Les cours du pétrole poursuivaient leur recul hier matin en Asie, tirés vers le bas par des données économiques chinoises décevantes et la prise de conscience qu'une entente entre producteurs pour limiter l'offre n'était guère réaliste. Dans les échanges électroniques en Asie, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mars cédait 50 cents à 31,12 dollars vers 03H20 GMT. Le baril de Brent de la mer du Nord, la référence européenne du brut, pour livraison en avril reculait quant à lui de 45 cents, à 33,79 dollars. La semaine dernière les cours avaient progressé à la suite de spéculations sur la possibilité d'un accord entre la Russie et l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour imposer une baisse de la production qui permettrait de réduire les excédents d'offre. Mais depuis, les investisseurs sont revenus sur cette idée et les dernières données sur l'activité manufacturière en Chine, premier consommateur d'énergie au monde, ont plombé les marchés. La hausse des cours était basée sur des fondements peu solides, à savoir les espoirs que la Russie et l'Opep s'accorderaient pour réduire la production, a commenté le cabinet Capital Economics. Nous doutons qu'il y ait jamais un accord concerté malgré la surabondance de l'offre. Parallèlement, les stocks de brut et de gasoil américains ont continué à s'accumuler au cours du mois écoulé. De fait, les stocks de brut américains sont à des niveaux record. Depuis juin 2014, les cours ont perdu environ 70%. La veille à la clôture, le WTI a perdu 2 dollars à 31,62 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), cédant une grande partie des gains engrangés la semaine précédente. A Londres, le Brent pour avril, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a perdu 1,75 dollar à 34,24 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). La semaine dernière les cours avaient progressé à la suite de spéculations sur la possibilité d'un accord entre la Russie et l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour imposer une baisse de la production qui permettrait de réduire les excédents d'offre, mais depuis lors le marché est tout à fait convaincu qu'on ne va rien voir de tel de sitôt, a déclaré Bart Melek, chez TD Securities. On considère généralement que la tournée du ministre vénézuélien du Pétrole Eulogio del Pino dans les plus grands (pays) producteurs va probablement juste confirmer qu'aucune action coordonnée ne se prépare pour remédier à l'offre excédentaire, précisait Tim Evans, chez Citi. Par ailleurs, il semble que l'Opep produit toujours trop de pétrole, du fait notamment de l'augmentation de la production en Iran après la levée en janvier des sanctions économiques qui frappaient le pays, relevaient les analystes de Commerzbank. En outre, selon des chiffres publiés lundi par le ministère irakien du Pétrole, les exportations irakiennes d'or noir ont augmenté en janvier par rapport à décembre. Donc on se trouve dans une situation où l'offre semble avoir peu de chance de se contracter à la faveur d'un accord Russie-Opep, et où en plus on risque de voir que la demande chinoise va laisser à désirer, et comme si tout cela ne suffisait pas les statistiques américaines vendredi et aujourd'hui laissent penser que l'activité économique ne va pas être aussi robuste que beaucoup le pensaient, ce qui suppose un ralentissement de la demande de pétrole, a ajouté M. Melek. De fait l'activité manufacturière chinoise s'est nettement contractée en janvier, enregistrant son plus fort repli depuis plus de trois ans, selon un indice gouvernemental publié lundi qui confirme l'essoufflement du secteur industriel dans la deuxième économie mondiale. Aux Etats-Unis, où la croissance du quatrième trimestre a marqué le pas par rapport à l'été, les investisseurs ont été déçus par la contraction du secteur manufacturier en janvier et la mollesse des dépenses de construction en décembre, tandis que de leur côté les dépenses des ménages ont stagné. Au total, la demande énergétique mondiale pourrait continuer à progresser, stimulée par les prix bon marché, mais nous ne voyons aucune accélération de la croissance macroéconomique mondiale, résumait M. Evans.