Pour prétendre investir les marchés étrangers et y placer leurs produits, il est vital pour les exportateurs algériens de disposer à demeure de représentations commerciales et de succursales bancaires, actuellement inexistantes. Reçu jeudi, à l'émission l'Invité de la rédaction de la Chaîne 3, le P-DG de la Compagnie Algérienne d'assurance et de garantie des exportations, M. Djillali Tariket considère que l'acte d'exporter est, en effet, tributaire d'une bonne connaissance de ces marchés, que seule la présence de pareils organismes peut aider à pénétrer. "Exporter c'est s'adresser à des marchés étrangers qui ont des exigences et des goûts parfois totalement différents du marché interne, il faut une organisation interne adaptée à l'exportation et une fine connaissance des marchés étrangers et c'est un travail de longue haleine", analyse-t-il. Il faudrait pour ce faire, propose cet assureur public, encourager l'ouverture des représentations des entreprises algériennes à l'étranger pour les rapprocher des acheteurs et leur permettre de faire la promotion de leurs produits et de les faire écouler selon les lois du pays destinataire. "Il suffit juste de faire quelques rues d'Alger pour voir le nombre des bureaux de liaison des sociétés étrangères qui veulent vendre leurs biens et services en Algérie, alors, qu'à l'étranger, vous ne trouverez presque pas d'enseignes de sociétés algériennes", a-t-il fait remarquer. L'autorisation des exportateurs algériens à effectuer des transferts de devises à l'étranger en vue de leur permettre d'ouvrir leurs propres comptoirs d'exportation, est en cours de discussion entre un groupe de réflexion installé auprès du Premier ministre et la Banque d'Algérie. Plus de 1 240 opérateurs, entre personnes physiques et morales, sont inscrits au Registre de commerce en tant qu'exportateurs. Les données sur le terrain montrent cependant que moins de 500 opérateurs exportent réellement en Algérie dont moins de 200 de façon régulière. En 2015, les exportations hors hydrocarbures ont représenté 5,46% des exportations globales de l'Algérie, avec 2 milliards de dollars contre 2,6 milliards de dollars en 2014. M. Tariket pointe, également, du doigt l'absence, en Algérie et sur les places étrangères, d'activités de promotion soutenues des productions nationales, de même que le désintérêt des exportateurs potentiels à visiter les expositions commerciales internationales, des espaces pouvant faciliter les contacts en vue de possibilités de partenariat. S'élevant contre les menaces de sanctions à l'encontre d'exportateurs tardant à rapatrier les capitaux tirées de leurs opérations commerciales, l'intervenant estime que celles-ci ne sont pas fondées d'autant, dit-il, que l'assurance contractée par eux auprès de la CAGEX est à même de pallier à ce type de déficience.
Seulement le tiers des exportateurs est assuré chez la CAGEX Seulement un tiers des quelque 500 exportateurs que compte le pays est assuré chez la Compagnie algérienne d'assurance et de garantie des exportations (CAGEX), a indiqué jeudi à Alger son P-DG Djilali Tariket. "Le tiers des exportateurs algériens est assuré auprès de la CAGEX, représentant des capitaux exportés de 12 à 15 milliards de DA", a-t-il déclaré à la Radio nationale. L'assurance-crédit à l'exportation est une assurance de prévention facultative qui protège l'exportateur contre les risques commerciaux, politiques, de non-transfert et des catastrophes qui peuvent être rencontrés dans le pays de l'acheteur. Elle permet notamment d'éviter à l'exportateur des impayés de sa marchandise et lui assure ainsi des remboursements le cas échéant. Selon M. Tariket, la CAGEX a déjà remboursé aux exportateurs des impayés pour 150 à 200 millions de DA. La prime d'assurance à payer par l'exportateur varie entre 0,35% et 0,45% de la valeur exportée, une prime" compétitive par rapport aux pays du sud", dira le responsable. "C'est vrai que ce n'est pas une assurance obligatoire, mais pourquoi un manager d'une entreprise ne souscrit pas à une garantie qui évite à sa compagnie des risques de non-paiement?", s'est-il interrogé. D'ailleurs, cette garantie qu'offre la CAGEX devrait pousser les pouvoirs publics à assouplir la législation régissant le rapatriement des devises en Algérie, selon lui. "Pourquoi sanctionner l'exportateur qui ne rapatrie pas son argent dans le délai légal, en le mettant en prison, lorsqu'il est assuré par la CAGEX? Dans ce cas, le rapatriement est assuré, et la CAGEX, qui est profondément impliquée dans l'acte d'exportation, prend sa responsabilité pour recouvrer la créance à l'étranger par tous les moyens de droit, et elle sait très bien le faire aujourd'hui", a-t-il argué. Il a rappelé que l'ordonnance 1996-22, relative à la répression de l'infraction à la réglementation des changes, donnait à la Banque d'Algérie et à la direction générale des Douanes le pouvoir de constater les infractions pour non rapatriement des capitaux en cas d'exportation. Quant aux délais plafond de rapatriement des recettes des exportations, qui seront éventuellement prolongés de six mois actuellement à une année, M. Tariket ne juge pas vraiment utile un tel allongement. "Le problème n'est pas le délai car, à la demande de l'exportateur, la CAGEX peut demander à la BA une prolongation de ce délai lorsqu'un marché important nécessite un rapatriement plus long", a-t-il précisé. "La question n'est pas de revoir les délais de rapatriement mais d'assouplir la législation", soutient-il.