Si l'Occident avait tenu compte des déclarations de Moscou, il aurait été possible d'éviter la détérioration de la situation en Syrie, estime l'ancien envoyé spécial de l'Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie. L'ancien ministre algérien des Affaires étrangè- res et ancien envoyé spécial de l'Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie Lakhdar Brahimi n'y est pas allé par quatre chemins pour expliquer le fond et le tréfonds de la crise syrienne. En répondant à la question de savoir si "le monde musulman avait en effet laissé tomber la Syrie, l'avait trahi", M. Brahimi a tout de suite mis les cartes sur la table. "Oui, j'en ai parlé publiquement. Il est cependant à préciser qu'il s'agit non seulement du monde musulman mais également du monde entier. Je veux dire: qu'ont fait les Américains? Les Français? Les Anglais? Personne n'a aidé les Syriens. Les gens répétaient les mêmes slogans. D'un côté, +Bachar doit partir+, et de l'autre, +Ce sont tous des terroristes+. Donc, ils sont tous coupables", a-t-il asséné dans une interview à la chaîne Al Jazeera. En outre, Lakhdar Brahimi a commenté le message des médias selon lequel la Russie aurait eu l'intention de passer un marché en 2012 afin que le président syrien Bachar el- Assad quitte son poste. "Je crois qu'il faut préciser que les Russes ont eu une vision beaucoup plus réaliste que les autres. Peut-être que tout le monde ferait mieux de Nous avons parlé avec eux et les avons écoutés. Mais je crois que tout le monde ferait mieux d'écouter davantage les Russes. Ils étaient au courant de la situation en réalité", a-til déploré. "Est-il possible que nous ayons perdu l'occasion de mettre un terme à la guerre en 2012?", a demandé le journaliste. "Une telle occasion existait. Si tout le monde avait eu une meilleure compréhension de ce qui se passait en Syrie, on aurait pu régler le conflit en 2012", a conclu l'ancien envoyé spécial de l'Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie. De son côté, pour la conseill ère du président syrien, Boussaïna Chaaban, la Russie aide la Syrie à lutter contre le terrorisme et à rétablir la paix et la sécurité dans le pays. La Russie rend service à l'Europe en combattant les terroristes en Syrie, a déclaré Boussaïna Chaaban, la conseillère politique et médiatique du président Bachar el-Assad. "Les énormes efforts que la Russie déploie en luttant contre le terrorisme au nom de la paix, aussi bien en Syrie qu'en Europe et dans le monde entier, laisseront une trace dans l'histoire. Le terrorisme nous menace tous et spécialement l'Europe. Je crois qu'en combattant les terroristes en Syrie, la Russie rend service à l'Europe", a-t-elle indiqué dans un entretien à la BBC. En Syrie, la Russie soutient le gouvernement, lutte contre le terrorisme et aide à rétablir la paix et la sécurité, selon Mme Chaaban. "C'est seulement depuis l'arriv ée de la Russie que les camions-citernes chargés du pétrole des terroristes sont pris pour cible et détruits, alors que ladite coalition internationale dirigée par les Etats-Unis n'a jamais attaqué ces camions transportant du brut syrien en Turquie, puis en Europe", a ajouté la conseillère. Par ailleurs, l'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie Staffan de Mistura a démenti l'existence d'un plan B de règlement du conflit syrien évoqué précédemment par les médias. Dans une interview accordée à Al Jazeera, l'émissaire du secrétaire général de l'Onu a nié l'existence d'un plan B de règlement du conflit syrien à part les négociations de paix intersyriennes à Genève. "Le plan B, autant que nous pouvons le voir, est la continuation d'un conflit horrible. Savez-vous qui en seront les victimes? C'est le peuple syrien. Je ne pense pas qu'il y ait un plan B réel, hormis un travail intense visant à faire aboutir une solution politique sur la base du communiqué de Genève", a dit M. de Mistura. Le Wall Street Journal avait déclaré précédemment que les Etats-Unis préparaient un plan B en cas d'échec du cessez-lefeu. Selon le quotidien, la Maison blanche envisageait, en guise de scénarios possibles, l'octroi aux opposants syriens de données de reconnaissance afin qu'ils puissent mieux se protéger contre les frappes aériennes russes ou de nouvelles sanctions économiques contre la Russie. Information démentie par le ministère russe des Affaires étrangères. Le ministre, Sergueï Lavrov, était formel: "On a tout dit sur ce plan B: il n'y en a pas et il n'y en aura pas. Personne (ni la Russie, ni les Etats-Unis) ne l'envisage". Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré qu'il était encore tôt pour parler d'un tel plan. "L'objectif prioritaire est le cessez-le-feu eu égard aux groupes soutenant cette initiative", a-t-il expliqu é. La Syrie est le théâtre d'un conflit armé depuis mars 2011. Selon l'Onu, les hostilit és ont déjà fait plus de 220 000 morts. Les troupes gouvernementales combattent les groupes terroristes dont les plus dangereux sont l'Etat islamique et le Front al-Nosra. A la demande du président Bachar el-Assad, la Russie a dépêché le 30 septembre dernier en Syrie son aviation à la base syrienne de Hmeimim pour effectuer des frappes de précision contre les positions des djihadistes de l'EI et du Front al-Nosra. Fin février, la Russie et les Etats-Unis ont convenu d'un cessez-le-feu en Syrie à partir du 27 février à minuit. Toutes les parties belligérantes devaient confirmer à la Russie ou aux Etats-Unis, au plus tard le 26 février à midi, qu'elles respecteraient le cessez-le-feu pour ne pas être prises pour cible par les militaires russes et syriens ou par les forces de la coalition internationale. Les frappes contre Daech, le Front al-Nosra et d'autres groupes reconnus comme terroristes par le Conseil de sécurité de l'Onu se poursuivront néanmoins.