Les chefs des diplomaties russe, Sergueï Lavrov, et américain, John Kerry, arisans du cessez-le-feu «L'armée de l'air russe a totalement arrêté ses bombardements dans la zone verte, c'est-à-dire dans les zones où se trouvent les groupes armés qui nous avaient soumis une demande de cessez-le-feu», a déclaré le représentant de l'état-major russe. L'armée russe a annoncé hier la suspension, pour la journée, de toutes les sorties aériennes au-dessus de la Syrie afin de soutenir l'accord de cessez-le-feu entré en vigueur après minuit vendredi et d'éviter toute «erreur de bombardement». «Le (samedi) 27 février, aucune sortie de l'aviation russe en Syrie, y compris d'avions à long rayon d'action, n'aura lieu en conformité avec la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU (adoptée) en soutien de l'accord de cessez-le-feu russo-américain entré en vigueur et afin d'éviter toute erreur de bombardement», a déclaré à la presse Sergueï Roudskoï, haut représentant de l'état-major des forces armées russes. Entré en vigueur hier (vendredi 22H00 GMT), l'accord a fait taire les armes sur une partie du territoire syrien pour la première fois depuis mars 2011, le président Bachar al-Assad, une centaine de factions rebelles et les forces kurdes s'étant engagés à le respecter. M.Roudskoï a également confirmé que l'armée de l'air russe avait arrêté tous ses bombardements en Syrie après l'entrée en vigueur de l'accord de cessez-le-feu. «L'armée de l'air russe a totalement arrêté ses bombardements dans la zone verte, c'est-à-dire dans les zones où se trouvent les groupes armés qui nous avaient soumis une demande de cessez-le-feu», a-t-il déclaré. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH, basé en Grande Bretagne), une organisation non gouvernementale, avait auparavant indiqué que l'aviation russe n'avait effectué aucune sortie depuis minuit au nord de Lattaquié, situé à l'ouest de la Syrie, et que le calme régnait dans les provinces centrales de Homs et de Hama. Les organisations jihadistes telles que le groupe Etat islamique (EI) et le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al Qaîda, sont exclues de l'accord. Le régime syrien et la Russie, ainsi que la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, pourront ainsi continuer dans les prochains jours à frapper l'EI et Al-Nosra, qui contrôlent plus de la moitié du territoire syrien. Le président russe Vladimir Poutine avait d'ailleurs souligné vendredi que la Russie continuerait, après l'entrée en vigueur de la trêve, sa «lutte implacable» contre l'EI, le Front al-Nosra et les «autres organisations terroristes», sans préciser lesquelles. Mais la Russie ne devrait donc effectuer aucune frappe au moins pour la journée d'hier. «Nous honorons une obligation de respecter le cessez-le-feu pleinement», a dit M.Roudskoï. «Mais cela ne veut pas dire que (l'EI et Al-Nosra) peuvent pousser un soupir de soulagement». «Nous gardons entièrement le contrôle de la situation à travers la Syrie», a-t-il ajouté, précisant que l'armée russe utilisait 70 drones pour s'assurer du respect de la trêve. Le responsable a précisé que 17 groupes armés qui se battent pour le régime Assad ou indépendamment ont contacté le centre de coordination pour le cessez-le-feu, situé sur la base de Hmeimim, au sud de la ville de Lattaquié. A Moscou, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov a rencontré Bouthaïna Chaabane, conseillère du président syrien Bachar al-Assad, qui lui a confirmé «la volonté des autorités syriennes pour assurer un accès humanitaire à toutes les régions de Syrie», selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères. La trêve est la première de cette ampleur dans un conflit qui a fait plus de 270.000 morts depuis 2011, déplacé plus de la moitié de la population et qui voit s'affronter une multitude d'acteurs, syriens et internationaux. Il est entré en vigueur vendredi à minuit Cessez-le-feu globalement respecté Le cessez-le-feu est globalement respecté dans les principales villes de Syrie hier, au premier jour de l'entrée en vigueur d'une trêve d'une ampleur sans précédent depuis le début de la guerre dans ce pays en 2011, ont affirmé des sources concordantes. «Un calme précaire régnait dans les provinces centrales de Homs et Hama, dans celle de Damas et dans la région d'Alep (nord) et aucun raid aérien n'était signalé contre les régions rebelles», a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, basé en Grande Bretagne). C'est «un jour et une nuit exceptionnels pour les Syriens», a affirmé le médiateur l'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura qui a néanmoins affirmé que la journée de samedi sera «critique». L'accord de cessation des hostilités appliqué à partir de 00H00 locale (vendredi 22h00 GMT) a reçu le soutien du Conseil de sécurité de l'ONU qui a adopté vendredi à l'unanimité une résolution «l'approuvant pleinement». Pour soutenir l'accord et empêcher toute erreur de bombardement, l'armée de l'air russe a annoncé la suspension, pour la journée, de toutes les sorties de son aviation au-dessus de la Syrie où elle bombardait depuis fin septembre zones terroristes. Il faut rappeler que cet accord ne concerne que les zones de combat entre les forces du gouvernement syrien appuyées par l'aviation russe et les rebelles syriens, alors que le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/Daesh) et Front al-Nosra (branche syrienne d'Al Qaîda) qui contrôlent plus de 50% du territoire, en sont exclus. Les spécialistes demeurent sceptiques en dépit de l'espoir que suscite l'accord: la complexité de sa mise en application est un obstacle notamment en raison de l'alliance des rebelles avec le Front Al-Nosra dans plusieurs régions, rend sceptiques les analystes.