L'augmentation des salaires, une idée qui a fait son chemin en Algérie. C'est un véritable changement dans un pays qui a toujours hésité à définir par la loi et la décision publique des standards sociaux. Le 25 juin 2006, le président de la République a, à l'occasion de la réunion gouvernement-walis, dévoilé la valeur de l'enveloppe consacrée au relèvement des salaires des fonctionnaires en Algérie, toutes catégories confondues, et celui d'une partie des retraités, tout en réitérant sa décision d'augmenter les salaires de tous les travailleurs. Ainsi, l'augmentation des salaires des fonctionnaires variait à l'époque, entre 1 660 et 5 415 dinars net, soit 8 500 dinars brut. Une enveloppe de 98 milliards DA a été consacrée à cette revalorisation. En 2007, le gouvernement élabore cinq décrets présidentiels relatifs aux nouveaux salaires des fonctionnaires et aux cadres supérieurs de l'Etat. Ces décrets ont pris effet le 1er janvier 2008, mais l'application réelle de la nouvelle grille des salaires est rentrée en vigueur le mois dernier. Malgré ces " bons " résultats escomptés, qui traduisent les efforts de l'Etat quant à la préservation du pouvoir d'achat des citoyens et à l'amélioration de leur cadre de vie, ces derniers demeurent furieux. Ils expliquent, les fonctionnaires en particulier, que leurs salaires sont insuffisants pour nourrir leurs familles et que l'augmentation très forte des prix des produits alimentaires a anéanti totalement les effets des hausses de salaires en 2008. Des voix se sont récemment élevés un peu partout dans le pays, contre cette situation chaotique qui risque de se traduire par une révolte sociale. D'autres sont quasiment déçus par cette nouvelle grille qui est censée encourager le fonctionnaire et créer une classe moyenne afin d'assurer la stabilité sociale. A l'image des syndicats autonomes, à leur tête le Snapest, le Cla, le Snpsp, le Snte, le Csafp,…. ces derniers, déçus ont tout d'abord rejetés, catégoriquement, cette nouvelle grille des salaires et estiment qu'elle est en-deçà des attentes des travailleurs, pour appeler après à sa révision . Selon ces syndicats, le prix réel du point indiciaire est loin des 45 DA annoncés, et la différence des salaires est très importante. Le Snapest dénonce, de son côté, le laminage du pouvoir d'achat des enseignants du secondaire et leur relégation par la nouvelle grille aux " classes défavorisées ". En effet, les professeurs de l'enseignement secondaire et technique étaient classés à l'échelle 13 sur un total de 14 dans les années 80, puis ils ont été déclassés à la catégorie 15 sur 20, mais avec cette nouvelle grille, ils sont désormais classés à la catégorie 11 sur un total de 17. Ces derniers déplorent également, les écarts considérables entre le plus bas et le plus haut échelon de la catégorie 11 des enseignants du secondaire qui atteint les 13 000 dinars. Avec un salaire de base de 22 400 dinars, le premier échelon de la catégorie 11 est d'environ 23 000 dinars alors que l'échelon le plus élevé, soit le 11, est de 35 000 dinars. En tout cas, la révision de la grille des salaires n'a pas arrangé grand-chose. Celle-ci a été vite rattrapée par l'inflation, qui n'a pas épargné l'Algérie, aux conséquences douloureuses sur de larges pans de la société. Le niveau de vie des Algériens ne cesse de se dégrader, la crise sociale est à son comble et le pouvoir d'achat des ménages est au plus bas niveau. Cependant, aucune mesure opérante ne semble se dessiner face au phénomène d'inflation qui mine notre économie. Pour l'année 2007, le rythme d'inflation en Algérie se fixe à un taux de 3,5% contre 2,5% en 2006, selon l'ONS. Les prévisions pour l'année en cours tablent sur un taux cible de 3%. Les estimations du FMI sont moins favorables : elles avancent un taux d'inflation de 4,5% pour 2007 et de 4,3% pour 2008.