Au deuxième jour d'une visite historique, Barack Obama a salué lundi un "jour nouveau" dans les relations entre les Etats-Unis et Cuba. Le président américain et son homologue cubain Raul Castro ont toutefois étalé leurs désaccords sur les droits de l'homme. "Nous avons eu une bonne discussion sur les questions de démocratie et de droits de l'homme", a assuré Barack Obama à l'issue d'un entretien avec M. Castro au palais de la Révolution de La Havane, puissant symbole de la lutte contre "l'impérialisme américain". "J'espère que ma visite ici montre à quel point nous sommes prêts à entamer un nouveau chapitre dans les relations cubano-américaines", a-t-il insisté. "Nous continuons d'avoir de sérieuses divergences, notamment sur la démocratie et les droits de l'homme", a-t-il dit.
Réponse agacée Le président cubain, qui répondait en direct aux questions des journalistes, ce qui est rare, a montré de l'agacement après une question portant sur les prisonniers politiques. "Y a-t-il des prisonniers politiques ? Donnez-moi la liste immédiatement pour que je les libère (...) Donnez-moi le nom ou les noms (...) S'il y en a, ils seront libérés avant la nuit", s'est énervé le président cubain devant un Barack Obama visiblement surpris.
Guantanamo et embargo Lors de sa conférence de presse, Raul Castro a estimé que l'embargo et la présence américaine sur la base de Guantanamo constituaient les principaux obstacles à des relations bilatérales plus apaisées. Il a par ailleurs salué les efforts déployés par son homologue américain pour tenter de faire lever l'embargo qui pénalise son pays depuis 1962. "Les dernières mesures d'assouplissement de l'embargo sont positives, mais insuffisantes", a-t-il affirmé. Le président américain, qui était accompagné d'une forte délégation de parlementaires, a une nouvelle fois invité le Congrès à lever l'embargo qui pèse sur Cuba. "La liste des mesures que nous pouvons prendre administrativement est de plus en plus courte et les changements vont maintenant dépendre du Congrès", a-t-il souligné. Cette rencontre était la quatrième en tête à tête entre les deux hommes depuis 2013. Un dîner d'Etat devait être donné dans la soirée au palais de la Révolution en l'honneur de la venue du président américain.
Rapprochement "irréversible" La visite de Barack Obama, vise à rendre "irréversible" le rapprochement entre les Etats-Unis et Cuba amorcé en décembre 2014, a souligné la Maison blanche. Les relations diplomatiques ont été rétablies en juillet dernier entre les deux pays, qui continuent néanmoins d'entretenir de profonds désaccords. Arrivé la veille au soir en compagnie de son épouse Michelle et de leurs deux filles Sasha et Malia, Barack Obama a entamé la journée de lundi sur la place de la Révolution, symbole du pouvoir cubain où Fidel Castro s'est adressé pendant des décennies à la foule pour dénoncer l'impérialisme américain.
Hommage à José Marti Le président américain a déposé une gerbe de fleurs devant le mémorial consacré au héros de l'indépendance cubaine au XIXe siècle José Marti, un bâtiment dominé par un portrait gigantesque d'Ernesto "Che" Guevara. "C'est un grand honneur de rendre hommage à José Marti, qui a donné sa vie pour l'indépendance de sa patrie. Sa passion pour la liberté et l'autodétermination se perpétue aujourd'hui chez le peuple cubain", a écrit Barack Obama sur le livre d'or du mémorial. De la place de la Révolution, le président américain s'est ensuite rendu au palais de la Révolution. Hier, Barack Obama a prononcé un discours retransmis en direct par la télévision cubaine, et a assisté à un match de baseball - sport très populaire à Cuba - qui a opposé l'équipe Tampa Bay Rays, venue de Floride, à l'équipe nationale cubaine. Le président américain a également invité plusieurs dissidents mardi à l'occasion d'une réunion avec la société civile, qui se déroulera à l'abri des murs de l'ambassade ou de la résidence américaine.
Obama ne rencontrera pas Fidel Castro Le président Obama, ne rencontrera pas l'ancien président Fidel Castro, a affirmé la Maison-Blanche. Les rumeurs récurrentes sur une éventuelle rencontre avec le leader maximo, éloigné du pouvoir depuis une décennie en raison de problèmes de santé, ont repris vigueur après la diffusion d'un entretien accordé par M. Obama à la chaîne ABC dans lequel il n'exclut pas de le rencontrer un jour. "Si son état de santé le permettait, je pourrais le rencontrer, je serais heureux de le rencontrer, pour refermer ce chapitre de la guerre froide", explique-t-il. Interrogé peu après sur cette déclaration, Ben Rhodes, son proche conseiller, a assuré que M. Obama parlait "de manière générale". "Nous ne prévoyons pas de rencontre avec Fidel Castro lors de ce voyage", a-t-il assené. Il a précisé que ni Washington ni La Havane n'avaient évoqué une telle éventualité lors de la préparation de cette visite historique, la première d'un président américain en exercice sur l'île depuis 88 ans.