Les prix du blé avaient bien baissé à l'automne. Mais voilà que ça repart à la hausse, avec un pic sensible enregistré mardi dernier dans le marché parisien, suite à la publication du rapport américain sur l'offre et la demande mondiale de céréales. Un mouvement de hausse qui ne suffit pas à définir une tendance car les données fournies par le département français à l'agriculture peuvent être diversement interprétées. Aucune rectification spectaculaire n'est mentionnée dans le bilan mondial, cela encouragerait plutôt la baisse des cours. La France, qui devrait garder sa position de premier fournisseur de l'Algérie en blé, devrait fournir durant la période 2006-2007 environ 2,7 millions de tonnes de blé à l'Algérie dont le besoin total est de l'ordre de 5 millions de tonnes. Donc l'Algérie devrait payer plus cher ses factures d'importation. La production nationale, malgré l'étendue du pays, n'arrive, dans les meilleurs des cas, à produire que 3 à 4 millions de tonnes, ce qui est très inférieur à la demande qui est appelée à augmenter au cours des prochaines années. Cependant, avec 35 millions de tonnes de blé moissonné cette année, la France ne cache pas ses intentions d'arracher la première place de fournisseur, non seulement au nord de l'Afrique mais dans tout le continent dont des pays connaissent une sécheresse qui dure depuis des années. Par ailleurs, au niveau international, la production mondiale régresse légèrement en raison des corrections à la baisse pour l'Argentine et le Canada. Mais, le chiffre le plus important, celui des stocks finaux, c'est-à-dire la quantité de grains qui restera dans les silos à la fin de la campagne, augmente, ce qui rassure les opérateurs.Le tableau du bilan américain, en revanche, est nettement plus inquiétant, et donc… haussier. Le stock de blé recule sous la pression de la consommation intérieure et d'une demande à l'exportation accrue. Les réserves américaines de blé sont au plus bas depuis soixante ans, de l'ordre de 7 500 000 tonnes. Les stocks finaux de maïs reculent également à cause de la demande à l'export. Ces nouvelles évaluations pourraient propulser le blé à de nouveaux sommets sur le marché de Chicago, mais les observateurs européens restent sur leurs gardes et se méfient des mouvements d'un marché où la spéculation joue un rôle grandissant. La semaine dernière, à Chicago, les opérateurs, flairant un rapport mensuel haussier, se sont empressés d'acheter, dans l'espoir de revendre encore plus cher après la parution du rapport. Cette euphorie sur les marchés à terme contraste avec l'ambiance du marché physique. Avec des cours aussi élevés, ni les Américains ni les Européens ne sont compétitifs dans les appels d'offres lancés dernièrement par l'Inde, le Pakistan, la Turquie ou encore l'Egypte. Il faut savoir que le Maghreb consomme chaque année plus de 10 millions de tonnes de blé tendre.