Sévère récession, chute des prix, taux de chômage qui double et indice Dow Jones qui fond: la Réserve fédérale (Fed) a publié les scénarios économiques catastrophe pour la version 2016 de ses tests de résistance bancaires. Au total, 33 holdings bancaires --soit deux de plus que l'an dernier-- dotés de plus de 50 milliards de dollars d'actifs doivent se soumettre à ces tests de solidité pour déterminer s'ils ont les reins assez solides en cas de récession ou de chocs sur les marchés. Le but de ces exercices annuels, mis en place par la loi Dodd-Frank après la crise financière de 2008, vise à déterminer si ces groupes, qui présentent des risques systémiques en cas de crise, "ont suffisamment de capital", indique le communiqué de la Réserve fédérale. "De solides capitaux peuvent absorber des pertes et aider à s'assurer que ces organisations bancaires ont la capacité de prêter aux ménages et aux entreprises même en cas de stress économique et financier", explique la Fed. Les banques ont jusqu'au 5 avril pour soumettre leurs plans de distribution de capital (dividendes, rachats d'actions...) à l'aune de trois hypothèses de conjoncture économique très différentes. La Fed annoncera les résultats en juin. Les banques ont donc cette année un peu plus de temps qu'en 2015 où les résultats avaient été annoncés en mars. La Fed a concocté trois scénarios économiques: une situation qualifiée de "très négative", une situation "négative" et une conjoncture dite "de référence" qui utilise les projections moyennes actuelles des économistes. Pas moins de 28 paramètres sont employés pour caractériser ces scénarios censés affecter différemment la situation des banques.
Scénario catastrophe Ces situations ne ressemblent pas aux scenarii inventés par la Fed l'année passée car "il est important que les tests ne soient pas trop prévisibles d'une année sur l'autre", a indiqué Daniel Tarullo, gouverneur de la Fed plus spécialement en charge de la régulation bancaire. Parmi les 33 institutions, six grandes banques ayant d'importantes activités de courtage doivent intégrer dans leurs projections la conjoncture internationale et l'éventualité d'un choc global des marchés financiers. Comme l'année dernière, les six banques concernées sont Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan, Morgan Stanley et Wells Fargo. Cette demi-douzaine d'établissements et deux autres (Bank of New York Mellon et State Street Corporation) devront aussi intégrer dans leur scénario l'hypothèse de la faillite d'un partenaire de leurs opérations. Enfin, les nouveaux établissements qui ont été ajoutés à la liste cette année sont BancWest Corporation et TD Group US. En 2015, les tests de résistance avaient épinglé deux filiales américaines de banques étrangères, Deutsche Bank et Santander, tandis que Bank of America avait obtenu un feu vert conditionnel avec l'obligation de soumettre un nouveau plan de distribution de capital, ce qu'elle a fait avec succès. Le scénario le plus grave échafaudé par la Réserve fédérale prévoit en 2016 une vive récession aux Etats-Unis allant jusqu'à un recul de -7,5% du produit intérieur brut accompagné d'un taux de chômage qui remonte autour de 10%, contre 5% aujourd'hui. L'indice Dow Jones perdrait 6 000 points pour se retrouver autour de 10 000 et le rendement sur les bons du Trésor à trois mois deviendrait négatif. A l'international, la situation est encore plus sombre avec une récession de -9% au Japon et une inflation négative de -1,3% en zone euro. Un autre scénario moins dramatique projette une récession modérée de -2,8% au plus bas aux Etats-Unis allant de pair avec des prix en recul et une légère remontée du taux de chômage. Ces scénarios "décrivent une série d'événements hypothétiques conçus pour évaluer la solidité des organisations bancaires. Ce ne sont pas des prévisions", insiste la Fed.