Jusqu'à l'adoption de politiques de libéralisation à partir des années 1980, l'Algérie, le Maroc et la Tunisie ont privilégié une politique d'autosuffisance alimentaire fondée sur la planification et le contrôle des filières. Malgré tout, le niveau de dépendance alimentaire n'a pas cessé de se renforcer durant toute la période. Avec la libéralisation des échanges, les " politiques " mettent en avant le concept de sécurité alimentaire, centré sur la satisfaction des besoins de la population à partir des produits locaux et importés. Quelles sont les conséquences de cette évolution sur les systèmes d'élevage et les sociétés d'éleveurs dans les zones steppiques du Maghreb ? C'est ce qu'a tenté de répondre la 14ème session de la Commission ministérielle maghrébine chargée de la sécurité alimentaire, qui a entamé ses travaux vendredi dernier à Nouakchott. "La session de Nouakchott intervient dans un contexte international, marqué par la hausse des prix des produits de base, situation qui exige la conjugaison des efforts pour atténuer les effets négatifs du phénomène à travers une intense concertation et une gestion rationnelle des ressources disponibles", a déclaré le ministre mauritanien de l'Agriculture et de l'Elevage, Corera Issagha, à l'ouverture des travaux. L'Algérie admet de plus en plus, bien que tardivement, le rôle clé que le développement de l'agriculture doit jouer dans le développement économique du pays. Cette tendance apparaît très clairement dans les différents programmes qu'elle a élaboré pour le développement agricole, tel le programme national de développement agricole et rural (PNDAR), mis en œuvre depuis 2001, et qui a pour objectif l'amélioration des rendements des surfaces emblavées, qui sont estimées à 3 millions d'hectares/an. Le plan complémentaire de soutien à la croissance économique, initié par le chef de l'Etat pour la période 2005/2009, consacre plus de 3 milliards de dollars pour le développement rural sur une consistance globale du programme de 42 milliards de dollars. Il est surtout question de la diversification des activités en vue d'améliorer et de sécuriser les revenus ruraux par l'amélioration des systèmes de production agricole. Néanmoins, au cours de ces deux dernières années, plusieurs pays en développement, en particulier l'Algérie, ont demandé à la FAO de l'aider à concevoir et mettre en œuvre des projets de sécurité alimentaire d'importance moyenne ou de grande envergure, financés essentiellement sur leurs propres ressources. Ces projets sont basés sur le modèle du PSSA et comprennent généralement des essais pilotes de systèmes améliorés de production pour les petits agriculteurs sur un grand nombre de sites, parfois aussi la fourniture d'assistance pour l'approvisionnement en intrants, la commercialisation et la création d'une infrastructure rurale améliorée, selon les demandes des communautés participantes. Par ailleurs, la réunion, à laquelle ont pris part les ministres de l'Agriculture des cinq pays de l'Union du Maghreb (UMA), dont l'Algérie était représentée par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, a évaluée, notamment, l'état d'application des recommandations de la 13ème session, et a examiné en outre les résultats des travaux des groupes spécialisés de la commission dont ceux relatifs aux politiques agricoles et les échanges des produits, la protection des végétaux, la santé animale, ainsi que la lutte contre la désertification et le développement durable.