Battu 2-0 à Wolfsburg, le Real Madrid va tenter de renverser le club allemand et de rallier une sixième demi-finale de suite en C1. Problème : la Maison Blanche a perdu la recette de ces nuits folles qui ont fait sa gloire durant les années 80. Le Real Madrid est à un tournant. De son histoire récente, au moins. Car pour retrouver trace d'une absence de la Maison Blanche dans le dernier carré de la Ligue des champions, il faut remonter à l'année 2010. Depuis, le Real, vainqueur de la Decima en 2014, a toujours pris place au banquet du dernier carré. Mardi soir à Santiago-Bernabeu, le Real visera une sixième demifinale de suite en C1. Mais, pour la première fois depuis six ans, la Maison Blanche est en ballottage défavorable à miparcours. La faute à cette défaite concédée la semaine dernière à Wolfsburg (2-0). Une défaite qui ne prête à aucune discussion. Mais qui a un mérite : laisser la porte à une qualification (entr) ouverte. Perdre le match aller, 2-0 de surcroit, n'est jamais une bonne nouvelle. Mais cela n'a rien de rédhibitoire. La bataille n'est pas perdue après 90 minutes. Enfin, surtout pour les autres clubs. Parce que pour le Real, perdre la manche aller est devenu un problème au XXIe siècle. Et pour cause, depuis 2001/2002, la Maison Blanche se fait constamment sortir lorsqu'elle s'incline lors du match aller. Les derniers à avoir subi une "remontada" madril ène ? Le Bayern Munich. Champion d'Europe en titre, le club bavarois avait été battu 2-0 au retour après avoir gagné l'aller face à son futur successeur (2-1). Depuis, c'est le néant. Huit fois le Real a perdu l'aller. Huit fois le Real a été éliminé. De 2002/2003 à aujourd'hui, 26 équipes battues à l'aller se sont qualifiées en Ligue des champions. Et pas des moindres. Tous les vainqueurs de la Ligue des champions au XXIe siècle ont réussi ça au moins une fois. Sauf le FC Porto et donc le Real Madrid. DANS LES ANNEES 80, C'ETAIT UNE SPECIALITE DE LA MAISON BLANCHE S'il n'y a pas de remède miracle, peut-être Zinédine Zidane serait-il inspiré de prendre conseil auprès de son vicepr ésident, Emilio Butragueno. L'ancien vautour de la Casa Blanca a appartenu à l'équipe qui, dans l'histoire des coupes d'Europe, a réussi le plus grand nombre de retournements de situation. C'était le Real des années 80. Le sien, celui de la Quinta del Buitre. Sur une fenê- tre de quatre ans, de 1984 à 1988, le club castillan a réussi à se qualifier... neuf fois après avoir perdu au match aller. Du jamais vu. C'était devenu la marque de fabrique du Real, au point que l'Europe du football avait fini par se demander si les Merengue ne prenaient pas un malin plaisir à se mettre dans des situations impossibles. Neuf défaites concédées à chaque fois à l'extérieur, avant de rectifier le tir à Bernabeu, véritable enfer pour visiteurs. D'autant plus mémorable que la plupart de ces revers lors de la première manche étaient significatifs par leur ampleur : six d'entre eux étaient par, au moins, deux buts d'écart. Les deux plus fameuses "remontadas" ? D'abord la "noche magica" de novembre 1985, face à Anderlecht. Battu 3-0 à l'aller en Belgique, le Real est dans de sales draps. A l'époque, Anderlecht est un gros client européen. Mais au retour, c'est jeu, set, match et qualif' Real : 6-1, avec un triplé de Buragueno. Un an plus tard, le Real fait plus fort encore, signant un des plus grands exploits de toute l'histoire des Coupes d'Europe. Cette fois, c'est Moenchengladbach qui étrille le Real 5-1 à l'aller en 16e de finale. Uwe Rahn chambre gentiment. Attention, lui répond Juanito, "un match à Bernabeu, c'est long, très long". Phrase prémonitoire, désormais ancrée dans la légende madrilène. Car, quinze jours plus tard, le Real s'imposera 4-0 et conservera sa Coupe UEFA. Mardi soir, le Real aura bien besoin que souffle l'esprit des années 80, ce vent de l'impossible, qui faisait renverser des montagnes au Real.