Les colossales réserves de changes chinoises ont connu une baisse record en décembre, tombant à leur plus bas niveau en trois ans, selon des chiffres officiels: une facture salée due aux ventes de dollars massives auxquelles procède Pékin pour soutenir la valeur du yuan. Fin décembre, les réserves de la Chine sont descendues à 3 300 milliards de dollars, en baisse d'une centaine de milliards de dollars par rapport à novembre, a indiqué l'Administration d'Etat chargée des marchés des changes (SAFE). La baisse des réserves fait suite à la vente de dollars par la banque centrale (PBOC) pour acheter des yuans sur fond de fuite des capitaux à la suite du ralentissement de la seconde économie mondiale. La chute de décembre est la plus importante enregistrée sur un mois, selon l'agence Bloomberg. Les réserves se situent à présent sous la prévision médiane de 3.400 milliards de dollars, selon des économistes suivis par Bloomberg, et au niveau le plus bas depuis décembre 2012. La baisse totale des réserves de change chinoises en 2015 a atteint 513 milliards de dollars. C'est leur premier repli annuel, allant de pair avec le ralentissement de la croissance économique chinoise supposée être tombée en 2015 à son plus bas rythme en 25 ans, selon les prévisions. Les chiffres officiels sur la croissance au 4ème trimestre et annuelle doivent être publiés plus tard en janvier. "La PBOC intervient, il y a beaucoup de sorties de capitaux et le yuan fait face à une forte pression à la baisse", a déclaré à Bloomberg Chen Xingdong, chef économiste pour la Chine à BNP Paribas SA, basé à Pékin. "La PBOC veut maintenant maintenir la stabilité". Elle a abaissé jeudi le cours de référence du yuan face au dollar de 0,51%, la plus forte baisse depuis la dévaluation-surprise du mois d'août. Les analystes estiment que le yuan continuera à se déprécier cette année en dépit des efforts de Pékin. La croissance chinoise pour 2015 devrait être de 6,9%, son taux le plus bas depuis un quart de siècle, selon une récente prévision de la PBOC. La banque centrale chinoise prévoit pour 2016 une croissance de 6,8% et dit s'attendre à une amélioration progressive de l'activité économique du géant asiatique.
L'inflation s'accélère L'inflation en Chine a accéléré en décembre, se renforçant légèrement par rapport au mois précédent, selon des chiffres officiels. La hausse des prix à la consommation, principale jauge de l'inflation dans le pays, s'est établie le mois dernier à 1,6% sur un an, contre 1,5% en novembre, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS) dans un communiqué publié sur son site internet. C'est une accélération conforme à celle attendue par les analystes consultés par l'agence Bloomberg (+1,6%). Sur l'ensemble de l'année 2015, l'inflation a été de +1,4%, toujours selon le BNS, soit un chiffre très en-deçà du niveau-cible d'"environ 3%" que s'était fixé Pékin. Les prix alimentaires ont fortement augmenté sur l'ensemble de 2015, de 2,3%, avec des hausses importantes notamment pour le porc (9,5%) -- principale viande consommée dans le pays -- et les légumes frais (7,4%). Les services ont par ailleurs vu leurs prix augmenter de 2% en 2015, avec notamment ceux des services à domicile qui ont progressé de +7,9%. Signal inquiétant: l'indice qui mesure l'évolution des prix à la vente à la sortie d'usine (PPI), lui aussi publié samedi par le BNS, a reculé en décembre pour le 46e mois consécutif, plongeant de 5,9% sur un an, soit le même chiffre que le mois précédent. Cet indice, qui ne cesse de s'enfoncer depuis bientôt quatre ans, rappelle les déboires du secteur manufacturier chinois, contraint de sacrifier ses prix de vente dans un contexte de baisse des exportations et de demande intérieure atone. Le secteur industriel national reste miné par les surcapacités, la stagnation persistante de l'immobilier, et les contractions répétées de l'activité manufacturière. La publication samedi de ces nouveaux indicateurs intervient au moment où les tentatives maladroites du gouvernement pour contrôler sa monnaie et ses marchés financiers ont semé la panique chez les investisseurs du monde entier, inquiets de la santé de l'économie chinoise.