Les Iraniens ont commencé à voter vendredi pour un double scrutin, le premier après la levée d'une partie des sanctions occidentales. Le président modéré Hassan Rohani espère renforcer son pouvoir face aux conservateurs et poursuivre sa politique d'ouverture. Quelque 55 millions d'Iraniens sont appel és à se prononcer. Ces élections devront renouveler deux instances dominées par les conservateurs, le Parlement et l'Assemblée des experts, composée de religieux chargés de nommer et au besoin de remplacer le guide suprême. Ce dernier, Ali Khamenei, a été l'un des premiers à voter dans une mosquée située dans le complexe où il réside à Téhéran. "Tout le monde doit voter, tous ceux qui aiment l'Iran, la République islamique, la grandeur et la gloire de l'Iran", a-t-il dit juste après avoir voté. "Nous avons des ennemis", a-t-il ajouté sans les nommer. Mais il exprime régulièrement sa méfiance à l'égard des puissances occidentales, Etats- Unis en tête, accusées de mener une politique "d'infiltration". "Il faut voter avec perspicacité et les yeux ouverts" de façon "à tromper l'ennemi", selon lui. DES REFORMES, PAS UN RENVERSEMENT Dans une autre mosquée de Téhéran où est installé un bureau de vote, une Iranienne de 38 ans, Atefeh Youssefi, déclare: "Je dois voter, car je me suis abstenue plusieurs fois et je me suis rendu compte que c'était une erreur. J'attends que la situation s'améliore par les réformes, car la solution n'est pas un changement du régime, mais des réformes". A l'opposé, Esmat Savadi, 54 ans, dit voter "pour renforcer les piliers de la sainte République islamique d'Iran". Il veut montrer "au pays et à l'étranger que nous soutenons le système pour toujours". SUCCESSION DE KHAMENEI Les bureaux de vote, ouverts de 08h00 locale (04h30 GMT), fermeront à 18h00 (14h30). De premiers résultats partiels sont attendus dans les 24 heures suivant leur fermeture. Après le désistement de dernière minute de quelque 1400 candidats, les Iraniens auront à choisir parmi les 4844 prétendants, dont près de 500 femmes, pour renouveler les 290 membres du Parlement. Pour l'Assemblée des experts, 159 candidats, tous des hommes, se présentent pour les 88 siè- ges. Cette Assemblée des experts, élue pour huit ans, pourrait être amenée à désigner le successeur de l'ayatollah Ali Khamenei, âgé de 76 ans. DESISTEMENT DE DERNIÈRE MINUTE DE PRÈS DE 1.400 CANDIDATS Près de 1 400 candidats se sont désistés en faveur des principales listes en présence, ce qui porte désormais leur nombre total à 5 003, a annoncé jeudi le ministère de l'Intérieur. Le responsable des élections au ministère de l'Intérieur, Mohammad Hossein Moghimi, a indiqué qu'il y avait désormais 4 844 candidats en course pour les législatives contre 6 229 initialement et 159 contre 161 à l'Assemblée des experts, des religieux chargés de nommer et de démettre au besoin le guide suprême. Quelque 10% des candidats aux législatives sont des femmes, et leur nombre est désormais de 500 environ, après le désistement d'une centaine d'entre elles. Aucune femme n'est candidate à l'Assemblée des experts. Le ministre de l'Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli, avait déjà auparavant annoncé à la télévision d'Etat une baisse importante du nombre de candidats. Ces candidats, qui pour la plupart n'avaient pas été retenus sur les grandes listes représentant les principaux courants - conservateur, réformateur et modéré - , avaient néanmoins décidé de se présenter individuellement. Ils ont finalement décidé de se désister en faveur de ces listes pour éviter l'éparpillement des votes. Près de 55 millions d'Iraniens sont appelés à élire les 290 membres du Parlement et les 88 membres de l'Assemblée des experts, les premières élections depuis l'accord nucléaire de juillet 2015 sur lequel le président modéré Hassan Rohani entend capitaliser pour renforcer son assise face aux conservateurs.