Bombardier va supprimer 7 000 emplois dans le monde en 2016 et 2017, une mauvaise nouvelle atténuée par la commande ferme d'Air Canada pour 45 avions CSeries, la première en près d'un an et demi pour ce nouvel appareil avec lequel le groupe canadien espère concurrencer les plus petits modules d'Airbus et de Boeing. Ces licenciements, qui représentent 10% des effectifs de Bombardier, débuteront dans les "prochaines semaines" et affecteront principalement le Canada et l'Europe, a indiqué le groupe en publiant ses résultats annuels. Le plan prévoit 3200 licenciements dans la branche transport du groupe et 3 800 dans l'aéronautique, ce qui ramènera les effectifs à 64 000 salariés. Bombardier a justifié ces suppressions d'emplois par le fait que plusieurs de ses projets "s'achèvent progressivement". Bombardier a parallèlement annoncé avoir signé une lettre d'intention avec Air Canada portant sur la vente de 45 moyen-courriers CSeries 300 (135 places) avec des options sur 30 autres appareils similaires ou plus petits (CS100). Si Air Canada achète effectivement tous ces avions, la commande s'élèvera au prix catalogue à environ 3,8 milliards de dollars pour la partie ferme, précise la compagnie dans un communiqué. Avec les options, elle s'élèverait à 6,4 milliards de dollars au total. C'est la plus importante commande ferme que Bombardier reçoit pour l'avion CSeries et la première depuis septembre 2014. "Il s'agit d'une commande positive venant d'une grande compagnie d'Amérique du Nord", se sont réjoui les analystes de RBC Capital Markets dans une note. Les livraisons sont prévues pour la fin de 2019 et se poursuivront jusqu'en 2022, a indiqué Air Canada. Les 25 premiers appareils livrés remplaceront les Embraer E190 de la flotte d'Air Canada. Cette commande survient à un moment propice pour Bombardier, dont l'action était passée sous la barre symbolique du 1 dollar ces dernières semaines, avec les déboires de cet avion à la fine pointe de la technologie, dont les coûts de développement ont explosé à 5,4 milliards de dollars, soit au moins 2 milliards de dollars de plus que prévu.
"Contrat tant espéré" "Il s'agit là du contrat tant espéré par Bombardier", s'est réjoui le principal syndicat de l'entreprise dans un communiqué. Ces annonces faisaient bondir de 20% l'action de Bombardier en Bourse à Toronto à 1,08 dollar canadien (0,71 euro) à 16H50 GMT. L'avantage de cet avion monocouloir, le premier de conception entièrement nouvelle dans l'industrie depuis plus de 25 ans, était censé être les économies de carburant de 20% qu'il promettait face à ses concurrents semblables d'Airbus et Boeing. Mais Bombardier a pris plus de deux ans de retard dans son développement, permettant à Airbus de livrer dès janvier dernier le premier exemplaire de son A320neo, la version remotorisée de son best-seller mondial. Et Boeing en promet autant avec le 737 MAX au troisième trimestre 2017. Les premiers CSeries doivent entrer en service auprès de Swiss, filiale de Lufthansa, ce printemps, mais alors que les promesses d'économies de carburant ne seront plus que de 10% par rapport aux versions remotorisées de ses concurrents, selon Bombardier. Sur l'année 2015, le chiffre d'affaires de Bombardier s'est élevé à 18,17 milliards de dollars, en baisse de 9,6% sur un an, en raison d'une détérioration du carnet de commandes de la branche aéronautique. Le bénéfice hors éléments exceptionnels du groupe a quant à lui été divisé par près de deux à 326 millions de dollars ou 14 cents par action, un résultat en-deçà des attentes des analystes. En résultat opérationnel, avant intérêts et impôts, le groupe affiche une perte de 4,84 milliards de dollars, contre 566 millions de dollars un an plus tôt. Ces pertes sont essentiellement dues au programme CSeries et à l'abandon par Bombardier du développement de l'avion d'affaires Learjet 85. Bombardier a par ailleurs annoncé son intention de soumettre au printemps à ses actionnaires une proposition de regroupement de leurs actions pour en porter la valeur unitaire à entre 10 et 20 dollars canadiens.
Bénéfice record d'Air Canada La compagnie Air Canada s'est portée à la rescousse de l'avionneur canadien Bombardier en commandant mercredi 75 CSeries, portée par des résultats record en 2015 avec 1,2 milliard de dollars canadiens (884 millions de dollars) de bénéfices grâce à la baisse des cours du pétrole. Les deux compagnies ont annoncé la signature d'une lettre d'intention portant sur la vente et l'achat de 45 moyen-courrier CSeries 300 avec des options sur 30 autres appareils de même type, dont les livraisons doivent débuter en 2019. Si Air Canada achète effectivement tous ces avions, la commande s'élèvera au prix catalogue à environ 3,8 milliards de dollars américains pour la partie ferme, précise-t-il dans un communiqué. Avec les options, elle s'élèverait à 6,4 milliards de dollars américains au total. "On s'attend à ce que l'arrivée des appareils CSeries dans notre parc aérien procure d'importantes économies de coûts", a noté dans un communiqué, Calin Rovinescu, P-DG d'Air Canada, évaluant à 15% par siège les économies de carburant et de maintenance ainsi réalisées. Sur l'année écoulée, Air Canada a dégagé un bénéfice net par action de 4,18 dollars CAD (3,03 USD), contre 1,81 dollar il y a un an, ou 0,41 dollar pour le quatrième trimestre, en ligne avec les attentes des analystes. Le chiffre d'affaires s'est établi à 13,9 milliards de dollars canadiens en 2015 (10,07 mds USD), contre 13,3 mds CAD pour l'année précédente, soit une hausse de 4,5%. Sur le dernier trimestre 2015, le chiffre d'affaire a été de 3,2 milliards CAD, en progression de 2,5%. Les charges d'exploitation ont baissé de 1% par rapport à 2014, à 12,3 milliards de dollars sur l'année, avec un recul de 924 millions pour la facture carburant. Cette diminution a été "largement contrebalancée par l'incidence du relèvement de 9,4% de la capacité ainsi que l'effet défavorable de la dépréciation du dollar canadien sur les charges d'exploitation non liées au carburant libellées en devises, qui se sont chiffrées à 326 millions". "En 2015, nous avons obtenu les meilleurs résultats financiers de l'histoire d'Air Canada", s'est félicité Calin Rovinescu. "Nos résultats traduisent les importants progrès accomplis au moyen de nos diverses initiatives d'accroissement de la valeur, notamment la modernisation du parc aérien, l'expansion à l'échelle internationale, le lancement d'Air Canada Rouge et la diversification de notre réseau", a-t-il souligné. En 2015, Air Canada a disposé d'une flotte en exploitation de 370 avions, soit six de plus qu'il y a un an, et le coefficient d'occupation a été stable, à 83,5%, contre 83,4% l'an dernier. Le prix moyen payé par litre de kérosène s'est établi à 63,0 cents, soit 25,9 cents de moins sur un an.