Les cours du pétrole sont restés sur leur lancée jeudi et ont fini la séance en hausse à New York, le marché étant surtout encouragé par la faiblesse du dollar, ainsi que l'annonce d'un petit reflux des stocks de brut au terminal de Cushing (Oklahoma, sud). Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin a pris 1,05 dollar à 59,63 dollars en clôture au New York Mercantile Exchange (Nymex), terminant le mois sur une hausse de plus de 25% par rapport à la fin mars. A Londres, le baril de Brent pour livraison en juin a gagné pour sa part 94 cents à 66,78 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Jason Schenker, chez Prestige Economics, a souligné que les cours étaient soutenus par le dollar et le manque d'empressement manifesté mercredi par la Réserve fédérale (Fed) pour rehausser les taux d'intérêt, vu la faiblesse de la croissance économique aux Etats-Unis. La première estimation du Produit intérieur brut (PIB) américain pour le premier trimestre a en effet fait état mercredi d'un rythme annuel de 0,2% seulement, et la faiblesse de l'inflation en mars annoncée jeudi n'a pas non plus de quoi encourager la Fed à rehausser les taux d'intérêt. Tout hausse des taux aurait pour effet de renchérir le dollar, ce qui rendrait le pétrole plus onéreux pour les acheteurs munis d'autres devises. Par ailleurs, au lendemain de la publication des chiffres officiels sur les réserves de brut aux Etats-Unis, qui ont fait état d'une augmentation globale inférieure aux attentes, "les investisseurs se concentrent sur la baisse des stocks à Cushing, qui peut être le signe de ce qui se passe dans le gisement de Bakken, et signaler que la production commence à ralentir", a expliqué Michael Lynch, chez Strategic Energy and Economic Research. Le bassin schisteux de Bakken, centré sur les Etats du Dakota du Nord et du Sud, et qui déborde sur le Canada, est parmi les plus prometteurs en Amérique du Nord actuellement. Son exploitation a permis aux Etats-Unis de très fortement augmenter leur production de pétrole, contribuant à la surabondance actuelle de l'offre sur les marchés internationaux, responsable de l'effondrement des cours depuis près d'un an. Mercredi les cours avaient déjà progressé à l'annonce que les stocks à Cushing avaient reflué d'un demi-million de barils, à 61,7 millions de barils, un premier reflux en 21 semaines. Mais plusieurs analystes ont mis en garde contre tout enthousiasme dans le marché. Ainsi Tim Evans, chez Citi, a noté que la production de l'Opep était restée en avril à "un niveau suffisamment élevé pour que le marché souffre d'un surplus jusqu'en 2016". Pour Kyle Cooper, chez IAF Advisors, c'est surtout le franchissement technique de seuils à la hausse qui représentait un "facteur technique" déclenchant les achats. Les cours sont désormais au plus haut depuis la mi-décembre. M. Schenker insistait pour sa part sur la dimension saisonnière du marché, anticipant un rebond de la demande avec le retour des beaux jours. Les raffineries tournent déjà presque à plein régime (à 91,3% des capacités selon le DoE), afin de fournir l'essence nécessaire aux déplacements automobiles de l'été. En Asie, les cours du pétrole étaient mitigés dans les échanges électroniques matinaux, tiraillés entre des estimations décevantes sur la croissance aux Etats-Unis et une baisse de la production américaine de brut, conjuguée à la faiblesse du dollar. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin prenait huit cents, à 58,66 dollars, tandis que le baril de Brent pour livraison en juin également abandonnait 27 cents, à 65,57 dollars. Les cours du brut coté à New York étaient soutenus par l'annonce d'un reflux des stocks au terminal de Cushing (Oklahoma, sud), le premier en quatre mois. Ces réserves ont diminué d'un demi-million de barils, à 61,7 millions de barils, alors qu'elles étaient en augmentation continue depuis la fin novembre. La faiblesse du dollar contribuait aussi au maintien des cours, les achats d'or noir étant libellés dans cette monnaie. Cependant pour nombre d'analystes, les fondamentaux n'ont pas changé, entre production mondiale record et demande atone.