L'ex-chef du gouvernement a longuement critiqué les actions économiques entreprises par le gouvernement actuel, depuis l'augmentation des salaires qui a causé, selon lui, une hausse du taux d'inflation qui a atteint 3,7%, jusqu'à la décision portant sur la subvention du prix de la semoule annoncée, mardi dernier, à l'issue de la réunion du Conseil de gouvernement. Pour M. Ahmed Ouyahia, ces actions ne sont pas réfléchies, puisque ce ne sont pas des solutions définitives.Estimant que la flambée des cours mondiaux des matières premières influe sur les prix des produits de base en Algérie, il a souligné que cette hausse ne durera pas une année ou deux mais s'étendra sur plusieurs années.Dans ce cadre, le patron du RND a estimé que la dernière décision prise par le gouvernement pour la subvention du prix de la semoule "n'est pas judicieuse", proposant des solutions urgentes pour faire face à la "crise économique" et à la flambée des cours mondiaux. A ce titre, il a exposé les propositions de son parti à court terme, notamment la fixation des prix référentiels aux matières premières, à condition qu'elles soient importées par l'Etat. Tandis qu'a moyen terme, le Rassemblement nationale démocratique propose la révision de la politique agricole, l'assainissement du secteur de l'agriculture des spéculateurs et la lutte contre le bradage des terres agricoles. L'invité du forum de l'ENTV, samedi soir, a souligné la nécessité d'accorder davantage d'intérêt aux autres secteurs tels que le tourisme et l'agriculture, au lieu de compter seulement sur les revenus des hydrocarbures, rappelant que son parti lutte contre le populisme, les demi-mesures et la politique de un pas en avant, deux pas en arrière. Le responsable du RND a appelé à se débarrasser de la culture de la rente et de la bureaucratie qui "freinent l'investissement" selon lui. Cet investissement, pour lui, a grand besoin d'un soutien aussi bien au niveau local qu'international, en vue de créer de nouveaux postes d'emploi et de tirer profit de l'expertise étrangère. Interrogé sur l'Alliance présidentielle, M. Ouyahia a rappelé que c'est une alliance de volontés et de positions pour le soutien du programme du président de la République, démentant les informations rapportées par certains journaux sur "le déclin" de l'Alliance. Dans ce cadre, il a réaffirmé la volonté des trois partis à préserver cette alliance, qui nécessite, selon lui, une clarification de sa situation future, soulignant qu'elle poursuivra son action. Pour ce qui est du soutien de son parti à un troisième mandat du président de la République, M. Ouyahia a réaffirmé la position du RND qui est de respecter la Constitution et de ne pas se prononcer sur des questions qu'il n'a pas encore examinées, estimant que seul le président de la République a la prérogative d'amender la Constitution. Les partis politiques n'ont pas à proposer un projet pour son amendement. A rappeler, dans ce cadre, que c'est le FLN qui a déposé une mouture portant un projet de révision de la Constitution. Une révision qui reste floue puisque le chef de l'Etat ne s'est toujours pas prononcé sur ce sujet depuis qu'il a annoncé le souhait d'une éventuelle révision. Par ailleurs, il a réitéré sa condamnation du terrorisme et des derniers attentats, appelant à la contribution de tout un chacun dans la lutte antiterroriste, tant à l'école, à la mosquée que sur la scène politique. Il a ajouté que la lutte contre le terrorisme, qui demeure un danger pour le peuple, requiert le courage et la patience ajoutant que chacun doit faire preuve de vigilance et de prudence et doit s'éloigner de la confusion dans l'analyse. Dans ce sens, il a relevé l'unanimité quant à la dénonciation du terrorisme, y compris de la part de ceux qui étaient naguère au maquis. En outre, il a affirmé que l'appui de la réconciliation nationale n'est pas une surenchère, ajoutant que la réconciliation a souffert de l'exagération dans les propos. A une question sur sa position vis-à-vis de ceux qui prétendent que les derniers attentats ont une relation avec la revendication par certains d'un troisième mandat pour le président de la République, M. Ouyahia dira que "les criminels n'ont aucune relation avec l'Etat ou la présidence mais sont plutôt issus des groupes terroristes, et sont des criminels, des traîtres et des mercenaires de l'organisation Al Qaïda qui servent des intérêts autres de ceux de leur propre pays". Il a ajouté que toute analyse politique des opérations terroristes est "absurde" et toutes les victimes sont innocentes, qu'elles soient civiles ou membres des forces de sécurité.