Le pétrole a terminé une nouvelle fois en baisse vendredi à New York, s'inquiétant de voir encore ralentir le rythme de fermeture des puits dans le pays, ce qui pourrait annoncer un reflux de production moins marqué qu'espéré. Le prix du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin a perdu 19 cents à 59,69 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres en revanche, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a terminé la séance à 66,81 dollars, en hausse de 11 cents par rapport à la clôture de jeudi. Avec huit puits de pétrole en moins aux Etats-Unis cette semaine par rapport à la semaine dernière, selon la société de services pétroliers Baker Hughes, le déclin du nombre de puits est le plus faible qu'on ait vu depuis le 12 décembre, a souligné James Williams, chez WTRG Economics. Donc même si la production va probablement baisser, ce ne sera pas autant qu'on l'avait anticipé, a-t-il ajouté. Le marché souffre actuellement d'une surabondance de l'offre, mais de premiers signes d'une baisse de la production nationale avaient redonné de l'optimisme aux investisseurs ces dernières semaines et contribué à pousser les cours à la hausse. Le prix du baril de WTI a progressé de quelque 40% entre la mi-mars et début mai. Selon M. Williams, le nombre de puits en activité aux Etats-Unis pourrait avoir atteint un plancher et recommencer à augmenter dans les semaines qui viennent. Cela aura un effet psychologique sur le marché et représentera un facteur de baisse. Même si, vu l'effet de retard entre cet indicateur et la production effective, cela n'empêchera pas la production de brut américain de refluer, a-t-il expliqué. Par ailleurs Tim Evans, chez Citi, a noté que la médiocrité des indicateurs sur l'économie américaine, notamment la déception provoquée par la confiance des consommateurs, sape l'espoir d'un vif rebond de la croissance après le premier trimestre, et donc d'une nette reprise de la demande. Enfin le marché reste prudent avant une réunion ministérielle de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) dans trois semaines. Si, lors de leur réunion du 5 juin, les ministres de l'Opep disent qu'ils vont restreindre un peu la production, et obtiennent un peu de coopération des pays hors Opep, les prix pourraient se reprendre, a assuré Carl Larry, chez Frost & Sullivan, sans exclure de prochainement renouer avec un cours à 70 dollars le baril. Une baisse volontaire du niveau de production de l'Opep ne semble pas très réaliste, ont toutefois relevé les analystes de Commerzbank, notant que la production du cartel était en avril au plus haut depuis septembre 2012 à 31,2 millions de barils par jour, selon les chiffres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) parus mercredi. L'Opep avait refusé en novembre de limiter sa production de pétrole, certains pays, comme l'Arabie Saoudite qui est le chef de file du cartel, baissant même leurs prix pour consolider leurs parts de marché. Les analystes de Commerzbank étaient d'ailleurs généralement circonspects. Sommes-nous en train d'assister à un revirement sur le marché pétrolier? s'interrogeaient-ils. Selon eux, l'absence de réaction euphorique du marché à l'annonce mercredi d'un reflux des stocks de brut aux Etats-Unis, et puis à un nouvel incident dans le Golfe entre un navire de commerce et des patrouilleurs iraniens, pourrait indiquer que la remontée des prix, qui manque de justification fondamentale, est à bout de souffle. Pour sa part M. Williams a estimé que les cours avaient atteint un point d'équilibre susceptible de durer, dans une marge de plus ou moins cinq dollars. En Asie, les cours du pétrole étaient en baisse dans les échanges matinaux, les marchés peinant à entrevoir la fin de la surabondance de l'offre. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin cédait 15 cents, à 59,73 USD, dans les premiers échanges électroniques, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet perdant lui six cents, à 66,64 dollars. Pour Nicholas Teo, analyste chez CMC Markets à Singapour, les cours ont "vacillé" après des déclarations de l'Agence internationale de l'énergie.