Lundi, Lionel Messi (FC Barcelone) a remporté son cinquième Ballon d'Or, banalisant un peu plus l'exceptionnel. S'il veut aller encore plus haut et parachever son œuvre, l'Argentin sait ce qu'il lui reste à faire : triompher en Coupe du monde avec l'Albiceleste. Son ultime défi. Le suspense fut insoutenable. Il a duré jusqu'à 17h46. Oui, 17h46 et pas 20 heures. Car pour l'annonce et l'attribution du Ballon d'Or, on savait déjà. Non, le seul mystère de la soirée a été levé quand Lionel Messi a posé le pied sur le bitume détrempé de Zurich : pas de costume à couronnes mais une tenue des plus classiques. La plus sobre d'un règne qui s'est un peu plus étendu lundi soir. Parce que, oui, l'Argentin a bel et bien remporté la plus prestigieuse des récompenses individuelles pour la cinquième fois de sa carrière, record absolu qui lui donne désormais deux longueurs d'avance sur Ronaldo et une tripotée de légendes telles que Michel Platini, Johan Cruyff et Marco van Basten. Cinq Ballons d'Or à 28 ans. Bravo. Chapeau. Rien d'autre à ajouter. Et le pire, c'est que ce n'est peut-être pas fini. Sans doute pas, même. Difficile d'imaginer le Barcelonais ne plus revenir à Zurich d'ici la fin de sa carrière. Je vous imagine en train de compter : combien Leo Messi va-t-il gagner de Ballons d'Or jusqu'au dernier jour de sa vie de footballeur ? 5, 6, 7, 8, 9 ou 10 ? Franchement, je n'en sais rien et, si j'étais vous, je ne me mouillerais pas. De toute manière, ce n'est plus ce qui compte. Parce que Messi a banalisé l'exceptionnel et, quoi qu'il advienne, l'Argentin a déjà une place à part dans l'histoire du jeu. Ce n'est pas un Ballon d'Or de plus ou de moins qui y changera quelque chose.
La Coupe du monde, juge de paix ultime Sa place dans la légende, Lionel Messi l'a gagnée à coups d'exploits individuels et d'accomplissements collectifs. Son palmarès et ses statistiques personnelles vont déjà au-delà du concevable et il ne lui reste qu'un Graal à conquérir pour parachever une œuvre monumentale : soulever la Coupe du monde avec l'Argentine. Lundi en début d'après-midi, lors d'un questions-réponses organisé avec les internautes d'Eurosport.fr sur Facebook, l'un d'entre vous m'a demandé s'il fallait "vraiment que Messi gagne la Coupe du monde pour être le plus grand de tous les temps ?" Ma réponse fut simple et sans détour : c'est oui. Aujourd'hui, beaucoup jugent qu'il a dépassé ses prestigieux prédécesseurs tels que Pelé, Maradona et compagnie. Je ne dis pas non mais je ne suis pas en mesure de l'affirmer catégoriquement. Parce qu'il manque ce sacre mondial, qui lui a filé entre les doigts au Brésil au terme d'une Coupe du monde qu'il avait parfaitement démarrée avant de s'éteindre petit à petit.
Cinq Ballons d'Or ou la Coupe du monde ? Messi n'hésite pas Si la toute-puissance et la mainmise des clubs sur le football international sont en train d'éteindre les équipes nationales depuis bientôt plus d'une décennie, la magie quadriennale de la Coupe du monde existe bel et bien encore. Demandez donc aux vingt-trois champions du monde allemands ou espagnols s'ils seraient prêts à échanger leur titre de 2014 ou de 2010 contre un seul des Ballons d'Or de Lionel Messi ? La réponse serait du même acabit de celle délivrée par la Pulga, lundi après-midi. Durant la traditionnelle conférence de presse qui s'est déroulée en amont de la cérémonie, un journaliste - sans doute argentin - a demandé malicieusement au maître du jeu s'il préférait gagner une Coupe du monde ou cinq Ballons d'Or ? Sourire en coin de l'intervieweur. Rictus un peu plus pincé de l'interviewé qui, après avoir fait remarquer (avec humour) à son interlocuteur que sa question était "méchante", n'a pas hésité une seconde quant à la teneur de la réponse : "Le Mondial, bien sûr… C'est l'apogée". Un véritable Everest que Pelé et Maradona, les deux plus grands footballeurs du XXe siècle, ont gravi et qui leur a conféré une aura unique ainsi qu'une empreinte éternelle. Lionel Messi a déjà tout ça ? Lui ne le pense pas. Du haut de son piédestal, Lionel Messi a encore un rêve qui ne cesse de se refuser à lui. Ce qui le rend d'autant plus désirable qu'un Ballon d'Or de plus.
Messi veut finir au Barça Inévitablement interrogé sur son avenir après avoir reçu son cinquième Ballon d'or, Lionel Messi a répété son attachement au Barça. Pas sûr que cela suffise à mettre un terme aux rumeurs qui envoient régulièrement Lionel Messi en Angleterre en général et à Manchester City en particulier. Qui plus est depuis que son ancien entraîneur au Barça, Pep Guardiola, a annoncé vouloir découvrir la Premier League, les Citizens tenant la corde pour accueillir l'actuel coach du Bayern Munich. D'ailleurs, pour ceux qui se plaisent à entretenir l'idée de retrouvailles entre Messi et Guardiola à Manchester, le "tout peut arriver dans le football" glissé par l'Argentin, lundi, à l'issue de la cérémonie du Ballon d'or suffira à alimenter la machine à rumeurs. Pour le reste, le désormais quintuple Ballon d'or n'a eu de cesse de clamer son amour du Barça et sa volonté d'y terminer sa carrière. "Mon idée est de terminer ma carrière dans ma maison et ma maison, c'est le Barça, a-t-il ainsi expliqué, cité par El Mundo Deportivo. C'est là que j'ai grandi et j'espère bien y finir ma carrière. Après, le football prend parfois des détours surprenants. Il y a un an, on était presque morts et finalement on a presque tout gagné. Mais mon intention est de terminer où tout a commencé." D'ailleurs, à l'en croire, la question de son avenir ne le préoccupe pas. "Je n'y pense pas, a-t-il assuré. Je pense à gagner des titres et ce que je veux, c'est en profiter avec ma famille. Je veux penser à cette journée et à la fin de la saison. Il y a beaucoup de trophées à gagner, et c'est tout ce à quoi je pense."
Qui pour concurrencer Lionel Messi en 2016 ? L'Argentin a remporté lundi son cinquième Ballon d'Or. Qui pourrait l'empêcher d'en conquérir un sixième en 2016 ? Un Français ? Déjà vainqueur du Ballon d'Or à quatre reprises, Lionel Messi a poussé un peu plus loin son record, lundi, en décrochant le trophée pour la cinquième fois. Compte-tenu de la forme déjà affichée lors de ce début d'année 2016 par l'Argentin, mais aussi par son équipe, le Barça, Messi sera le favori n°1 à sa succession en janvier 2017. Malgré tout, il devrait avoir de sérieux concurrents. Revue d'effectif. Les proches et habitués. Messi et Ronaldo, Ronaldo et Messi. Ces deux-là ont trusté les deux premières places entre 2011 et 2014. Cette année, Ronaldo a été devancé par l'Argentin mais rien ne dit que le classement ne sera pas une nouvelle fois inversé la saison prochaine. Si le Real Madrid n'a rien gagné cette année, "CR7" a brillé : 48 buts lors du championnat d'Espagne 2014-15 et 11 lors de la seule phase de groupes de la Ligue des champions 2015-16. Si elle reste sur ses standards, la star du Real a toutes ses chances mais il faudra que le Real Madrid de Zidane noircisse un peu son palmarès. Le palmarès seul n'a pas permis cette année de distinguer Messi, Neymar et Luis Suarez, le fameux trio "MSN" du Barça. Tous les trois ont gagné cinq trophées cette année. Mais on l'a vu lors de l'absence prolongée de Messi entre septembre et novembre, les deux autres sont capables de très bien faire les choses. Dauphin de l'Argentin cette année, Neymar, 23 ans seulement, a le potentiel pour être Ballon d'Or, plus encore que Suarez, joueur exceptionnel mais à la réputation sulfureuse (souvenez-vous de l'épisode de la morsure en Coupe du monde). Les Européens. En 2016, le "danger" pour Messi viendra de ses voisins mais également des Européens, en raison de l'Euro. Même si c'est moins vrai ces dernières saisons, avoir brillé lors d'une grande compétition de sélections constitue toujours un avantage au moment des reprises de prix. Compte-tenu des limites affichées ces derniers mois par sa sélection, le Portugal, Ronaldo ne devrait pas profiter à plein de ce "booster". En revanche, le portier allemand Manuel Neuer et le milieu de terrain espagnol Andres Iniesta ont les moyens de se mettre en évidence tout au long de l'année. Stars respectives de leur sélection, le Polonais Robert Lewandowski (Bayern Munich) et le Suédois Zlatan Ibrahimovic (PSG), capables tous les deux d'exploits, devront réaliser des miracles pour pouvoir prétendre au Ballon d'Or, tout comme le Belge Eden Hazard, en perte de vitesse ces derniers mois avec Chelsea mais sur lequel la Belgique compte beaucoup en juin prochain. Parmi les outsiders possibles, le milieu de terrain italien Marco Verratti pourrait faire une percé intéressante au classement si la Nazionale venait à briller en France. Les Français. En janvier 2017, cela fera 19 ans que la France attend un successeur à Zinédine Zidane, dernier vainqueur tricolore, en 1998. Retenu pour la première fois de sa carrière dans le onze-type de la Fifa cette année, Paul Pogba a le profil pour prétendre à mieux que sa 15e place au classement 2015. C'est aussi le cas d'Antoine Griezmann, homme-clé de la réussite actuelle de l'Atlético Madrid et star en puissance des Bleus. Mais si l'on jette un coup d'œil au classement de ce Ballon d'Or 2015 (Messi l'a emporté très largement, avec 41% des votes, et Ronaldo, deuxième, distance Neymar de près de 20 points), les deux joueurs français, comme tous les autres, devront faire des prodiges s'ils veulent espérer bouleverser une hiérarchie solidement établie autour du duo Messi-Ronaldo.