La SAS Méthavos a présenté à la presse l'unité de méthanisation de Sarreguemines (Moselle) qui produira 2 millions de mètres cubes de gaz par an à partir de 20 000 tonnes de déchets verts. Connecté au réseau d'ERDF et doté d'un brevet exclusif, le site dénommé Méthavos 1 constitue le pilote d'une nouvelle génération de stations de méthanisation territoriales. Depuis février 2016, la station de méthanisation Méthavos 1 injecte dans le réseau gazier de Sarreguemines (Moselle) un flux continu de 125 m3/heure de biogaz. Le syndicat mixte de transport et de déchets ménagers de Moselle-Est (Sydème) alimente le site à raison de 20 000 tonnes de déchets verts (résidus de tonte, fumier, lisier ou déchets de l'industrie agroalimentaire) dont 5 000 proviennent de la Sarre toute proche. La SAS Méthavos a implanté dans cette ancienne plate-forme de compostage située en plein champs un process de méthanisation simple constitué d'un convoyeur.
Favoriser une économie circulaire Le biogaz est le gaz issu de la fermentation spontanée des matières organiques animales ou végétales dans un milieu privé d'oxygène : un processus appelé méthanisation. La production de biogaz à grande échelle présente l'intérêt majeur de s'inscrire dans une économie circulaire. D'abord parce qu'elle permet de recycler toutes sortes de déchets organiques : résidus agricoles (lisier, sous-produits des fermes), déchets ménagers et certains déchets industriels comme des boues de stations d'épuration. Le biogaz peut aussi être directement capté dans les centres d'enfouissement des déchets. Il existe également des machines capables d'extraire la matière organique des emballages en écrasant tout, ce qui permet d'utiliser les poubelles provenant de supermarchés ou de restaurations collectives. Les huiles de friture notamment sont très prisées, car les lipides peuvent optimiser la méthanisation. Un des exemples les plus frappants est sans doute celui de la région d'Obernai, dans le Bas-Rhin, qui a associé aux boues d'épuration l'utilisation… de jus de choucroute ! Ce jus finissait auparavant… dans l'usine d'épuration, représentant 30 000 m3 d'eaux usées. Un bel exemple de valorisation ! D'autant plus que la loi française oblige depuis 2012 les " gros producteurs de biodéchets " à valoriser ceux-ci au lieu de les abandonner. En 2016, ce seuil sera abaissé de 120 à 10 tonnes par an. À l'issue du processus de méthanisation, on obtient également un résidu riche en azote, appelé le digestat, qui peut être employé comme engrais agricole. On note toutefois que la Suisse a interdit ce type d'épandage par crainte de disséminations non contrôlées de micropolluants et de déchets pharmaceutiques. Actuellement, en France, le procédé est surtout voué à l'autoalimentation : la méthanisation à la ferme où l'éleveur transforme le biogaz de ses lisiers ou fumiers en chaleur pour ses bâtiments. Le surplus de gaz est ensuite transformé en électricité injectée dans le réseau électrique. On parle de cogénération. En fait, la transformation en électricité fait perdre 65 % d'efficacité énergétique ! Ce gaz pourrait être réinjecté dans les canalisations de gaz naturel, mais la France est en retard dans ce domaine. Des négociations avec les industriels sont en cours pour fixer un prix de rachat de ce gaz, sur le même principe que le rachat des kilowattheures d'électricité pour certaines énergies renouvelables. Au Chili, cette connexion avec le réseau de gaz naturel fonctionne depuis cinq ans sans problème. Pour obtenir du biogaz, la recette est simple : vous prenez de la biomasse, quelle que soit son origine, et vous la laissez se dégrader. Ce sont les matières organiques qui libèrent le biogaz (CH4 (méthane) + CO2) lors de leur décomposition, selon un processus de fermentation (méthanisation). Cette dégradation de la matière organique est assurée par différentes souches de bactéries. Durant ce processus est aussi produit de l'hydrogène, dont l'efficacité énergétique est trois fois supérieure à celle du méthane et qui ne dégage que de la chaleur et de l'eau. Le mélange idéal, appelé hythane, est composé de 80 % de méthane et de 20 % d'hydrogène, et il peut être réinjecté dans le réseau de distribution de gaz. L'ensemble diminue ainsi d'un cinquième l'émission de CO2. En Suède, par exemple, la collecte des ordures permet déjà une méthanisation avec une production d'hydrogène.