Dans la perspective de développer la filière avicole en Algérie un programme d'activités vient d'être adopté, samedi dernier à Alger, par le ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, et des professionnels de cette filière. Et celui-ci devrait être définitivement arrêté dans les prochains jours. Cette information a été annoncée lors de la rencontre organisée à l'Institut national de la recherche agronomique d'Algérie (INRAA) et fera office de feuille de route pour le plan de développement du secteur pour l'année 2016. Cette rencontre organisée à l'INRAA s'est, par ailleurs, déclinée en quatre ateliers thématiques en rapport avec les questions du développement et de la régulation de la filière, de la santé animale, de l'investissement et de l'organisation professionnelle. Elle fait suite à une réunion tenue, le 31 décembre dernier, entre le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Sid Ahmed Ferroukhi, et des professionnels de la filière. Là, il est important de préciser que cette filière qui compte au moins 100 000 emplois permanents et 300 000 emplois indirects, réalise un chiffre d'affaires annuel supérieur à 100 milliards de Da (plus de 1,5 milliard de dollars), selon des chiffres officiels. C'est donc une feuille de route visant la relance de la filière avicole qui devrait être mise en œuvre à partir de l'année en court suivant un plan d'actions et des mesures de modernisation et d'organisation de cette activité. Cela rappelle bien justement la feuille de route qui a été convenue après plusieurs réunions de concertation dont celle du mois de janvier dernier entre le ministère et le Conseil national interprofessionnel de la filière avicole (CNIFA) . Les deux parties ont donc convenu de la mise en œuvre de cette feuille de route afin de pérenniser cette filière stratégique qui enregistre des dysfonctionnements récurrents dus principalement au surplus de production et la hausse des prix des produits avicoles, selon un communiqué du ministère. Cette feuille de route va définir les actions à prendre d'ici à 2019 en vue de relancer l'aviculture. Ces mesures seront déclinées en échéances de court, moyen et long termes. Les deux parties ont convenu aussi de poursuivre le travail de concertation entre le bureau du CNIF et les services du ministère à l'effet de consolider et d'enrichir les propositions du conseil interprofessionnel de la filière. Il s'agit aussi de réunir les conditions d'anticipation des interventions publiques et privées pour la régulation et l'organisation de la filière avicole entre le ministère, les professionnels de la filière et les autres intervenants tels que les banques et les dispositifs d'accompagnement de l'investissement. Les participants à ces réunions ont débattu des conditions de fonctionnement actuel de la filière, des principales contraintes rencontrées par les éleveurs et les moyens de stabiliser et de réguler les marchés des produits avicoles. L'organisation des différents intervenants dans la filière, éleveurs, commerçants, transformateurs et fournisseurs de services, d'intrants et facteurs de production de l'aviculture a été également discutée par les participants.
Des recommandations de la rencontre de samedi Et justement et dans le même ordre d'idée de développer cette filière, lors de la rencontre de samedi dernier organisée à l'Institut national de la recherche agronomique d'Algérie (INRAA), les animateurs de cette rencontre suggèrent, dans ce programme d'activités, de lancer une opération de recensement national visant à identifier les acteurs de l'informel dont la production couvre la majorité des besoins en matière de viande blanche et d'oeufs. C'est ainsi que le président du Conseil national interprofessionnel de la filière avicole, Kalli Elmoumane, a indiqué que " 70% du marché est couvert par les acteurs de l'informel", rappelant que "l'informel représente le principal souci des professionnels actuellement". A noter que le nombre d'aviculteurs légalement reconnus est de 22 000 opérateurs. Dans leurs recommandations, les professionnels du secteur ont appelé à une meilleure régulation des importations des intrants nécessaires à l'élevage, notamment le maïs et le soja, au lieu "d'une réduction drastique des importations". Le maintien des importations à un niveau "acceptable " est nécessaire, selon eux, pour encourager certains producteurs à investir dans la transformation. Encourager l'investissement dans la transformation, à travers des dispositifs d'aide, a été également recommandé par les professionnels de la filière. La formation des aviculteurs, la facilitation d'obtenir l'agrément sanitaire et la création d'un fonds de garantie grâce à des apports consentis par les aviculteurs sont d'autres points proposés dans le programme d'activités. Il a été aussi question de déployer des efforts essentiellement pour lutter, dans l'immédiat, contre trois pathologies animales, à savoir la grippe aviaire, la New Castle et la salmonelle.
Régulation du marché : une priorité Lors de cette même journée, le conseiller du ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Omari Cherif, a tenu à préciser que le problème de la filière avicole n'était pas lié à sa capacité de production, mais avait plutôt trait à son organisation. Cependant, la priorité pour le moment est de "réguler le marché en mettant à contribution un ensemble d'acteurs incluant les professionnels", a-t-il affirmé. La productivité de cette filière dans ses segments viandes blanches et ponte, " est très importante ", a souligné M. Cherif, ajoutant que la production de viandes blanches a dépassé 700 000 tonnes en 2015. La production d'œufs a atteint, durant la même année, 60 millions d'unités, a-t-il ajouté. " Ce chiffre dépasse de trois fois les besoins du marché national", a affirmé ce responsable, signalant que, pour l'Algérie, l'exportation n'était pas une option à exclure. Evoquant les acteurs de l'informel, M. Cherif a souligné que ces derniers sont des producteurs "algériens qui alimentent le marché, mais qui devraient être accompagnés pour intégrer le circuit légal". En tout cas, il faut reconnaitre en attendant la finalisation du plan d'action de développement de la filière avicole, que les actions déjà entreprises dans cet ordre d'idée, montrent bien toute l'attention du ministère, sa volonté et sa disponibilité, à appuyer les éleveurs avicoles et à les accompagner dans l'objectif de réaliser un développement durable de la filière pour faire face à l'accroissement de la demande de la population et afin de garantir les revenus des professionnels.