L'Envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, s'est rendu d'urgence à Damas dans l'espoir de réanimer le processus de Vienne. L'UE souhaite mettre un terme à la guerre en instaurant une zone d'exclusion aérienne en Syrie, tandis que la Turquie appelle l'Occident à déclencher une opération terrestre. Staffan de Mistura a rencontré le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem avant d'annoncer que Damas était d'accord pour relancer le processus de Vienne le 25 février à Genève, et ce sans condition préalable. Avant cette visite, le président syrien Bachar al-Assad avait vivement critiqué la Turquie et l'Arabie saoudite, qui sont pour lui "les porteparoles de protecteurs étrangers" et "ne prennent pas de décisions autonomes concernant les opérations en Syrie". Al-Assad a également reconnu que la guerre dans son pays n'était "plus seulement une affaire intérieure", qu'elle était déjà "mondiale" et touchait les intérêts "de nombreux Etats". Selon le président syrien, la lutte contre le terrorisme et un accord de cessez-le-feu dans le pays permettraient de stopper la guerre. Mais le président n'associe pas le "cessezle- feu" et la "cessation des opérations". "Le cessez-lefeu, s'il avait lieu, ne signifierait pas que toutes les parties cesseraient d'utiliser les armes Le cessez-le-feu sous-entend avant tout que les terroristes cesseront d'accroî- tre leur puissance", a-t-il déclaré, tirant ainsi un trait sur le projet de pacification propos é par la Russie et les USA la semaine dernière à Munich. La position d'al-Assad signifie en effet que les troupes gouvernementales n'arrêteront pas de combattre les rebelles qui exigent la démission du président. Dans une interview accordée au Stuttgarter Zeitung, la chancelière allemande Angela Merkel a soutenu l'appel à instaurer "une zone d'exclusion aérienne" dans certaines régions de la Syrie, où les réfugiés pourraient se sentir en sécurité. Une idée similaire avait été avancée plus tôt par la Turquie, qui suggérait de mettre en place une zone-tampon frontalière fermée aux opérations et aux vols de l'aviation de tout pays. Mais les USA et d'autres alliés de l'Otan restent sceptiques vis-à-vis de cette proposition, qui risque de provoquer une confrontation avec Assad et ses alliés - avant tout la Russie qui n'a pas l'intention de suspendre la campagne aérienne. La Turquie, de son côté, a opté pour l'exacerbation de la situation en Syrie par des bombardements d'artillerie contre les positions des Kurdes à la frontière et en y projetant un groupe de 100 mercenaires sans signes d'identification. De plus, Ankara a appelé ses partenaires occidentaux à une opération terrestre conjointe en Syrie, selon les propos d'un haut fonctionnaire turc à l'agence Reuters. Et d'ajouter: "La Turquie ne souhaite pas mener une campagne en solitaire, même si la guerre ne peut pas être stoppée sans intervention terrestre". L'UE, qui exigeait auparavant la démission d'al-Assad, a reconnu de facto le président. Bruxelles est parvenu à un accord avec Damas sur l'ouverture d'un bureau humanitaire dans la capitale syrienne qui débutera son activité dans les semaines à venir, a déclaré la haute représentante de l'Union pour les affaires étrang ères et la politique de sécurit é Federica Mogherini. Jusque-là, l'UE avait évité les contacts directs avec al- Assad, insistant sur son départ.