La semaine des marchés a été marquée par un rebond généralisé sur les prix des matières de base. Côté céréales, les prix du blé, du maïs et du soja ont progressé cette semaine sur le marché à terme de Chicago, stimulés par la chute du dollar, dans des échanges agités avant la publication du rapport annuel du département américain à l'Agriculture (USDA). "Le principal facteur d'évolution des prix cette semaine a été la forte baisse du dollar", a relevé Bill Nelson, de la maison de courtage Doane Advisory Services. La banque centrale américaine a annoncé mercredi qu'elle allait intervenir massivement sur les marchés, en achetant des obligations du Trésor à long terme et des titres adossés à des crédits immobiliers. Le dollar a plongé dans la foulée, notamment face à l'euro, qui s'est envolé de 1,31 dollar mercredi à 1,37 dollar jeudi. Cette chute du billet vert a rendu plus attractives les matières premières, qui ont fortement monté, pour les acheteurs munis d'autres devises. L'idée de voir la Fed faire jouer la planche à billet pour relancer l'économie a également suscité des craintes d'inflation pour l'avenir, poussant les investisseurs à se réfugier dans les matières premières. Autres facteurs de soutien des prix, selon M. Nelson: la sécheresse qui pourrait affecter la production de blé des plaines du sud des Etats-Unis (Kansas, Oklahoma et Texas) et les tensions en Argentine entre gouvernement et agriculteurs sur les taxes, qui pourraient perturber les exportations. Les intervenants commencent par ailleurs à se positionner avant le rapport annuel de l'USDA sur la répartition des surfaces semées entre les différentes grandes cultures agricoles. "On a reçu de nombreuses prévisions, assez différentes, dont certaines ont influencé les cours", a relevé M. Nelson, pour qui l'approche de ce rapport devrait provoquer "beaucoup de discussions la semaine prochaine" sur le marché. Idem du côté des métaux échangés au London Metal Exchange (LME) dont les prix ont fortement rebondi cette semaine, soutenus par un recul important du dollar, cuivre, aluminium et plomb renouant avec des niveaux plus vus depuis plusieurs mois. Conséquence de l'annonce d'une intervention massive de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a racheté pour plus de 1000 milliards de dollars d'obligations et de titres adossés à l'immobilier, le dollar a fortement reculé cette semaine. Il est tombé jusqu'à 1,3738 dollar, son niveau le plus faible face à la devise européenne depuis le 9 janvier. Un dollar faible encourage incite les investisseurs à acheter davantage de matières premières vendues dans cette devise, comme les métaux ou le pétrole. "Cette euphorie pourrait facilement se dissiper face à de nouvelles preuves d'affaiblissement de la demande", a toutefois averti Michael Lewis, de Deutche Bank. Dopé par le recul du dollar, le CUIVRE, chef de file des métaux industriels, s'est propulsé au-dessus des 4000 dollars et a achevé la semaine en hausse de 7,2%. Il s'est hissé vendredi jusqu'à 4074 dollars la tonne, un plus haut depuis quatre mois. Cette envolée est toutefois jugée exagérée par les analystes, face à la faiblesse persistante de la consommation. "La consommation de cuivre en Amérique du Nord enregistre encore, d'après nous, une baisse à deux chiffres", estiment ainsi les analystes de Barclays Capital. "De nombreux acteurs du marché sont de plus en plus convaincus que les achats de cuivre en Chine (qui avaient soutenu les cours depuis un mois, ndlr) sont une simple accumulation de réserves plutôt que le résultat d'une demande réelle", ajoutait Michael Lewis. Le PLOMB a lui aussi renoué avec son niveau de l'automne dernier. Son prix s'est envolé jusqu'à 1370 dollars jeudi, un plus haut depuis la mi-novembre. L'ALUMINIUM a grimpé jeudi jusqu'à 1490 dollars, son prix le plus fort depuis six semaines. Dictée, là encore, par le marché des devises, la hausse des cours pourrait n'être qu'un feu de paille, préviennent les analystes. "Les nouvelles concernant l'offre et la demande demeurent très médiocres, avec des stocks au LME en constante progression, qui ont grimpé de 10% par rapport au mois dernier. Le marché a besoin d'autres réductions de production pour que le surplus ne continue pas à s'accumuler" (sous forme de stocks), ont souligné ainsi les analystes de Barclays. Le NICKEL a fini en hausse de 5%, après un pic à 10'420 dollars mardi. En revanche, l'ETAIN et le ZINC n'ont en revanche pas profité de la vague d'achats sur le marché. Le zinc n'a gagné modestement que 2,3%. L'étain a légèrement reculé, de 1,8%, après s'être enfoncé en début de semaine jusqu'à 9825 dollars, un plus bas depuis fin décembre. Synthèse R.T.M.