture de lundi, mettant l'amplitude des variations des cours depuis le début de la semaine sur le compte de la faiblesse des volumes d'échange. Un recul inattendu et considérable des réserves américaines de brut la semaine dernière, à hauteur de 5,9 millions de barils, avait permis aux cours de brièvement rebondir la semaine dernière. Selon Tim Evans, chez Citi, les stocks de brut pourraient cette fois avoir baissé de 2 à 3 millions de baril aux Etats-Unis durant la semaine de Noël, alors que ceux de produits pétroliers, essence et fioul de chauffage compris, auraient progressé. M. Evans ajoutait que la perspective de températures plus froides en janvier, tant en Europe qu'aux Etats-Unis, aide à porter les cours. A l'inverse, les températures exceptionnellement douces du mois de décembre ont pesé sur la demande en fioul de chauffage. Globalement le marché continue de souffrir de la surabondance de l'offre en pétrole face à une demande jugée fragile, surtout hors des Etats-Unis. Lundi, le cours du WTI avait ainsi lâché plus de 3% après la publication d'indicateurs inquiétants en Chine et au Japon et la présentation d'un budget saoudien ne laissant entrevoir aucune mesure de soutien pour le marché. Ryad, premier exportateur mondial de pétrole, a en effet subi un déficit budgétaire record en 2015 sur fond de chute de plus de 60% des prix du brut depuis l'été 2014. Des mesures d'austérité ont été décidées pour juguler ce déficit, que des analystes mettent sur le compte de la politique saoudienne consistant à laisser chuter les cours de l'or noir pour défendre ses parts de marché. Selon Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix, cette politique pourrait continuer de faire souffrir Ryad et les autres pays producteurs du Golfe l'an prochain. Si la combinaison de la levée des interdictions d'exporter du pétrole en Iran et aux Etats-Unis se traduit par une faiblesse prolongée des cours, les risques géopolitiques dans les pays du Golfe vont augmenter, a-t-il prévenu.