La guerre est ouverte entre les membres du gouvernement et le patron du RND. Il y a un contentieux à régler entre les deux parties. Entre le patron du RND et le gouvernement, il y a comme un contentieux à régler. Deux membres influents du FLN, l'un est ministre de l'Agriculture et du Développement rural et l'autre ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, se sont cru obligés hier, de répondre aux propos tenus par Ahmed Ouyahia à la Télévision nationale. D'abord, le ministre de l'Agriculture, saisissant l'occasion de la réunion d'évaluation de son secteur, a défendu la politique du gouvernement concernant les décisions de subvention de certains produits alimentaires. «La subvention de l'Etat n'est ni du populisme ni du social gratuit. Nous devons tout simplement soutenir les ménagères», a rétorqué hier M.Saïd Barkat, lors d'une conférence de presse animée au siège de son département. M.Barkat répondait, en fait, à une question sur les subventions de l'Etat concernant le lait et le blé dur. Le représentant du gouvernement ne mâchera pas ses mots en poursuivant: «Le recours à la subvention n'est pas un retour aux années 70 et ce n'est pas une fuite en avant. Ce n'est pas aussi une solution durable. L'Etat ne laissera jamais ses enfants souffrir de telles situations». Le secrétaire général du RND a longuement critiqué, samedi, les actions économiques entreprises par le gouvernement actuel, estimant que le recours aux subventions n'est pas la solution indiquée pour se dégager des crises à répétition que connaît le pays, notamment en ce qui concerne les produits de large consommation. Au sujet de l'augmentation des salaires, il faut dire que le patron du RND s'est régalé dans sa réponse. «Posez la question aux citoyens et vous verrez leurs réponses». Pour M.Ouyahia, cette augmentation a généré une hausse du taux d'inflation qui a atteint 3,7% et a fini par la décision portant sur la subvention du prix de la semoule annoncée, mardi dernier, à l'issue de la réunion du conseil de gouvernement. Pour Ahmed Ouyahia, ces actions ne sont pas réfléchies. Elles ne constituent pas des solutions définitives. Estimant que la flambée des cours mondiaux des matières premières influe sur les prix des produits de base en Algérie, il a souligné que cette hausse ne durera pas une année ou deux, mais s'étendra sur plusieurs années. Le patron du RND a estimé, d'ailleurs, que la dernière décision prise par le gouvernement pour la subvention du prix de la semoule «n'est pas judicieuse», proposant des solutions urgentes pour faire face à la «crise économique» et à la flambée des cours mondiaux. Se considérant comme concerné, lui aussi, le ministre du Travail de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a répliqué à son ancien chef de gouvernement: «Vous avez tout faux, M.Ouyahia», semble dire Tayeb Louh au patron du RND qui a regretté l'impasse que connaît le pacte économique et social. «Le pacte économique et social a été publié sur le site et même une copie de ce document a été remise au BIT», a-t-il rappelé à l'endroit du patron du RND. Tayeb Louh a même précisé, en marge des travaux du Conseil de la Nation, qu'un grand travail d'évaluation est en train de se faire dans ce sens par toute une équipe qui compose la commission d'évaluation. Aussi, selon le ministre du Travail, le contenu de ce document est publié sur Internet et n'importe qui peut le consulter. Mais Ahmed Ouyahia n'est pas de cet avis. Il a soutenu que le «pacte économique et social a été perdu en cours de route. Aujourd'hui, il n'y a aucun débat entre l'Etat, le partenaire social et le patronat. C'est un document lyrique qui n'a suscité aucun débat de fond. Et voilà le résultat». Offensifs et sans concession, les deux ministres ont donc répondu à leur ex-chef de gouvernement. Quand bien même la scène politique a besoin de débats, une telle politique, si nécessaire soit-elle, peut s'avérer dangereuse pour le pays. Car il s'agit de deux partis qui agissent au sein d'une même Alliance et c'est d'un même programme dont ils parlent. On est loin des débats de fond sur les orientations idéologiques ou le choix des politiques économiques. Et puis, il faut se rendre à l'évidence, n'est-ce pas ces deux partis qui ont pris l'engagement -devant le peuple- d'appliquer sur le terrain le programme du président de la République? Apparemment, ils s'appliquent à tout sauf à leurs engagements.