Moody's a menacé d'abaisser la note de 120 entreprises du secteur pétrolier et gazier frappées par la chute des cours de l'or noir ainsi que celle de 55 sociétés du secteur minier en raison du "ralentissement de croissance en Chine". Cette décision concernant les sociétés du secteur pétrolier et gazier reflète "les prix déclinants qui sont à des plus bas depuis des années, une demande affaiblie et une période prolongée de sur-approvisionnement qui va continuer à mettre sous pression les profils d'emprunteurs des entreprises du pétrole et du gaz", explique Moody's dans un communiqué. Parmi les compagnies concernées figurent en Europe l'anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell, la française Total et la norvégienne Statoil, mais plus de la moitié sont américaines. La liste comprend aussi des géants russes de l'énergie comme Rosneft et Gazprom. L'agence de notation va désormais étudier en détail les profils d'emprunteurs de ces 120 entreprises avant de décider d'abaisser leur note ou non, ce qu'elle devrait accomplir en principe dans un délai de trois mois. Les cours du pétrole ont atteint plus tôt dans la semaine de nouveaux plus bas en plus de 12 ans, nettement sous la barre des 30 dollars le baril pour les références européenne et américaine de l'or noir. Les compagnies pétrolières sont frappées de plein fouet par cette dégringolade des cours, qui a atteint plus de 70% depuis 2014. Du côté des 55 groupes miniers concernés par une éventuelle dégradation de leur note long évaluant leur capacité à rembourser leur endettement sur le long terme, c'est le ralentissement de la croissance en Chine qui est en cause. Au total, Moody's réfléchit à modifier la note de 11 sociétés américaines, 12 canadiennes, 9 d'Amérique latine, 12 de la région Europe-Afrique-Moyen-Orient, 4 australiennes, 3 d'Asie du sud-est et 4 de Chine, selon un décompte issu de plusieurs communiqués de Moody's. Sont cités notamment, les groupes américains Alcoa (aluminium et métaux composites) et Anglo American, Vale (Brésil), Barrick Gold (Canada), l'Anglo-australien Rio Tinto, le chinois Yanzhou Coal Mining ou encore le norvégien Norsk Hydro (aluminium). "Le ralentissement de la croissance en Chine, consommatrice et productrice d'au moins la moitié des métaux de base, ainsi qu'acteur significatif dans les métaux précieux, le minerai de fer et les marchés des charbons métallurgiques, affaiblit la demande pour ces matières premières et entraîne les prix à leurs niveaux les plus bas depuis plusieurs années", explique David Staples, directeur général de Moody's. "L'influence gigantesque de la Chine sur le marché des matières premières, combinée au besoin de recalibrer l'approvisionnement pour remettre à l'équilibre l'industrie, montre que ce n'est pas un repli cyclique normal mais un virage fondamental qui va faire peser un niveau de stress sans précédent sur les sociétés minières", poursuit le responsable. A cela s'ajoute le dollar fort, "un facteur qui contribue à affaiblir la demande et à entraîner les prix à la baisse, la plupart des métaux étant négociés en dollars", souligne Moody's. Pékin a publié mardi son chiffre de croissance 2015, qui est au plus bas depuis 25 ans (6,9%). Le ralentissement chinois et la méforme des pays émergents pèsent sur la croissance mondiale.