L'Italie a annoncé vendredi avoir rappelé son ambassadeur en Egypte pour protester contre le manque de progrès dans l'enquête sur l'assassinat d'un étudiant italien torturé à mort au Caire. Après la rencontre des magistrats à Rome, l'Italie a décidé formellement de rappeler son ambassadeur pour consultations, a annoncé le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, sur Twitter. Nous voulons une seule chose : la vérité sur Giulio Regeni, a insisté également sur Twitter le ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, après le calvaire de cet étudiant de 28 ans, retrouvé mort le 3 février, le corps couvert des stigmates de tortures épouvantables. Deux journées de discussions jeudi et vendredi à Rome entre enquêteurs égyptiens et italiens n'ont pas permis de résoudre les tensions entre les deux pays. Dans un communiqué du parquet de Rome, le procureur en charge de l'enquête en Italie a expliqué que la délégation égyptienne avait remis les relevés téléphoniques de deux amis italiens de l'étudiant qui se trouvaient au Caire au moment de sa disparition, ainsi que des photos prises le jour de la découverte du corps. Le communiqué ne mentionne cependant pas les images de vidéo-surveillance du quartier où Regeni a disparu le 25 janvier, que les enquêteurs italiens réclament avec insistance depuis des semaines. Les enquêteurs égyptiens ont expliqué qu'ils continuaient leurs recherches sur l'implication possible d'un gang spécialisé dans l'enlèvement d'étrangers, dont la police a tué les quatre membres le 24 mars avant de retrouver chez l'un d'eux les effets personnels de l'étudiant italien. Le procureur italien a réaffirmé sa conviction qu'il n'y avait aucun élément liant directement le gang aux tortures et à la mort de Giulio Regeni, a expliqué le parquet dans un communiqué.
La justice égyptienne juge une demande italienne inconstitutionnelle Le parquet égyptien a jugé avant-hier inconstitutionnelle la demande de l'Italie d'avoir accès à des milliers de relevés téléphoniques dans le cadre de l'enquête sur la mort de l'étudiant Giulio Regeni, retrouvé supplicié au Caire. Le procureur adjoint Mostafa Suleiman a révélé lors d'une conférence de presse que l'Italie avait formulé cette demande lors d'une réunion la semaine dernière à Rome pour faire le point sur l'avancée de l'enquête. D'après M. Suleiman, les enquêteurs italiens ont demandé les relevés téléphoniques de tous les abonnés dans la zone où (Regeni) vivait, dans celle où il a disparu et dans celle où son corps a été retrouvé. Cela pourrait comprendre un million de relevés, selon le procureur adjoint. Cette demande viole la Constitution égyptienne et pourrait constituer une infraction, a ajouté M. Suleiman. La délégation égyptienne présente à Rome a refusé catégoriquement la demande des enquêteurs italiens, a-t-il précisé. L'Italie a annoncé vendredi avoir rappelé son ambassadeur en Egypte pour protester contre le manque de progrès dans l'enquête sur l'assassinat de l'étudiant italien. Le jeune doctorant à l'université britannique de Cambridge avait disparu alors qu'il se rendait dans une station de métro en plein centre du Caire, le 25 janvier, jour où la capitale, quasiment déserte en dehors d'impressionnants dispositifs policiers et militaires, commémorait le 5e anniversaire de la révolte ayant chassé Hosni Moubarak du pouvoir. Il avait été retrouvé mort dans un fossé 10 jours plus tard, le corps couvert des stigmates de tortures épouvantables. Malgré les vifs démentis du gouvernement égyptien, la presse italienne et les milieux diplomatiques occidentaux en Egypte soupçonnent des membres d'un des services de sécurité égyptiens d'avoir assassiné Giulio Regeni qui étudiait les mouvements syndicaux égyptiens. L'Italie réclame avec force que les coupables soient identifiés et punis, en rejetant les multiples versions -- accident de la route, crime crapuleux, règlement de comptes personnel... avancées par les enquêteurs égyptiens. L'affaire a porté un coup sévère aux relations entre le chef du gouvernement italien Matteo Renzi et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.