L'hydrogène, l'énergie du futur ? Un rapport parlementaire publié cette semaine propose de doper son développement en France, notamment pour alimenter des voitures électriques à plus grande portée et l'injecter dans le réseau gazier, à condition qu'il soit réellement vert. Ce rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) suggère des mesures à même de permettre à la France de rattraper son retard sur les deux pays en pointe en la matière, l'Allemagne et le Japon. Les auteurs, le sénateur socialiste du Tarn Jean-Marc Pastor et le député socialiste de Moselle Laurent Kalinowski, proposent notamment de défiscaliser intégralement la production d'hydrogène (sauf à partir d'hydrocarbures) en détaxant notamment l'électricité utilisée pour le produire. Appelant à un positionnement clair du gouvernement en faveur de cette énergie, ils suggèrent également d'élargir le système du bonus écologique aux véhicules utilitaires à pile à combustible consommant de l'hydrogène et de simplifier la réglementation en vigueur. L'hydrogène n'est pas qu'un moyen de stocker de l'électricité pour le restituer un peu plus tard, son principal intérêt est d'être utilisé directement comme combustible pour véhicule ou d'être injecté dans le réseau gazier, a plaidé M. Pastor. Lors d'un déplacement lundi dans le Tarn, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a affiché son soutien et promis une feuille de route pour structurer la filière hydrogène. Dans un communiqué publié mardi, il écrit que structurer complètement cette filière permettra d'offrir une solution complète sur le marché international, adaptée aux usages de marché complexes (aéronautique, maritime, logistique...). Le ministre estime que les marchés de l'hydrogène devraient générer en France un chiffre d'affaires de plusieurs milliards d'euros par an d'ici 10 à 15 ans, permettant la création de plus de 10 000 emplois. L'hydrogène a l'immense avantage de ne pas émettre de gaz à effet de serre lorsqu'il est consommé pour dégager de l'énergie. Seule de l'eau (H2O) est produite lorsqu'il se combine avec l'oxygène. Il peut notamment être utilisé dans des véhicules électriques équipés de piles à combustible, qui l'utilisent pour produire de l'électricité, ce qui permet aussi d'augmenter la portée souvent faible d'une voiture électrique.
Hydrogène vert contre hydrogène fossile Un kilo de dihydrogène (H2) mis ainsi dans un réservoir sous pression (pour environ 6 à 8 euros du kilo actuellement) permet de rouler une centaine de kilomètres, ont rappelé MM. Pastor et Kalinowski. Mais un des obstacles principaux à son essor est qu'il ne se trouve pas ou peu dans la nature sous sa forme utile du dihydrogène et qu'il est actuellement quasi intégralement produit à partir d'hydrocarbures fossiles (gaz, pétrole, charbon, etc.) polluants. Une situation qui le rend au final peu vertueux, sauf pour dépolluer les villes. Toutefois, il peut également être produit via des catalyseurs d'eau consommant de l'électricité renouvelable (éolien, photovoltaïque...) ou en extrayant l'hydrogène du biogaz, qui peut lui aussi être obtenu à partir de ressources renouvelables (fumiers, déchets, etc). Mais ces solutions propres pour produire de l'hydrogène ne sont pas encore compétitives. Une des pistes, avancée par les deux parlementaires, est d'utiliser l'électricité des énergies intermittentes (photovoltaïque, éolien, etc.) pour produire de l'hydrogène lorsque la demande en courant (et donc son prix) est faible. Cette solution permettrait en outre de stocker de l'énergie, un des grands points faibles de l'électricité. Ce système, dit de Power to gas, nécessiterait probablement de revoir le système en vigueur du tarif d'achat de l'électricité renouvelable puisqu'actuellement en France, toute l'électricité verte est injectée en priorité sur le réseau. Derniers obstacles à l'émergence de l'hydrogène: la construction nécessaire d'un nouveau réseau de stations de distribution, et d'infrastructures de transport, forcément coûteuses du fait des contraintes physiques et de sécurité, le dihydrogène étant hautement inflammable. Une solution, suggérée par le rapport, serait alors d'injecter l'hydrogène dans le réseau gazier classique en proportions limitées (à raison de 5 à 20%) pour alimenter les chaudières et les gazinières des Français. Les constructeurs français Renault et PSA ont privilégié respectivement les voitures électriques à batterie et hybrides. Mais des géants français comme Air Liquide, GDF Suez, Areva ou Total œuvrent à l'émergence de l'hydrogène. Une start-up, McPhy Energy, a également mis au point une solution de stockage d'hydrogène sous forme solide. L'équipementier Zodiac Aerospace explore le potentiel des piles à combustible à l'hydrogène pour l'alimentation électrique à bord des avions.