Les représentants du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques se disent, à chaque fois, préoccupés par la question d'augmenter le ratio de poisson consommé par l'Algérien. Voila une bonne nouvelle. Selon, les mêmes responsables , le ratio de viande de poisson consommé a augmenté substantiellement, de 5,2 kilogrammes par an et par tête d'habitant en 2003 à 6,2 kg en 2005. Mais une chose est sûre, ces chiffres sont difficiles à vérifier sur le terrain. A en croire ces statistiques, il y a tout lieu d'être satisfait, quoique, la consommation de poisson, dans un grand nombre de pays, se situe entre 20 et 80 kilogrammes/an. Entre 6 kilos et 80 kg, la marge laisse à désirer. On prend, comme base de référence, la quantité de produits pêchée sur une année, on la divise par le nombre d'habitants, estimé, globalement, à une trentaine de millions et on obtient, en principe, seulement, la quantité de poisson que chaque Algérien est censé consommer annuellement.Ces estimations, même approximatives sont, malheureusement, démenties par divers facteurs. D'une part, des enquêtes menées, à diverses reprises, ont démontré qu'une bonne partie de la population, notamment celle située à l'intérieur du pays, n'a pas accès aux produits de la mer. D'autre part, il n'est un secret pour personne que le poisson, pour des raisons de coût, a fini par devenir, au fil des ans, un produit de luxe que seuls les plus fortunés ont le privilège de l'avoir dans leurs assiettes. Pour les ménages du nord du pays, il est possible, compte tenu de leur disponibilité, tout au long de l'année, de pouvoir s'offrir, de temps à autre, certaines espèces comme la sardine, dont le prix, depuis quelques semaines, est devenu, plus au moins plus abordable sur les marchés, (entre 50 et 120 DA le kilogramme), de la bogue, du mulet et, durant certaines périodes propices de l'année, du maquereau. A côté de ces dernières, il y a ce que l'on a pris communément l'habitude d'appeler les espèces " nobles ", dont les prix sont perpétuellement maintenus à la hausse et de ce fait, inabordables pour le plus grand nombre. Parmi celles-ci figurent, à titre indicatif, le mérou, l'espadon, la sole, le merlan, le rouget, , le thon, la raie, la daurade que l'on peut contempler seulement sur les étals. On se pose ainsi la question de savoir où vont toutes les quantités de poissons pêchées? La réponse est toute simple. Elles sont exportées principalement vers l'Europe. La France, l'Espagne et l'Italie sont les pays les plus demandeurs. De nombreux opérateurs, légalement installés ont réussi à mettre en place leur business, en écumant régulièrement toutes les halles aux poissons du pays pour rafler les espèces appréciées outre-mer. Même le poulpe, dont ils ont fini par découvrir la bonne valeur marchande au delà des frontières a commencé à être exporté, en quantités, vers les marchés européens. Par ailleurs, des patrons pêcheurs, avides de devises, continuent de céder une bonne partie voire la totalité de leurs prises, en mer, à des mareyeurs étrangers. C'est le cas, pour certains crustacés très demandés tels que la langoustine, dont on n'a plus vu trace depuis des années. Quant à la crevette, son prix dépasse tout entendement. 1600 à 1800 DA le kilogramme sur certains étals privés. Il faut préciser, néanmoins que les pouvoirs publics ont commencé, depuis quelque temps déjà, à encourager le développement de l'aquaculture et de la pisciculture, dans le souci, disent-ils d'augmenter le ratio des quantités de poisson consommés par les Algériens. Si certaines espèces piscicoles développées dans les barrages, à l'image de la carpe sont, peut-être, susceptibles de profiter directement aux consommateurs algériens, jusqu'à ce qu'on leur découvre des débouchés à l'étranger, on ne saurait en dire autant pour les produits issus de l'aquaculture destinés également, dans leur immense majorité, à traverser la mer. Autant dire qu'on n'est pas encore sortis de l'auberge.