Le volume des prêts accordés par les banques chinoises s'est effondré en juillet, selon des chiffres officiels publiés cette semaine, la demande de crédit ayant fortement reculé sur fond de refroidissement dans le secteur immobilier. Les établissements bancaires ont accordé 385,2 milliards de yuans (47 milliards d'euros) de nouveaux prêts le mois dernier, contre 1080 milliards de yuans en juin, a annoncé la banque centrale chinoise (PBOC) dans un communiqué. Ce niveau est très en deçà des attentes des analystes interrogés par Dow Jones Newswires, qui tablaient sur 730 milliards de yuans. Cela représente par ailleurs une chute de 45% par rapport aux 700 milliards de yuans de nouveaux prêts enregistrés il y a un an, en juillet 2013. Pour la PBOC, ce sont principalement les déboires du secteur immobilier --victime ces derniers mois d'un refroidissement marqué-- qui expliquent l'effondrement des prêts bancaires. Les prix moyens des logements neufs ont reculé sur trois mois consécutifs, poussant les promoteurs à suspendre voire annuler certains projets et donc à renoncer aux prêts qui y étaient associés. "La demande effective de prêts auprès des établissements bancaires n'a pas été aussi solide (en juillet) qu'auparavant, en raison de pressions sur l'économie nationale et des ajustements dans l'immobilier", a commenté un responsable de la banque centrale. De leur côté, les banques ont pu se montrer plus exigeantes et restreindre leurs prêts à un secteur jugé désormais à risque. Construction et immobilier représentent, directement et indirectement, plus de 30% du PIB chinois selon certaines estimations, et accaparent une partie importante des prêts bancaires. L'agrégat appelé "social financing" --une mesure large du crédit, qui inclut aussi les financements disponibles en dehors du système bancaire-- s'est littéralement effondré en juillet, tombant à 273,1 milliards de yuans, contre 1970 milliards le mois précédent, a précisé la PBOC. La banque centrale "continuera" d'appliquer une politique monétaire "prudente", tout en l'"ajustant" pour stabiliser l'environnement financier, a rappelé l'institution. La PBOC avait adopté au printemps plusieurs mesures ciblées pour encourager les établissement bancaires à accorder davantage de prêts à des secteurs spécifiques, sans alimenter pour autant une nouvelle embardée du crédit à des fins "non productives" ou spéculatives. La PBOC a ainsi autorisé les banques "rurales", puis les établissements bancaires "accordant des prêts au secteur agricole ou aux petites entreprises", à diminuer le niveau des réserves obligatoires qu'elles doivent mettre de côté. Pékin se dit cependant toujours déterminé à endiguer "la finance de l'ombre" --firmes de crédit non régulées ayant prospéré en dehors du système bancaire--, accusées d'avoir alimenté l'envolée des dettes publiques et privées dans le pays.
Léger ralentissement de la production industrielle Par ailleurs, la production industrielle en Chine a gonflé en juillet de 9% sur un an, marquant un léger ralentissement par rapport à juin, selon des chiffres officiels rendu public --un essoufflement après les accélérations des derniers mois. La hausse de la production industrielle dévoilée par le Bureau national des statistiques (BNS) correspond exactement à la prévision des analystes interrogés par l'agence Dow Jones. Mais elle s'établit en deçà de la progression de 9,2 enregistrée en juin. De leur côté, les ventes au détail ont progressé le mois dernier de 12,2% sur un an, marquant là aussi un léger ralentissement de la consommation des ménages par rapport à la hausse de 12,4% sur un an en juin. Quant aux investissements en capital fixe --qui reflètent les dépenses dans les infrastructures-, ils ont grossi de 17% sur un an sur les sept premiers mois de l'année (janvier-juillet), en deçà des attentes du marché. C'est un ralentissement par rapport à la progression enregistrée sur l'ensemble du premier semestre (+17,3% sur un an), et c'est leur rythme de croissance le plus faible depuis 2001. Les statistiques économiques avaient témoigné ces derniers mois d'un regain de vigueur de l'activité dans la deuxième économie mondiale, avec notamment de sensibles accélérations de la production industrielle. A contrario, les indicateurs publiés par le BNS semblaient suggérer un essoufflement. Alors que la croissance économique chinoise était descendue à 7,4% au premier trimestre, au plus bas depuis 18 mois, Pékin avait introduit à partir d'avril des mesures de relance ciblées pour stimuler l'activité. Le gouvernement avait ainsi adopté des réductions fiscales, des facilités pour doper les investissements dans les infrastructures, et avait procédé à des assouplissements très ciblés de politique monétaire pour encourager les prêts aux petites entreprises et au secteur rural. Une amélioration progressive des indicateurs macroéconomiques --notamment sur le front manufacturier-- s'était traduite par une légère remontée de la croissance économique du pays à 7,5% pour le deuxième trimestre. La production manufacturière s'est encore nettement renforcée en juillet, progressant à son rythme le plus rapide depuis plus de deux ans, selon un indice gouvernemental publié début août. Pékin a exclu tout plan massif de relance, mais de l'avis des experts, le niveau maîtrisé de l'inflation --stable en juillet (à +2,3%) et très inférieur au plafond de 3,5% fixé par les autorités-- offre au gouvernement des marges de manœuvre pour des mesures accrues de soutien à l'économie.