Le Sommet extraordinaire UE-Turquie, qui a débuté hier à Bruxelles, pourrait entraîner une "catastrophe pour toute l'Europe", selon la députée au Bundestag et membre du comité des Affaires étrangères Sevim Dagdelen. "Le 7 mars p o u r r a i t entrer dans l ' H i s t o i r e comme un jour catastrophique pour l'Union europ éenne", a-t-elle déclaré dans un entretien au Deutschlandfunk. La députée est persuadée que le sommet signera l'arrêt de mort de toutes les valeurs européennes et que le président turc Recep Tayip Erdogan saisira cette opportunité. "Tous les idéaux européens, la Constitution, les droits de l'Homme, l'Humanité, tout cela sera enterré et servi sur un plateau à M. Erdogan", estime la députée au Bundestag. Mme Dagdelen pense que le président turc n'est pas le partenaire le plus fiable pour l'Europe parce qu'il s'inté- resse plus à la lutte contre les Kurdes qu'au sort des réfugi és. Plus la politique répressive du président turc est forte, plus l'Europe se soumet à lui. Claudia Roth, une autre femme politique allemande et membre du parti écologiste de l'Alliance 90/Les Verts, avait auparavant déclaré que l'UE était en position de grave dépendance vis-à-vis du dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan. "Comme l'Europe cherche par tous les moyens à retenir l'afflux de migrants depuis la Turquie, elle ne peut plus exiger qu'Ankara garantisse la primaut é du droit. L'UE est victime d'un chantage", a-t-elle indiqué dans une interview accordée au quotidien allemand Die Welt. Le sommet UE-Turquie débute lundi à Bruxelles. Les parties chercheront à trouver une solution à la crise migratoire. Ankara envisage d'obtenir une aide financière de trois milliards d'euros de Bruxelles, ce qui lui permettra de venir en aide aux migrants qui se trouvent sur le territoire turc. En novembre, Ankara a conclu un accord avec l'UE, promettant de réduire le flot de réfugi és en échange d'une aide de 3 milliards d'euros pour gérer la crise des migrants. Mais malgré l'hiver, des bateaux de fortune arrivent tous les jours sur les îles grecques. Sachant que les autorités allemandes ne sont pas certaines qu'Ankara soit prêt à devenir membre de l'Union européenne. Le gouvernement allemand n'a pas la conviction que la Turquie doit devenir membre de l'Union européenne, a indiqu é le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. "Beaucoup de temps s'écoulera sans doute avant l'aboutissement de nos négociations avec la Turquie sur son adhésion à l'UE. Par ailleurs, le gouvernement allemand a de grands doutes quant à la nécessité de faire de la Turquie un membre à part entière de l'UE. Quoi qu'il en soit, cette question appartient à l'avenir et ne figure pas en attendant à l'ordre du jour", a déclaré M. Schäuble. En février, le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé d'"inonder l'Europe de réfugiés" si Ankara ne recevait pas de financements supplémentaires pour accueillir et héberger les migrants. Il a insisté sur ce fait à l'occasion d'une rencontre avec le président du Conseil européen Donald Tusk et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Quand M. Juncker avait répondu que l'UE ne pouvait proposer que trois milliards, Erdogan a affirmé que de toute façon la Turquie n'avait pas besoin de cet argent. "Nous pouvons à tout moment ouvrir nos portes vers la Grèce et la Bulgarie et mettre les réfugiés dans des cars Que ferez-vous alors de ces réfugiés s'il n'y a pas d'accord? Vous allez les tuer?", a-t-il lancé aux responsables européens. Le président turc interrompait souvent les deux responsables européens, ayant accusé Jean-Claude Juncker, en particulier, de lui manquer de respect. "Le Luxembourg, ça correspond à peine à une petite ville de Turquie", a-t-il déclaré à l'ancien premier ministre luxembourgeois. Les représentants de l'Union européenne n'ont pas confirmé l'authenticité du document. Les autorités turques n'ont pas fait non plus de commentaire à ce sujet. La procédure d'adhésion de la Turquie à l'Union europ éenne fait suite au dépôt d'une demande d'adhésion le 14 avril 1987. Les négociations ont démarré en octobre 2005. Cette demande d'adhé- sion est devenue un sujet de controverse majeur au sein de l'UE. Selon des sondages, la grande majorité des Européens et plus particuliè- rement des Français restent contre l'entrée de la Turquie dans l'Union. Candidate à l'adhésion à l'Union européenne, la Turquie doit, entre autres, respecter la liberté de la presse, ce qui n'est pas le cas, constatent les critiques qui ne cessent de signaler de nombreuses dérives autoritaires de M. Erdogan.